Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Oiseaux étrangers qui ont rapport aux corneilles

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome V, Histoire naturelle des oiseauxp. 570-571).

OISEAUX ÉTRANGERS
QUI ONT RAPPORT AUX CORNEILLES

I.LA CORNEILLE DU SÉNÉGAL.

À juger de cet oiseau[NdÉ 1] par sa forme et par ses couleurs, qui est tout ce que nous en connaissons, on peut dire que l’espèce de la corneille mantelée est celle avec qui il a plus de rapports extérieurs, ou plutôt que ce serait une véritable corneille mantelée, si son scapulaire blanc n’était pas raccourci par devant et beaucoup plus par derrière. On aperçoit aussi quelques différences dans la longueur des ailes, la forme du bec et la couleur des pieds. C’est une espèce nouvelle et peu connue.

II.LA CORNEILLE DE LA JAMAÏQUE[1].

Cette corneille étrangère[NdÉ 2] paraît modelée à peu près sur les mêmes proportions que les nôtres[2], à l’exception de la queue et du bec, qu’elle a plus petits ; son plumage est noir comme celui de la corbine. On a trouvé dans son estomac des baies rouges, des graines, des scarabées, ce qui fait connaître sa nourriture la plus ordinaire, et qui est aussi celle de notre freux et de notre mantelée. Elle a le ventricule musculeux et revêtu intérieurement d’une tunique très forte. Cet oiseau abonde dans la partie septentrionale de l’île et ne quitte pas les montagnes, en quoi il se rapproche de notre corbeau.

M. Klein caractérise cette espèce par la grandeur des narines[3] ; cependant M. Sloane, qu’il cite, se contente de dire qu’elles sont passablement grandes.

D’après ce que l’on sait de cet oiseau, on peut bien juger qu’il approche fort de nos corneilles ; mais il serait difficile de le rapporter à l’une de ces espèces plutôt qu’à l’autre, vu qu’il réunit des qualités qui sont propres à chacune d’elles. Il diffère aussi de toutes par son cri qu’il fait entendre continuellement.


Notes de Buffon
  1. C’est la corneille de la Jamaïque de M. Brisson, t. II, p. 22. Les Anglais de la Jamaïque l’appellent aussi chatering ou gabbeling crow (corneille babillarde), et cacao walke, sans doute parce qu’elle se tient ordinairement sur les cacaotiers. Voyez Sloane, Natural History of Jamaïca, t. II, p. 298.
  2. Elle a un pied et demi de longueur prise de la pointe du bec au bout de la queue, et trois pieds de vol. M. Sloane s’est servi selon toute apparence du pied anglais, plus court que le nôtre d’environ un onzième.
  3. « Cornix nigra, garrula, Ray. Naribus amplis… præter nares Europæ similis. » Klein, Ordo avium, p. 59.
Notes de l’éditeur
  1. Corvus albus L. [Note de Wikisource : actuellement Corvus albus Statius Müller, vulgairement corbeau pie].
  2. Corvus jamaïcensis L. [Note de Wikisource : actuellement Corvus jamaicensis Gmelin, vulgairement corbeau de Jamaïque].