Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Oiseaux étrangers qui ont rapport au merle solitaire

OISEAUX ÉTRANGERS
QUI ONT RAPPORT AU MERLE SOLITAIRE

I.Le merle solitaire de Manille.

Cette espèce[NdÉ 1] paraît faire la nuance entre notre merle solitaire et notre merle de roche ; elle a les couleurs de celui-ci et distribuées en partie dans le même ordre, mais elle n’a pas les ailes si longues, quoiqu’elles s’étendent dans leur repos jusqu’aux deux tiers de la queue. Son plumage est d’un bleu d’ardoise, uniforme sur la tête, la face postérieure du cou et le dos ; presque entièrement bleu sur le croupion ; moucheté de jaune sur la gorge, la face antérieure du cou et le haut de la poitrine ; plus foncé sur les couvertures des ailes avec des mouchetures semblables, mais beaucoup plus clairsemées, et quelques taches blanches encore moins nombreuses ; le reste du dessous du corps est orangé, moucheté de bleu et blanc ; les grandes pennes des ailes et de la queue sont noirâtres, et les dernières bordées de roux ; enfin le bec est brun et les pieds presque noirs.

Ce solitaire approche de la grosseur de notre merle de roche, sa longueur totale est d’environ huit pouces, son vol de douze ou treize, sa queue de trois et son bec d’un seul pouce.

La femelle n’a point de bleu ni d’orangé dans son plumage, mais deux ou trois nuances de brun qui forment entre elles des mouchetures assez régulières sur la tête, le dos et tout le dessous du corps. Ces deux oiseaux faisaient partie de l’envoi de M. Sonnerat.

II.Le merle solitaire des Philippines[1].

On retrouve dans cet oiseau[NdÉ 2] la figure, le port et le bec des solitaires, et quelque chose du plumage de celui de Manille ; mais il est un peu plus petit ; chaque plume du dessous du corps est d’un roux plus ou moins clair bordé de brun ; celles du dessus du corps sont brunes et ont un double bord, le plus intérieur noirâtre et le plus extérieur blanc sale ; les petites couvertures des ailes ont une teinte de cendré, et celles du croupion et de la queue sont absolument cendrées ; la tête est d’un olive tirant au jaune, le tour des yeux blanchâtre, les pennes de la queue et des ailes brunes bordées de gris, le bec et les pieds bruns.

La longueur totale de ce solitaire est d’environ sept pouces et demi ; il a plus de douze pouces de vol, et ses ailes repliées vont jusqu’aux trois quarts de la queue, qui est composée de douze pennes et n’a que deux pouces deux tiers de long.

Cet oiseau, qui a été envoyé par M. Poivre, a tant de rapports avec le solitaire de Manille, que je serais peu surpris qu’il fût reconnu dans la suite pour n’être qu’une simple variété d’âge dans cette espèce, d’autant qu’il vient des mêmes contrées, qu’il est plus petit et que ses couleurs sont, pour ainsi dire, moyennes entre celles du mâle et celles de la femelle.


Notes de Buffon
  1. C’est la trente-deuxième grive de M. Brisson, t. II, p. 272.
Notes de l’éditeur
  1. Merula manillensis [Note de Wikisource : c’est une sous-espèce des deux oiseaux précédents].
  2. Merula eremita L. [Note de Wikisource : c’est une sous-espèce des deux oiseaux précédents].