Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Oiseaux étrangers qui ont rapport à la soulcie

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome VI, Histoire naturelle des oiseauxp. 121-122).

OISEAUX ÉTRANGERS
QUI ONT RAPPORT À LA SOULCIE

I.Le soulciet.

La première espèce étrangère qui nous paraît voisine de celle de la soulcie, au point de n’en être qu’une variété, s’il est possible que cet oiseau ait passé d’un continent à l’autre, c’est celui qui est représenté dans nos planches enluminées, no 223, fig. 2, sous la dénomination de moineau du Canada[1], et que nous avons appelé le soulciet[NdÉ 1] parce qu’il est un peu plus petit que la soulcie, comme tous les autres animaux du nouveau continent qui sont, dans la même espèce, moins grands que ceux de l’ancien.

II.Le paroare.

Un autre bel oiseau[NdÉ 2] des contrées méridionales de l’Amérique, qui nous paraît voisin de la soulcie, c’est celui que Marcgrave a indiqué sous le nom brésilien tije guacu paroara[2] ; et comme guacu n’est qu’un adjectif qui veut dire grand, et tije un nom générique, nous avons adopté celui de paroare comme dénomination spécifique, d’autant qu’il faut conserver le plus qu’il est possible, à chaque espèce d’animal, le nom de son pays, et c’est par cette raison que nous préférons ici le nom de paroare, que cet oiseau porte au Brésil, dans son pays natal, à celui de cardinal dominiquain, que M. Brisson a adopté, parce qu’il a la tête rouge, et le corps noir et blanc[3]. La femelle diffère du mâle en ce que le devant de sa tête n’est pas rouge, mais d’un jaune orangé semé de points rougeâtres.

Nous appellerons aussi paroare huppé un oiseau des mêmes continents, qui ne nous paraît être qu’une variété du paroare, et qui en diffère par une huppe ou aigrette qu’il porte sur la tête. Ce bel oiseau est représenté dans nos planches enluminées, no 103, sous la dénomination de cardinal dominiquain huppé de la Louisiane[NdÉ 3], parce qu’il nous a été envoyé de cette contrée de l’Amérique sous ce nom.

III.Le croissant.

La troisième espèce étrangère qu’on doit rapporter à celle de la soulcie est l’oiseau représenté dans nos planches enluminées, no 230, fig. 1, sous la dénomination de moineau du cap de Bonne-Espérance, qui lui a été donnée par M. Brisson[4], et que nous appelons ici le croissant[NdÉ 4], parce qu’étant d’une espèce et d’un climat différents des autres, il lui faut un nom particulier tiré de quelques-uns ce ses attributs ; or cet oiseau qui, par la distribution des couleurs, ne s’éloigne pas de notre soulcie, porte un croissant blanc qui s’étend depuis l’œil jusque dessous le cou : ce caractère unique nous a paru suffisant pour le dénommer et le faire reconnaître.


Notes de Buffon
  1. M. Brisson a indiqué le premier cet oiseau sous cette même dénomination de moineau de Canada, Ornithologie, t. III, p. 102.
  2. Tije guacu paroara Brasiliensibus. Marcgrave, Hist. nat. Brasil., p. 214.
  3. Le cardinal dominiquain. Brisson, Ornithol., t. III, p. 116, avec une figure, pl. 6, fig. 4. — On a suivi dans l’inscription de notre planche enluminée, no 55, fig. 2, cette même dénomination.
  4. Le moineau du cap de Bonne-Espérance. Brisson, Ornithol., t. III, p. 104, avec une figure, pl. 5, fig. 3.
Notes de l’éditeur
  1. Fringilla canadensis Gmel. [Note de Wikisource : actuellement Spizelloides arborea Wilson, vulgairement bruant hudsonien, de la famille des Passerélidés].
  2. Fringilla dominicana Illig. [Note de Wikisource : actuellement Paroaria dominicana Linnæus, vulgairement paroare dominicain, un Thraupidé (voyez la note à l’article du grand tangara)].
  3. Fringilla cucullata Illig. [Note de Wikisource : actuellement Paroaria coronata Miller, vulgairement paroare huppé, du même genre que le paroare dominicain].
  4. Fringilla arcuata Lath. [Note de Wikisource : actuellement Passer melanurus Statius Müller, vulgairement moineau mélanure ; c’est bien un Passéridé comme les moineaux domestique, friquet et soulcie].