Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le tangara du Canada

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome VI, Histoire naturelle des oiseauxp. 238-239).

LE TANGARA DU CANADA

Cinquième espèce.

Cet oiseau[NdÉ 1] diffère du scarlatte par la grandeur et par la couleur ; il est plus petit, et son plumage est d’un rouge de feu clair, au lieu que celui du scarlatte est d’un rouge vif foncé comme l’écarlate. Le bec du tangara de Canada est de couleur de plomb dans toute son étendue, et n’a point de caractères particuliers, tandis que le bec du scarlatte est en dessus d’un noir foncé, et que la pointe de la mandibule inférieure est noire, le reste de cette mandibule blanc, et qu’elle est élargie transversalement comme la base de la mandibule inférieure de l’oiseau appelé bec-d’argent. Les becs de ces oiseaux sont assez mal représentés dans les figures des planches enluminées.

Le scarlatte ne se trouve que dans les climats les plus chauds de l’Amérique méridionale, au Mexique, au Pérou, au Brésil. Le tangara du Canada se trouve dans plusieurs contrées de l’Amérique septentrionale, aux Illinois[1], à la Louisiane[2], à la Floride[3] ; ainsi l’on ne peut douter qu’ils ne fassent deux espèces distinctes et séparées.

Cet oiseau a été décrit exactement par M. Brisson[4]. Il a très bien remarqué que la couleur rouge de son plumage est beaucoup plus claire que celle du scarlatte ; les couvertures supérieures des ailes et les deux pennes les plus proches du corps sont noires ; toutes les autres pennes des ailes sont brunes et bordées intérieurement de blanc jusque vers leur extrémité ; la queue est composée de douze pennes noires, terminées par un petit bord d’un blanc très clair ; les latérales sont un peu plus longues que celles du milieu, ce qui rend la queue un peu fourchue.


Notes de l’auteur
  1. Ce n’est guère qu’à cent lieues au sud du Canada, qu’on commence à voir des cardinaux ; ils ont le chant doux, le plumage beau, une aigrette sur la tête. Charlevoix, Nouv. France, t. III, p. 156.
  2. Hist. de la Louisiane, par le Page Dupratz, p. 139, t. II.
  3. Le mercredi il entra dans le port (de la Havane) une barque de la Floride, chargée de peaux d’oiseaux cardinaux et de fruits… Les Espagnols achetaient les oiseaux cardinaux jusqu’à dix pièces de huit la pièce, et en prirent malgré la misère publique pour dix-huit mille pièces de huit. Gemelli Careri, Voyage autour du monde, t. VI, p. 322.
  4. « Tangara rubra ; remigibus fuscis, oris interioribus albis ; remigibus alarum, rectricibusque nigris ; apicis rectricum margine albâ… Cardinalis Canadensis. » Brisson, Ornithol. t. III, p. 48 ; et pl. 2, fig. 5.
Notes de l’éditeur
  1. Tanagra rubra L. [Note de Wikisource : actuellement Piranga olivacea Linnæus, vulgairement piranga (ou tangara) écarlate].