Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le tangara du Mississipi

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome VI, Histoire naturelle des oiseauxp. 239-240).

LE TANGARA DU MISSISSIPI

Sixième espèce.

Le tangara du Mississipi[NdÉ 1] est une espèce nouvelle qui n’a été décrite par aucun naturaliste. Cet oiseau a beaucoup de rapports avec le tangara du Canada ; seulement ce dernier oiseau a, comme le scarlatte, les ailes et la queue noires, tandis que le tangara du Mississipi les a de la même couleur que le reste du corps. Une différence plus essentielle est celle qui se trouve dans le bec ; celui du tangara du Mississipi est plus grand que le bec de tous les autres tangaras, et en même temps beaucoup plus gros. Il y a de plus un caractère particulier qui indique assez évidemment que ce tangara du Mississipi est d’une espèce différente de celle du scarlatte et de celle du tangara de Canada : c’est que les deux mandibules du bec sont convexes et renflées, ce qui ne se trouve dans aucune autre espèce de tangara, et ne se voit même que très rarement dans tous les oiseaux. Nous devons avertir que ce caractère n’a pas été saisi par nos dessinateurs, et que cet oiseau n’ayant pas été dessiné vivant, le bec n’a ni sa forme ni sa couleur dans la planche enluminée, car dans l’état de nature vivante le bec n’est pas noir, mais d’un brun très clair et très lavé, et la convexité des deux mandibules, qui n’est pas exprimée dans la planche, est néanmoins un caractère très remarquable.

Au reste, cet oiseau n’a pas un chant aussi agréable que celui du scarlatte, mais il siffle d’un ton net, si haut et si perçant, qu’il romprait la tête dans les maisons, et qu’il ne faut l’entendre qu’en pleine campagne ou dans les bois. « C’est en été, dit Dupratz, qu’on entend fréquemment le ramage du cardinal dans les bois, et l’hiver seulement, sur les bords des rivières, lorsqu’il a bu ; dans cette saison il ne sort point de son domicile, où il garde continuellement la provision qu’il a faite pendant le beau temps. On y a trouvé en effet du grain de maïs amassé jusqu’à la quantité d’un boisseau de Paris ; ce grain est d’abord artistement couvert de feuilles, puis de petites branches ou bûchettes, et il n’y a qu’une seule ouverture par où l’oiseau puisse entrer dans son magasin[1]. »


Notes de l’auteur
  1. Hist. de la Louisiane, par le Page Dupratz, t. II, p. 139.
Notes de l’éditeur
  1. Tanagra mississipiensis L. [Note de Wikisource : actuellement Piranga rubra Linnæus, vulgairement piranga (ou tangara) vermillon].