Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le pique-bœuf

LE PIQUE-BŒUF

M. Brisson est le premier qui ait décrit et fait connaître ce petit oiseau[NdÉ 1], envoyé du Sénégal par M. Adanson. Il a environ quatorze pouces de vol et n’est guère plus gros qu’une alouette huppée : son plumage n’a rien de distingué ; en général, le gris brun domine sur la partie supérieure du corps, et le gris jaunâtre sur la partie inférieure. Le bec n’est pas d’une couleur constante, Le bec n’est pas d’une couleur constante : dans quelques individus, il est tout brun ; dans d’autres, rouge à la pointe et jaune à la base ; dans tous, il est de forme presque quadrangulaire, et ses deux pièces sont renflées par le bout en sens contraire. La queue est étagée et on y remarque une petite singularité, c’est que les douze pennes dont elle est composée sont toutes fort pointues. Enfin, pour ne rien oublier de ce que la figure ne peut dire aux yeux, la première phalange du doigt extérieur est étroitement unie avec celle du doigt du milieu.

Cet oiseau est très friand de certains vers ou larves d’insectes qui éclosent sous l’épiderme des bœufs et y vivent jusqu’à leur métamorphose : il a l’habitude de se poser sur le dos de ces animaux et de leur entamer le cuir à coups de bec pour en tirer ces vers[NdÉ 2] ; c’est de là que lui vient son nom de pique-bœuf[1].


Notes de Buffon
  1. Voyez l’Ornithologie de M. Brisson, t. II, p. 436. Il le nomme en latin buphagus.
Notes de l’éditeur
  1. Buphaga africana L. [Note de Wikisource : actuellement Buphagus africanus Linnæus, vulgairement piquebœuf à bec jaune]. — Les Buphaga sont des Dentirostres de la famille des Sturnidés (voy. la note relative à l’Étourneau).
  2. Le Pique-bœuf vit par petites bandes de huit à dix individus dans la société des grands mammifères, particulièrement des bœufs, des antilopes, des chameaux. On ne le voit jamais perché sur les arbres ; ils se tiennent toujours sur le dos des animaux qui leur fournissent la pâture. Ils recherchent surtout les bœufs et les chameaux qui ont des plaies ; ces derniers attirent les mouches dont le pique-bœuf se nourrit. Les mammifères qui connaissent cet oiseau connaissent bien les services qu’il leur rend et ne le chassent jamais, tandis qu’il inspire à tous ceux qui ne le connaissent pas une très grande frayeur.