Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le grenadin

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome VI, Histoire naturelle des oiseauxp. 202-203).

LA GRENADIN[1]

Les Portugais, trouvant apparemment quelque rapport entre le plumage du grenadin et l’uniforme de quelques-uns de leurs régiments, ont nommé cet oiseau[NdÉ 1] capitaine de l’Orénoque. Il a le bec et le tour des yeux d’un rouge vif ; les yeux noirs ; sur les côtés de la tête une grande plaque de pourpre presque ronde, dont le centre est sur le bord postérieur de l’œil, et qui est interrompue entre l’œil et le bec par une tache brune : l’œil, la gorge et la queue sont noirs[2] ; les pennes des ailes gris-brun bordées de gris-clair ; la partie postérieure du corps, tant dessus que dessous, d’un violet bleu ; tout le reste du plumage est mordoré, mais sur le dos il est varié de brun verdâtre, et cette même couleur mordorée borde extérieurement les couvertures des ailes. Les pieds sont d’une couleur de chair obscure. Dans quelques individus, la base du bec supérieur est entourée d’une zone pourpre.

Cet oiseau se trouve au Brésil ; il a les mouvements vifs et le chant agréable ; il a de plus le bec allongé de notre chardonneret[3], mais il en diffère par sa longue queue étagée.

La femelle du grenadin est de même taille que son mâle ; elle a le bec rouge, un peu de pourpre sous les yeux, la gorge et le dessous du corps d’un fauve pâle, le sommet de la tête d’un fauve plus foncé, le dos gris-brun, les ailes brunes, la queue noirâtre, les couvertures supérieures bleues, comme dans le mâle, les couvertures inférieures et le bas-ventre blanchâtres.

Longueur totale, cinq pouces un quart ; bec, cinq lignes ; queue, deux pouces et demi, composée de douze pennes étagées, les plus longues dépassent les plus courtes de dix-sept lignes, et l’extrémité des ailes de deux pouces ; tarse, sept lignes ; l’ongle postérieur est le plus fort de tous. Dans les ailes, les quatrième et cinquième pennes sont les plus longues de toutes.


Notes de l’auteur
  1. Le pinson rouge et bleu du Brésil. The red and blue Brasilian finch. Edwards, pl. 191. « Passer supernè fusco-castaneus, infernè castaneus ; vertice castaneo ; genis violaceis ; gutture et imo ventre nigris ; uropygio cæruleo ; rectricibus splendidè nigris… » Granatinus, le grenadin. Brisson, t. III, p. 216. — « Fringilla caudâ cuneiformi, corpore rufescente, temporibus, uropygio, abdomme violaceis ; rostro rubro… Fringilla brasiliana. » Linnæus, Syst. nat., édit. X, p. 181, sp. 16.
  2. Dans quelques individus la gorge est d’un brun verdâtre.
  3. M. Edwards a trouvé la longueur du bec variable dans les différents individus.
Notes de l’éditeur
  1. Fringilla granatina L. [Note de Wikisource : actuellement Granatina granatina Linnæus, vulgairement cordonbleu grenadin, appartenant à la famille des Estrildidés].