Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le baltimore

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome V, Histoire naturelle des oiseauxp. 654-655).

LE BALTIMORE[1][NdÉ 1]

Cet oiseau d’Amérique a pris son nom de quelque rapport aperçu entre les couleurs de son plumage ou leur distribution, et les armoiries de milord Baltimore. C’est un petit oiseau de la grosseur d’un moineau franc, pesant un peu plus d’une once, qui a six à sept pouces de longueur, onze à douze de vol, la queue composée de douze pennes, longue de deux à trois pouces, et dépassant les ailes en repos presque de la moitié de sa longueur. Une sorte de capuchon d’un beau noir lui couvre la tête et descend par devant sur la gorge, et par derrière jusque sur les épaules ; les grandes couvertures et les pennes des ailes sont pareillement noires, ainsi que les pennes de la queue ; mais les premières sont bordées de blanc, et les dernières ont de l’orange à leur extrémité, et d’autant plus qu’elles s’éloignent davantage des deux pennes du milieu, qui n’en ont point du tout ; le reste du plumage est d’un très bel orangé : enfin le bec et les pieds sont de couleur de plomb.

La femelle, que j’ai observée dans le Cabinet du Roi, avait toute la partie antérieure d’un beau noir, comme le mâle, la queue de la même couleur, les grandes couvertures et les pennes des ailes noirâtres, le tout sans aucun mélange d’autre couleur[2] ; et tout ce qui est d’un si bel orangé dans le mâle, elle l’avait d’un rouge terne.

J’ai dit plus haut que le bec des baltimores était non seulement plus court à proportion et plus droit que celui des carouges, des troupiales et des cassiques, mais d’une forme particulière : c’est celle d’une pyramide à cinq pans, dont deux pour le bec supérieur, et trois pour le bec inférieur. J’ajoute qu’ils ont le pied ou plutôt le tarse plus grêle que les carouges et les troupiales.

Les baltimores disparaissent l’hiver, du moins en Virginie et dans le Maryland, où Catesby les a observés. Ils se trouvent aussi dans le Canada, mais Catesby n’en a point vu dans la Caroline.

Ils font leurs nids sur les plus grands arbres, tels que peupliers, tulipiers, etc. ; ils l’attachent à l’extrémité d’une grosse branche, et il est ordinairement soutenu par deux petits rejetons qui entrent dans ses bords : en quoi les nids des baltimores me paraissent avoir du rapport avec celui de nos loriots.


Notes de Buffon
  1. C’est le baltimore de M. Brisson, qui en a fait son dix-neuvième troupiale, t. II, p. 109 ; et le baltimore-bird de Catesby, t. Ier, p. et pl. 48.
  2. M. Brisson remarque que l’oiseau donné par Catesby pour la femelle du baltimore bâtard paraît être plutôt celle du baltimore véritable.
Notes de l’éditeur
  1. Oriolus Baltimore Gmel. (Hyphantos Baltimore des ornithologistes modernes.) [Note de Wikisource : actuellement Icterus galbula Linnæus, vulgairement oriole de Baltimore].