Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/La perdrix grise

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome V, Histoire naturelle des oiseauxp. 456-463).

LA PERDRIX GRISE

Quoique Aldrovande, jugeant des autres pays par celui qu’il habitait, dise que les perdrix grises[NdÉ 1] sont communes partout, il est certain néanmoins qu’il n’y en a point dans l’île de Crète[1], et il est probable qu’il n’y en a jamais eu dans la Grèce, puisque Athénée marque de la surprise de ce que toutes les perdrix d’Italie n’avaient pas le bec rouge, comme elles l’avaient en Grèce[2] : elles ne sont pas même également communes dans toutes les parties de l’Europe ; et il paraît, en général, qu’elles fuient la grande chaleur comme le grand froid, car on n’en voit point en Afrique, ni en Laponie[3] ; et les provinces les plus tempérées de la France et de l’Allemagne sont celles où elles abondent le plus ; il est vrai que Boterius a dit qu’il n’y avait point de perdrix en Irlande[4] ; mais cela doit s’entendre des perdrix rouges, qui ne se trouvent pas même en Angleterre (selon les meilleurs auteurs de cette nation), et qui ne se sont pas encore avancées de ce côté-là au delà des îles de Jersey et de Guernesey. La perdrix grise est assez répandue en Suède, où M. Linnæus dit qu’elle passe l’hiver sous la neige dans des espèces de clapiers qui ont deux ouvertures[5] : cette manière d’hiverner sous la neige ressemble fort à la perdrix blanche dont nous avons donné l’histoire sous le nom de lagopède ; et si ce fait n’était point attesté par un homme de la réputation de M. Linnæus, j’y soupçonnerais quelque méprise, d’autant plus qu’en France les longs hivers, et surtout ceux où il tombe beaucoup de neige, détruisent une grande quantité de perdrix ; enfin, comme c’est un oiseau fort pesant, je doute qu’il ait passé en Amérique, et je soupçonne que les oiseaux du nouveau monde, qu’on a voulu rapporter au genre des perdrix, en seront séparés dès qu’ils seront mieux connus.

La perdrix grise diffère à bien des égards de la rouge[NdÉ 2] ; mais ce qui m’autorise principalement à en faire deux espèces distinctes, c’est que, selon la remarque du petit nombre des chasseurs qui savent observer, quoiqu’elles se tiennent quelquefois dans les mêmes endroits, elles ne se mêlent point l’une avec l’autre, et que si l’on a vu quelquefois un mâle vacant de l’une des deux espèces s’attacher à une paire de l’autre espèce, la suivre et donner des marques d’empressement et même de jalousie, jamais on ne l’a vu s’accoupler avec la femelle, quoiqu’il éprouvât tout ce qu’une privation forcée et le spectacle perpétuel d’un couple heureux pouvaient ajouter au penchant de la nature et aux influences du printemps.

La perdrix grise est aussi d’un naturel plus doux que la rouge[6] et n’est point difficile à apprivoiser : lorsqu’elle n’est point tourmentée, elle se familiarise aisément avec l’homme ; cependant on n’en a jamais formé de troupeaux qui sussent se laisser conduire comme font les perdrix rouges ; car Olina nous avertit que c’est de cette dernière espèce qu’on doit entendre ce que les voyageurs nous disent en général de ces nombreux troupeaux de perdrix qu’on élève dans quelques îles de la Méditerranée[7]. Les perdrix grises ont aussi l’instinct plus social entre elles, car chaque famille vit toujours réunie en une seule bande, qu’on appelle volée ou compagnie, jusqu’au temps où l’amour, qui l’avait formée, la divise pour en unir les membres plus étroitement deux à deux : celles même, dont par quelque accident les pontes n’ont point réussi, se rejoignant ensemble et aux débris des compagnies qui ont le plus souffert, forment sur la fin de l’été de nouvelles compagnies souvent plus nombreuses que les premières et qui subsistent jusqu’à la pariade de l’année suivante.

Ces oiseaux se plaisent dans les pays à blé et surtout dans ceux où les terres sont bien cultivées et marnées, sans doute parce qu’ils y trouvent une nourriture plus abondante soit en grains, soit en insectes, ou peut-être aussi parce que les sels de la marne, qui contribuent si fort à la fécondité du sol, sont analogues à leur tempérament ou à leur goût ; les perdrix grises aiment la pleine campagne et ne se réfugient dans les taillis et les vignes que lorsqu’elles sont poursuivies par le chasseur ou par l’oiseau de proie ; mais jamais elles ne s’enfoncent dans les forêts, et l’on dit même assez communément qu’elles ne passent jamais la nuit dans les buissons ni dans les vignes : cependant on a trouvé un nid de perdrix dans un buisson, au pied d’une vigne[NdÉ 3]. Elles commencent à s’apparier dès la fin de l’hiver, après les grandes gelées, c’est-à-dire que chaque mâle cherche alors à s’assortir avec une femelle ; mais ce nouvel arrangement ne se fait pas sans qu’il y ait entre les mâles, et quelquefois entre les femelles, des combats fort vifs. Faire la guerre et l’amour ne sont presque qu’une même chose pour la plupart des animaux, et surtout pour ceux en qui l’amour est un besoin aussi pressant qu’il l’est pour la perdrix : aussi les femelles de cette espèce pondent-elles sans avoir eu de commerce avec le mâle, comme les poules ordinaires. Lorsque les perdrix sont une fois appariées, elles ne se quittent plus et vivent dans une union et une fidélité à toute épreuve. Quelquefois, lorsque après la pariade il survient des froids un peu vifs, toutes ces paires se réunissent et se reforment en compagnie[NdÉ 4].

Les perdrix grises ne s’accouplent guère, du moins en France, que sur la fin de mars, plus d’un mois après qu’elles ont commencé de s’apparier, et elles ne se mettent à pondre que dans les mois de mai et même de juin, lorsque l’hiver a été long : en général, elles font leur nid sans beaucoup de soins et d’apprêts ; un peu d’herbe et de paille grossièrement arrangées dans le pas d’un bœuf ou d’un cheval, quelquefois même celle qui s’y trouve naturellement, il ne leur en faut pas davantage : cependant on a remarqué que les femelles un peu âgées, et déjà instruites par l’expérience des pontes précédentes, apportaient plus de précaution que les toutes jeunes, soit pour garantir le nid des eaux qui pourraient le submerger, soit pour le mettre en sûreté contre leurs ennemis, en choisissant un endroit un peu élevé, et défendu naturellement par des broussailles. Elles pondent ordinairement de quinze à vingt œufs, et quelquefois jusqu’à vingt-cinq ; mais les couvées des toutes jeunes et celles des vieilles sont beaucoup moins nombreuses, ainsi que les secondes couvées que des perdrix de bon âge recommencent lorsque la première n’a pas réussi, et qu’on appelle en certains pays des recoquées. Ces œufs sont à peu près de la couleur de ceux de pigeon[NdÉ 5] : Pline dit qu’ils sont blancs[8]. La durée de l’incubation est d’environ trois semaines, un peu plus, un peu moins, suivant les degrés de chaleur.

La femelle se charge seule de couver, et pendant ce temps elle éprouve une mue considérable, car presque toutes les plumes du ventre lui tombent : elle couve avec beaucoup d’assiduité, et on prétend qu’elle ne quitte jamais ses œufs sans les couvrir de feuilles. Le mâle se tient ordinairement à portée du nid, attentif à sa femelle et toujours prêt à l’accompagner lorsqu’elle se lève pour aller chercher de la nourriture, et son attachement est si fidèle et si pur, qu’il préfère ces devoirs pénibles à des plaisirs faciles que lui annoncent les cris répétés des autres perdrix, auxquels il répond quelquefois, mais qui ne lui font jamais abandonner sa femelle pour suivre l’étrangère. Au bout du temps marqué, lorsque la saison est favorable et que la couvée va bien, les petits percent leur coque assez facilement, courent au moment même qu’ils éclosent, et souvent emportent avec eux une partie de leur coquille ; mais il arrive aussi quelquefois qu’ils ne peuvent forcer leur prison, et qu’ils meurent à la peine : dans ce cas, on trouve les plumes du jeune oiseau collées contre les parois intérieures de l’œuf, et cela doit arriver nécessairement toutes les fois que l’œuf a éprouvé une chaleur trop forte. Pour remédier à cet inconvénient, on met les œufs dans l’eau pendant cinq ou six minutes ; l’œuf pompe à travers sa coquille les parties les plus ténues de l’eau, et l’effet de cette humidité est de disposer les plumes qui sont collées à la coquille à s’en détacher plus facilement : peut-être aussi que cette espèce de bain rafraîchit le jeune oiseau, et lui donne assez de force pour briser sa coquille avec le bec. Il en est de même des pigeons, et probablement de plusieurs oiseaux utiles dont on pourra sauver un grand nombre par le procédé que je viens d’indiquer, ou par quelque autre procédé analogue.

Le mâle, qui n’a point pris de part au soin de couver les œufs, partage avec la mère celui d’élever les petits ; ils les mènent en commun, les appellent sans cesse, leur montrent la nourriture qui leur convient, et leur apprennent à se la procurer en grattant la terre avec leurs ongles. Il n’est pas rare de les trouver accroupis l’un auprès de l’autre, et couvrant de leurs ailes leurs petits poussins, dont les têtes sortent de tous côtés avec des yeux fort vifs : dans ce cas, le père et la mère se déterminent difficilement à partir, et un chasseur qui aime la conservation du gibier se détermine encore plus difficilement à les troubler dans une fonction si intéressante ; mais enfin si un chien s’emporte et qu’il les approche de trop près, c’est toujours le mâle qui part le premier en poussant des cris particuliers, réservés pour cette seule circonstance ; il ne manque guère de se poser à trente ou quarante pas, et on en a vu plusieurs fois revenir sur le chien en battant des ailes, tant l’amour paternel inspire de courage aux animaux les plus timides. Mais quelquefois il inspire encore à ceux-ci une sorte de prudence, et des moyens combinés pour sauver leur couvée : on a vu le mâle, après s’être présenté, prendre la fuite, mais fuir pesamment et en traînant l’aile, comme pour attirer l’ennemi par l’espérance d’une proie facile ; et, fuyant toujours assez pour n’être point pris, mais assez pour décourager le chasseur, il l’écarte de plus en plus de la couvée : d’autre côté, la femelle, qui part un instant après le mâle, s’éloigne beaucoup plus, et toujours dans une autre direction ; à peine s’est-elle abattue, qu’elle revient sur le champ en courant le long des sillons, et s’approche de ses petits, qui se sont blottis chacun de son côté dans les herbes et dans les feuilles ; elle les rassemble promptement, et avant que le chien qui s’est emporté après le mâle ait eu le temps de revenir, elle les a déjà emmenés fort loin, sans que le chasseur ait entendu le moindre bruit. C’est une remarque assez généralement vraie parmi les animaux, que l’ardeur qu’ils éprouvent pour l’acte de la génération est la mesure des soins qu’ils prennent pour le produit de cet acte : tout est conséquent dans la nature, et la perdrix en est un exemple ; car il y a peu d’oiseaux aussi lascifs, comme il en est peu qui soignent leurs petits avec une vigilance plus assidue et plus courageuse. Cet amour de la couvée dégénère quelquefois en fureur contre les couvées étrangères, que la mère poursuit souvent et maltraite à grands coups de bec.

Les perdreaux ont les pieds jaunes en naissant ; cette couleur s’éclaircit ensuite et devient blanchâtre, puis elle brunit, et enfin devient tout à fait noire dans les perdrix de trois ou quatre ans : c’est un moyen de connaître toujours leur âge ; on le connaît encore à la forme de la dernière plume de l’aile, laquelle est pointue après la première mue, et qui l’année suivante est entièrement arrondie.

La première nourriture des perdreaux ce sont les œufs de fourmis, les petits insectes qu’ils trouvent sur la terre et les herbes : ceux qu’on nourrit dans les maisons refusent la graine assez longtemps, et il y a apparence que c’est leur dernière nourriture ; à tout âge ils préfèrent la laitue, la chicorée, le mouron, le laitron, le seneçon et même la pointe des blés verts ; dès le mois de novembre on leur en trouve le jabot rempli, et pendant l’hiver ils savent bien l’aller chercher sous la neige : lorsqu’elle est endurcie par la gelée, ils sont réduits à aller auprès des fontaines chaudes, qui ne sont point glacées, et à vivre des herbes qui croissent sur leurs bords et qui leur sont très contraires ; en été on ne les voit pas boire.

Ce n’est qu’après trois mois passés que les jeunes perdreaux poussent le rouge ; car les perdrix grises ont aussi du rouge à côté des tempes entre l’œil et l’oreille, et le moment où ce rouge commence à paraître est un temps de crise pour ces oiseaux comme pour tous les autres qui sont dans ce cas : cette crise annonce l’âge adulte. Avant ce temps ils sont délicats, ont peu d’aile et craignent beaucoup l’humidité ; mais après qu’il est passé ils deviennent robustes, commencent à avoir de l’aile, à partir tous ensemble, à ne se plus quitter, et, si l’on est parvenu à disperser la compagnie, ils savent se réunir malgré toutes les précautions du chasseur.

C’est en se rappelant qu’ils se réunissent. Tout le monde connaît le chant des perdrix, qui est fort peu agréable ; c’est moins un chant ou un ramage qu’un cri aigre imitant assez bien le bruit d’une scie ; et ce n’est pas sans intention que les mythologistes ont métamorphosé en perdrix l’inventeur de cet instrument[9] : le chant du mâle ne diffère de celui de la femelle qu’en ce qu’il est plus fort et plus traînant ; le mâle se distingue encore de la femelle par un éperon obtus qu’il a à chaque pied, et par une marque noire en forme de fer à cheval, qu’il a sous le ventre, et que la femelle n’a pas.

Dans cette espèce, comme dans beaucoup d’autres, il naît plus de mâles que de femelles[10] ; et il importe, pour la réussite des couvées, de détruire les mâles surnuméraires, qui ne font que troubler les paires assorties et nuire à la propagation. La manière la plus usitée de les prendre, c’est de les faire rappeler au temps de la pariade par une femelle à qui, dans cette circonstance, on donne le nom de chanterelle : la meilleure, pour cet usage, est celle qui a été prise vieille ; les mâles accourent à sa voix et se livrent aux chasseurs, ou donnent dans les pièges qu’on leur a tendus : cet appeau naturel les attire si puissamment, qu’on en a vu venir sur le toit des maisons et jusque sur l’épaule de l’oiseleur. Parmi les pièges qu’on peut leur tendre pour s’en rendre maître, le plus sûr et le moins sujet à inconvénients, c’est la tonnelle, espèce de grande nasse où sont poussées les perdrix par un homme déguisé à peu près en vache, et, pour que l’illusion soit plus complète, tenant en sa main une de ces petites clochettes qu’on met au cou du bétail[11] : lorsqu’elles sont engagées dans les filets, on choisit à la main les mâles superflus, quelquefois même tous les mâles, et on donne la liberté aux femelles.

Les perdrix grises sont oiseaux sédentaires, qui non seulement restent dans le même pays, mais qui s’écartent le moins qu’ils peuvent du canton où ils ont passé leur jeunesse, et qui y reviennent toujours : elles craignent beaucoup l’oiseau de proie ; lorsqu’elles l’ont aperçu, elles se mettent en tas les unes contre les autres et tiennent ferme, quoique l’oiseau, qui les voit aussi fort bien, les approche de très près en rasant la terre pour tâcher d’en faire partir quelqu’une et de la prendre au vol. Au milieu de tant d’ennemis et de dangers, on sent bien qu’il en est peu qui vivent âge de perdrix : quelques-uns fixent la durée de leur vie à sept années et prétendent que la force de l’âge et le temps de la pleine ponte est de deux à trois ans, et qu’à six elles ne pondent plus. Olina dit qu’elles vivent douze ou quinze ans.

On a tenté avec succès de les multiplier dans les parcs pour en peupler ensuite les terres qui en étaient dénuées, et l’on a reconnu qu’on pouvait les élever à très peu près comme nous avons dit qu’on élevait les faisans : seulement il ne faut pas compter sur les œufs des perdrix domestiques. Il est rare qu’elles pondent dans cet état, encore plus rare qu’elles s’apparient et s’accouplent, mais on ne les a jamais vues couver en prison, je veux dire renfermées dans ces parquets où les faisans multiplient si aisément. On est donc réduit à faire chercher par la campagne des œufs de perdrix sauvages, et à les faire couver par des poules ordinaires : chaque poule peut en faire éclore environ deux douzaines, et mener pareil nombre de petits après qu’ils sont éclos ; ils suivront cette étrangère comme ils auraient suivi leur propre mère, mais ils ne reconnaissent pas si bien sa voix : ils la reconnaissent cependant jusqu’à un certain point, et une perdrix ainsi élevée en conserve toute sa vie l’habitude de chanter aussitôt qu’elle entend des poules[NdÉ 6].

Les perdreaux gris sont beaucoup moins délicats à élever que les rouges et moins sujets aux maladies, au moins dans notre pays, ce qui ferait croire que c’est leur climat naturel. Il n’est pas même nécessaire de leur donner des œufs de fourmis, et l’on peut les nourrir, comme les poulets ordinaires, avec la mie de pain, les œufs durs, etc. Lorsqu’ils sont assez forts et qu’ils commencent à trouver par eux-mêmes leur subsistance, on les lâche dans l’endroit même où on les a élevés, et dont, comme je l’ai dit, ils ne s’éloignent jamais beaucoup.

La chair de la perdrix grise est connue depuis très longtemps pour être une nourriture exquise et salutaire ; elle a deux bonnes qualités qui sont rarement réunies, c’est d’être succulente sans être grasse. Ces oiseaux ont vingt-deux pennes à chaque aile, et dix-huit à la queue, dont les quatre du milieu sont de la couleur du dos[12].

Les ouvertures des narines, qui se trouvent à la base du bec, sont plus qu’à demi recouvertes par un opercule de même couleur que le bec, mais d’une substance plus molle, comme dans les poules. L’espace sans plumes qui est entre l’œil et l’oreille est d’un rouge plus vif dans le mâle que dans la femelle.

Le tube intestinal a environ deux pieds et demi de long, les deux cæcums cinq à six pouces chacun. Le jabot est fort petit[13], et le gésier se trouve plein de graviers mêlés avec la nourriture, comme c’est l’ordinaire dans les granivores.


Notes de Buffon
  1. Voyez les Observations de Belon, liv. i, chap. x.
  2. Voyez Gesner, de Avibus, p. 680.
  3. La Barbinais Le Gentil nous apprend qu’on a tenté inutilement de peupler l’île Bourbon de perdrix. Voyage autour du monde, t. II, p. 104.
  4. Voyez Aldrovande, Ornithologia, t. II, p. 110.
  5. Voyez Linnæus, Systema naturæ, édit. X, p. 160.
  6. M. Ray dit le contraire, p. 57 de son Synopsis ; mais comme il avoue qu’il n’y a point de perdrix rouges en Angleterre, il n’a pas été à portée de faire la comparaison par lui-même, comme l’ont faite les observateurs d’après qui je parle.
  7. Olina, p. 57.
  8. Pline, lib. x, cap. lii.
  9. Ovide, Métamorphoses, liv. viii.
  10. Cela va à environ un tiers de plus, selon M. Leroy.
  11. Voyez Olina, p. 57.
  12. Willughby, p. 120.
  13. « Ingluvies ampla », dit Willughby. p. 120 ; mais les perdrix que j’ai fait ouvrir l’avaient fort petit.
Notes de l’éditeur
  1. La Perdrix grise est considérée, par les ornithologistes modernes, comme le type d’un genre Starna distinct de celui qui comprend la Perdrix rouge (Perdix). Les Starnes sont des Gallinacés de la famille des Tétraonidés et de la sous-famille des Perdiciens. Ils se distinguent des Perdix non seulement par la coloration du plumage, mais encore par quelques autres caractères plus importants. Chez les mâles, comme chez les femelles, les tarses sont dépourvus du tubercule qui remplace l’ergot, et ils sont pourvus sur les deux faces d’écailles disposées sur deux rangées ; les troisième, quatrième et cinquième rémiges des ailes sont plus longues que les autres ; la queue est formée de 16 à 18 rectrices. [Note de Wikisource : La perdrix grise est aujourd’hui classée dans le genre Perdix sous le nom binominal de Perdix perdix Linnæus ; par contre, la perdrix rouge appartient à un autre genre, Alectoris (voyez l’article dédié).]
  2. Voici, d’après Brehm, les caractères de la Perdrix grise : « Elle a sur le front une large bande qui s’étend au-dessus et en arrière de l’œil ; les côtés de la tête, la gorge d’un rouge roux clair ; le dessus de la tête brun, rayé longitudinalement de jaunâtre ; le dos gris, marqué de raies transversales rouge roux, de petites lignes en zigzag noires, et de lignes claires le long des tiges des plumes ; une large bande gris cendré, moirée de noir sur la poitrine, se prolongeant sur les côtés du ventre, où elle est entrecoupée de raies transversales rouge roux, bordées de blanc ; le ventre blanc, marqué d’une grande tache brun châtain en forme de fer à cheval ; les plumes de la queue d’un rouge roux, les médianes ainsi que celles du croupion rayées transversalement de brun roux et de brun rouge ; les rémiges primaires d’un brun noir mat, tachetées et rayées transversalement de roux jaunâtre ; l’œil brun entouré d’un cercle nu, étroit et rouge ; une bande de même couleur partant de l’œil et se dirigeant en arrière ; le bec gris bleuâtre ; les pattes d’un gris blanc, rougeâtre ou brunâtre. La Starne grise a 33 centimètres de long et 55 centimètres d’envergure ; la longueur de l’aile est de 16 centimètres, celle de la queue de 8. La femelle est plus petite que le mâle ; la tache du ventre est, chez elle, moins nette et moins grande, et le dos est foncé. »
  3. La Perdrix grise vit dans les champs cultivés, mais elle a besoin de buissons pour se cacher, et on la trouve surtout dans les localités où les champs sont coupés de haies, de buissons, de petits bois. La même famille reste très fidèle à la localité dans laquelle elle s’est établie. Certaines perdrix grises paraissent être voyageuses. Dans le nord de l’Allemagne il arrive chaque année, à l’automne, de grandes bandes de perdrix grises que certains ornithologistes tendent à considérer comme formant une espèce distincte de la nôtre. Cette dernière, en effet, est sédentaire. Brehm pense que les perdrix grises migratrices « sont des Starnes de marais, et il faudrait considérer le moindre nombre de leurs rectrices comme un caractère essentiel et non comme un fait accidentel. »
  4. Nous voyons, dans ce trait de mœurs des perdrix, bien saisi par Buffon, un exemple frappant de l’antagonisme qui existe, chez la plupart des animaux, à un degré plus ou moins prononcé, entre la famille et la société. (Voyez J.-L. de Lanessan, La lutte pour l’existence et l’association pour la lutte.)
  5. Les œufs de la perdrix grise sont piriformes, lisses, colorés en jaune verdâtre.
  6. Les perdrix grises paraissent être susceptibles non seulement de s’apprivoiser, mais encore de manifester une très vive affection pour les personnes qui leur donnent des soins. Brucklacher en raconte un exemple très frappant. « Une starne grise, dit-il, s’était très attachée à un jeune garçon. Quand celui-ci revenait à la maison après une absence de quelques heures, elle courait à lui, le tirait par ses habits ; quand il sortait elle l’accompagnait jusqu’à la porte, s’élançait contre celle-ci, criait, revenait inquiète ; pendant un quart d’heure elle était inconsolable, et quand on croyait que tout était oublié, elle recommençait ses plaintes, écoutait tous les pas, était attentive au grincement de la porte ; et dès qu’elle avait reconnu que son ami approchait, elle s’élançait joyeuse vers la porte pour le recevoir. Un jour qu’elle se roulait dans le sable, elle entendit l’enfant pleurer ; aussitôt elle se précipita vers lui, lui sauta sur le bras, le regarda en agitant la tête et en poussant un cri très doux, tak, dans l’intention évidente de le consoler. Cet attachement était né sans aucune provocation de la part de l’enfant. » (Brehm.)