Librairie de L. Hachette et Cie (p. 125-127).

XLIV

PARABOLE DU BON GRAIN.



Ce même jour, Jésus sortit de la maison, et s’assit au bord de la mer pour parler. Mais il se rassembla aussitôt une si grande foule de peuple, que de peur d’être écrasé, il monta dans une barque, s’y assit et s’éloigna un peu du rivage pour que toute cette multitude pût le voir et l’entendre.

Il leur enseigna beaucoup de choses en paraboles.

Henriette. Qu’est-ce que c’est parabole ?

Grand’mère. Je crois vous avoir déjà dit qu’une parabole était une histoire ou un récit pour mieux faire comprendre quelque chose qu’on veut expliquer. Voici une des paraboles que dit Notre-Seigneur au peuple :

« Un homme sortit pour aller semer du grain dans son champ ; pendant qu’il marchait, il laissa tomber dans le chemin, du grain qui fut mangé par les oiseaux du ciel.

« Une autre partie du grain tomba sur un endroit pierreux ; le grain leva, mais il y avait peu de terre ; les racines n’eurent pas assez de suc ; le soleil dessécha la terre et les grains moururent.

« D’autres grains tombèrent dans les épines ; ils poussèrent, mais les épines devinrent grandes et étouffèrent les grains.

« D’autres, enfin, tombèrent dans une bonne terre et produisirent du blé, les uns cent grains pour un, les autres soixante, les autres trente pour un.

« Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. »

Jeanne. Je ne comprends pas du tout ce que cela veut dire.

Grand’mère. Notre-Seigneur va te l’expliquer lui-même en l’expliquant aux douze Apôtres, qui ne comprirent pas non plus et qui lui dirent : « Pourquoi parlez-vous en paraboles ? »

Jésus vit bien qu’ils n’avaient pas compris, et leur dit :

« Voilà ce que signifie cette parabole. La semence ou le grain, c’est la parole de Dieu. Celui qui entend cette parole et qui ne l’écoute pas, ne la garde pas dans son cœur ; il laisse les oiseaux du ciel, c’est-à-dire le démon, l’enlever de son cœur.

« Ce qui tombe dans les pierres, c’est celui qui ayant entendu la parole de Dieu, la reçoit avec joie, mais il n’a pas de bonne terre, c’est-à-dire de bonne volonté ; il ne fait pas de racines, c’est-à-dire il oublie ce qu’il a entendu, et quand arrive l’occasion de mal faire, il le fait.

« Ce qui est tombé dans les épines, ce sont ceux qui ont entendu et reçu la parole de Dieu, mais qui se laissent envahir… »

Armand. Qu’est-ce que c’est envahir ?

Grand’mère. Envahir veut dire entourer, saisir. « Ceux-là donc se laissent envahir par les choses du monde, les richesses, les plaisirs, de sorte que leurs bons désirs sont étouffés par ces choses du monde.

« Enfin ce grain qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant écouté la parole de Dieu, la conservent dans leur cœur, en profitent, portent du fruit par leur patience, leur soumission et rendent cent, soixante ou trente pour un. »

Petit-Louis. Que veut dire cent pour un ?

Grand’mère. Cela veut dire qu’une vertu en fait venir beaucoup d’autres.

Petit-Louis. Comment cela ?

Grand’mère. Voici comment. Tu es bon ; ta bonté, si tu cherches à la conserver, te donne la patience, la douceur, la complaisance, le dévouement, etc. ; tout cela provient de ta bonté, en est réellement le fruit. Et voilà comment un grain, une qualité donnée par Dieu, en fait venir d’autres.

Petit-Louis. Ah ! oui ! Je comprends très bien.

Élisabeth. Et c’est pour cela qu’il faut arracher de ton cœur la mauvaise graine.

Petit-Louis. Comment, la mauvaise graine ?

Élisabeth. Oui ; si tu es méchant, de cette méchanceté viendra l’impatience, la colère, l’égoïsme, l’avarice…

Petit-Louis. Oui, oui, je comprends ; c’est comme pour la bonté.

Grand’mère. Précisément. Ma petite Élisabeth m’a bien aidée à expliquer la parabole de Notre-Seigneur.

Il parla encore longtemps et il proposa au peuple une autre parabole.