Librairie de L. Hachette et Cie (p. 96-99).

XXXIII

LA PRIÈRE. LE PATER.



« Et quand vous priez, ne vous mettez pas exprès bien en évidence, pour que tout le monde vous voie et vous admire, mais retirez-vous dans votre chambre et priez en secret. Et votre Père, qui voit dans le secret, vous récompensera. »

Cependant, il ne faut pas refuser de faire le bien, dans la crainte qu’on ne vous voie et qu’on ne vous loue ; seulement il ne faut pas le faire par un motif de vanité.

Louis. Il ne faut donc pas aller à l’église ?

Grand’mère. Si fait, puisque l’église est la maison de Dieu, et que nous devons y aller ; mais il ne faut pas y aller par hypocrisie pour y être vus.

« Ne dites pas trop de paroles en priant, comme font les païens ; mais priez ainsi :

« Notre Père qui êtes aux Cieux, que votre nom soit sanctifié ; que votre règne arrive ; que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel ; donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien ; pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal. Amen. »

Jeanne. Mais c’est le Pater, ça ?

Grand’mère. Oui, c’est ce que nous appelons le Pater, parce que les deux premiers mots de cette prière en latin sont : Pater Noster, Notre Père.

Jeanne. Comment ? c’est Jésus qui a fait cette prière ?

Grand’mère. Oui ; Jésus lui-même, pour nous montrer comment il fallait prier et ce qu’il fallait demander au bon Dieu.

Et Jésus-Christ ajoute :

« Si vous pardonnez le mal qu’on vous a fait, votre Père vous pardonnera le mal que vous avez fait, les péchés que vous avez commis. Et si vous ne pardonnez pas, Dieu votre Père ne vous pardonnera pas non plus. »

Voyez, mes enfants, comme il est heureux pour nous d’avoir à pardonner, puisque c’est le moyen assuré d’obtenir le pardon de tous les péchés que nous commettons.

« Ne cherchez pas non plus à vous amasser des richesses ; à quoi vous serviront-elles, si la rouille et les vers les rongent et si les voleurs les dérobent ? Amassez d’autres trésor pour le Ciel, où il n’y aura pas de voleurs pour les emporter, ni de rouille, ni de vers pour les ronger. »

Louis. Quels trésors faut-il amasser ?

Grand’mère. Les prières, les bonnes actions, les aumônes, les vertus de charité, d’humilité, de douceur, d’obéissance, etc., qui sont des trésors devant Dieu, les seuls trésors que nous puissions lui offrir, et que personne ne peut nous enlever.

« Ne vous inquiétez pas, dit Jésus, de quoi vous vivrez, de ce que vous mangerez, de quoi vous vous vêtirez. Regardez les oiseaux du ciel ; ils ne sèment pas, ils ne moissonnent pas, ils ne serrent pas leurs récoltes dans des greniers. Et votre Père Céleste les nourrit. Et vous qui êtes plus qu’un oiseau, pourquoi vous inquiétez-vous ? Pourquoi dites-vous : Que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? Comment nous vêtirons-nous ? N’ayez donc aucune inquiétude de ce qui vous arrivera. Votre Père Céleste aura soin de vous. À chaque jour suffit sa peine. »

Jacques. Nous ne devons donc pas nous occuper de nos affaires ?

Grand’mère. Si fait ; nous pouvons et nous devons nous en occuper, mais pas pour nous en tourmenter, nous inquiéter ; nous devons avoir confiance dans la bonté de Dieu.