Le Pèlerin passionné (trad. Hugo)/« Si musique et douce poésie s’accordent »

Le Pèlerin passionné (trad. Hugo)

Si musique et douce poésie s’accordent comme le doivent deux sœurs, alors nous devons bien nous aimer, toi et moi, car tu aimes l’une et j’aime l’autre.

Ton goût est pour Dowland (4), dont la touche céleste sur le luth ravit les sens humains ; le mien est pour Spenser (5), dont la pensée est si profonde que, dépassant toute pensée, elle échappe à l’éloge.

Tu aimes entendre le doux son mélodieux que Phébus tire de son luth, ce roi de la musique, et moi je suis surtout noyé dans des délices profondes quand il se met à chanter.

Poésie et musique ont le même Dieu, dit la fable : toutes deux ont le même amoureux, car toutes deux vivent en toi.