« Si ceste grand’beauté tant douce en apparence »

XXXIX.


Si ceste grand’beauté tant douce en apparence
Ne couvre, ô ma Deesse, un cœur de Diamant,
Vous plaindrés mes douleurs, quand vous verrez comment
Amour m’a travaillé loin de vostre presence.

Mais las ! je m’entretiens d’une vaine esperance :
Car si mon foible esprit dure assez longuement
Pour vous revoir, Madame, une seule influence
Du Soleil de vos yeux guarira mon tourment.

Mon ame ores tenuë en langueur inhumaine,
Oubliant sa douleur paroistra toute saine,
Et les rais de vos yeux mes pleurs iront seichant.

Voyla comme un bel œil de deux sortes m’offanse,
Me blessant à la mort, et puis en m’empeschant
Que je ne puis monstrer ma mortelle souffrance.