Zoloé et ses deux acolythes/Arret

De l’imprimerie de l’auteur (p. ix-xii).

ARRÊT PROVISOIRE.


Qu’avez-vous, ma chère Zoloé ? votre front sourcilleux n’annonce que la triste mélancolie. La fortune n’a-t-elle pas assez souri à vos vœux ? Que manque-t-il à votre gloire, à votre puissance ? votre immortel époux n’est-il pas le soleil de la patrie ? Au faîte des honneurs, se peut-il que jusqu’à vous s’élèvent de sombres nuages ? — Lauréda, ah ! cruelle ! avec quelle inhumanité tu te joues de mon chagrin ! trêve à ton odieux persiflage, ou je ne te le pardonnerai jamais. — Soit. Signons la paix ; et elle embrasse Zoloé.

Pourrait-on, du moins, savoir, ma belle, à quoi attribuer cet air noir et soucieux que ma présence même n’a pu dissiper ? Le voilà, répond Zoloé en montrant un mince volume ; voilà le serpent qui m’a piqué au vif. Maudit soit le vil délateur qui a osé révéler aux yeux d’un vulgaire profane les secrets mystères de notre confédération !

Lauréda, d’un leste coup-de-main, se saisit de la brochure. Est-il possible, Zoloé ? quoi ! c’est cette production éphémère d’un auteur affamé qui a dérangé la paisible circulation de ton sang ! en vérité, tu me ferais pitié, si je n’avais envie de rire. Eh ! bravons les sots caquets des prudes, les sarcasmes des dévots, les satyres des jaloux et les petites trahisons des papillons musqués ; voltigeons de plaisirs en plaisirs, sans nous arrêter jamais.

Ô ciel ! en regardant sa montre, il est deux heures ; et la marquise n’arrive pas ! Adieu donc, de la gaîté, ma reine. En ouvrant la porte, Volsange s’y présente ; Lauréda rentre avec elle. La cause du chagrin de Zoloé est remise en question et traitée de chimère.

Bref, on arrête de parcourir le Livret, d’en rire, et de laisser l’Auteur s’en tirer, comme il pourra, avec le public.