Zofloya, ou Le Maure/Chapitre 03

Traduction par Mme de Viterne.
Imprimerie de Hocquet et Cie (Tome Ip. 32-58).


CHAPITRE III.


On n’a que trop souvent occasion de remarquer le principe peu généreux qui porte l’homme à désirer ardemment la possession d’un objet, pour paraître le mépriser ensuite. Cela est d’une vérité incontestable ; mais dans la circonstance dont nous faisons mention, il y eut une exception à la règle. Pour la première fois, une passion véritable s’était emparée du séducteur Adolphe. Non satisfait d’avoir enlevé une femme à son mari, en la portant à l’oubli de ses liens sacrés, il voulut la posséder exclusivement, et se donner le plaisir odieux de convaincre cet époux généreux de son déshonneur. Il voulut plonger ses enfans dans une honte éternelle, et leur arracher la protection, ainsi que les tendres soins d’une mère.

Il fallait, pour en venir à ces fins, user d’un moyen bien digne de son cœur atroce : c’était de dégrader à ses propres yeux la malheureuse Laurina. Il lui dit, dans le premier moment où elle sentit amèrement sa faute, que ce serait y ajouter grandement que de rester avec un époux qui ne possédait plus son amour. Qu’après ce qui s’était passé, elle deviendrait doublement coupable, en employant une lâche trahison, et la duplicité du crime ; que la délicatesse et la générosité lui ordonnaient de fuir ; puisque le trésor est enlevé, poursuivait le sophiste Adolphe, à quoi bon lui laisser le cofre ? pourriez-vous, Laurina, passer votre vie à tromper votre mari, en lui persuadant qu’il possède un bien qui ne lui appartient plus ? — Laissez-moi, cruel, s’écriait-elle dans le délire. Vous osez m’humilier après m’avoir perdue ; ah ! laissez-moi, fuyez ma présence à jamais ; je veux rester ici, j’y veux mourir ; et puisse le tourment que j’endure, expier un crime dont je connais toute la noirceur.

Adolphe vit qu’il avait été trop loin : il employa alors toute l’éloquence et le ton flatteur dont il s’était servi pour amener la destruction du bonheur conjugal. Les larmes et les gémissemens ne l’intimidèrent point ; et son plan demandant une persévérance d’autant plus soutenue qu’on paraissait vouloir l’arrêter, il fit le serment (en cet instant il pouvait être sincère) que tant qu’il vivrait, il ne cesserait d’adorer celle qui avait tout sacrifié pour le rendre heureux.

— Et mes enfans… mes enfans ! disait Laurina d’un accent déchiré.

— Puissent-ils appeler les malédictions du ciel sur moi, reprenait Adolphe ; puissent ces enfans chéris, me punir, si jamais je deviens parjure envers toi, ô la plus idolâtrée des femmes.

Mais quittons ce sujet douloureux qui montre tant de faiblesse d’un côté, et de perversité de l’autre. Le triomphe du séducteur fut complet : il enleva sa victime à sa gloire passée… Il l’arracha de sa maison, des bras de son époux, des caresses de ses enfans, et la conduisit loin de Venise, le lieu de sa naissance.

Peindre l’horreur qu’éprouva Loredani, à la découverte de la perfidie de ceux que son noble cœur aimait et estimait ; de sa femme qu’il avait adorée uniquement… de l’hôte qu’il avait reçu d’une manière si aimable et en qui il avait placé toute sa confiance entière, serait la chose impossible. Il se voyait abandonné ; il était humilié, désespéré de la conduite de celle à qui ses enfans devaient le jour ; seul pour leur continuer les soins qu’ils avaient reçus jusqu’alors d’une mère, naguère vertueuse et maintenant perdue ! Le marquis, cependant, appela à son aide cette glorieuse énergie dont les grandes âmes sont susceptibles ; mais une autre épreuve de l’adversité l’attendait. À peine avait-il acquis assez de force pour dompter sa douleur et sortir de son appartement qu’il gardait depuis plusieurs jours, qu’il fut fait une nouvelle blessure à son cœur affligé, par l’annonce terrible que son fils Léonardo, l’orgueil de son nom et l’héritier de sa maison, avait quitté le palais Loredani presqu’aussitôt la fuite de sa mère, et qu’il n’était pas revenu depuis. Le malheureux père reconnut en cela le sentiment d’honneur et l’orgueil impétueux de son fils, dont intérieurement il ne pouvait accuser la conduite, tandis qu’il gémissait de sa cruauté ; il espérait, toutefois, que le jeune exalté reviendrait, après que le premier mouvement de fierté serait passé, et qu’il mêlerait ses larmes aux siennes, en le pressant dans ses bras paternels. Le marquis nourrissait l’idée que dans ce premier instant de vivacité, Léonardo avait sans doute pris la maison de quelqu’ami pour refuge. Mais lorsqu’il l’eut fait chercher partout, sans qu’on pût le trouver, il tomba dans le découragement, et, pressant contre son cœur le seul être qui lui restait, il chercha à se sauver du désespoir, en concentrant sur sa fille tout ce qui pouvait encore l’attacher à l’existence.

Victoria, ainsi devenue la seule idole et la consolation du marquis, était maîtresse absolue dans le palais. Chacune de ses paroles était une loi ; et contester ses désirs en la moindre chose, devenait un sacrilège : avant l’égarement de sa mère, il avait toujours été difficile de lui faire le moindre reproche ; mais en ce moment cela devenait de toute impossibilité, et cette jeune personne se livrait à tous ses mauvais penchans, avec une latitude sans bornes. En vain le marquis espérait-il que le tems et une raison plus mure corrigeraient ce qu’il eût bien voulu réformer lui-même. Rien ne pouvait changer ce qu’une éducation sévère eût eu seule droit de réformer, une tendance naturelle au mal ; car telle est notre organisation, que cette seconde nature peut très-souvent rectifier les défauts de la première. Ainsi Victoria, qui donna dans son enfance des preuves d’un mauvais cœur, aurait pu changer, si l’éducation n’eut pas été négligée chez elle. Par exemple, on eût transformé son orgueil en émulation pour le bien et en amour-propre permis ; sa cruauté en courage, son obstination en fermeté de caractère ; on eût corrigé ainsi un mauvais naturel. Combien donc sa coupable mère avait de reproches à se faire pour sa négligence à remplir les devoirs sacrés que son état exigeait, pour avoir compromis la prospérité de ses enfans ; et au lieu de les former à la vertu, les avoir condamnés à mille maux à venir, en leur donnant des exemples de perversité, en les privant de l’estime du monde, en les rendant même indifférens à la leur propre.

Ce fut avec la plus grande douleur que le marquis observa les progrès affreux du caractère de sa fille : cependant il chercha encore à se dissimuler que son cœur fût totalement corrompu. Une chose bien faite pour agraver ce malheur, c’est que chacun évitait avec soin la société de Victoria, non à cause de l’inconduite de sa mère, mais par rapport à son humeur intraitable qui lui attirait la haine de toutes les jeunes dames de Venise. L’orgueilleuse fille n’attribuait cependant l’abandon qu’elle éprouvait, qu’à la première cause ; et se voyant privée de la considération du monde, elle y devenait plus indifférente de jour en jour. C’est ainsi que les êtres vicieux se consolent de ce qu’ils nomment injustice, pour se livrer sans contrainte à toutes les erreurs du vice.

Un soir que Victoria était assise auprès de son père, en gardant un sombre silence, un an environ après l’enlèvement de la marquise, il lui dit avec douceur : — Pourquoi, Victoria, fuyez-vous les amusemens qui conviennent à votre âge et à votre rang, pour partager ma solitude ? pourquoi n’invitez-vous pas vos amies à venir vous voir, et n’allez-vous pas leur rendre visite à votre tour ?

Victoria répondit avec hauteur : — Parce qu’elles ne voudraient pas venir chez moi, ni me recevoir chez elles.

— Et comment cela, demanda le marquis étonné.

— Parce que ma mère nous a déshonorés, reprit avec dureté l’insensible Victoria.

Jamais encore le nom de sa femme n’avait été prononcé par le marquis, depuis sa fuite ignominieuse… Il évitait même de faire la moindre réflexion sur la bassesse de sa conduite. La cruelle Victoria venait de rouvrir des blessures mal fermées : elle venait de toucher une corde qui vibra jusqu’au fond de son cœur. L’époux infortuné, s’élançant de son siége, quitta comme un trait l’appartement.

Ces souvenirs, rétablis dans leur entier, condamnèrent son âme à de nouvelles tortures. Il avait pensé souvent en secret à sa coupable épouse, en gémissant de son erreur, mais dans le secret seulement : c’était là qu’il s’abandonnait à des regrets, à des larmes amères, pour la perte de celle qu’il avait tant adorée, et jamais être vivant n’était témoin de ces sensations dont il rougissait. Sa fierté le dérobait à la compassion d’autrui, et ce n’était que seul qu’il retrouvait toutes ses douleurs.

Incapable de supporter plus long-tems, dans la solitude, l’horreur des souvenirs que sa fille venait d’exciter, Lorédani sortit à l’approche de la nuit, afin d’alléger, par l’exercice, le poids de ses pensées. Après avoir marché pendant quelque tems dans une partie peu fréquentée de la ville, il apperçut un homme venir de son côté et qui était enveloppé de son manteau. Un pressentiment fit frémir le marquis… la fureur et le désespoir s’emparèrent de lui, et courant subitement sur celui qu’il voyait, il se saisit de sa personne ; puis arrachant son manteau, il reconnut Adolphe.

— Défends-toi monstre, vil scélérat, s’écria l’époux emporté, en tirant un stilet de son sein !

— Je n’ai pas d’épée, observa froidement le comte, mais je porte comme vous un stilet qui est bien à votre service.

Le marquis n’en entendit pas davantage : il frappa son ennemi de plusieurs coups, avec une furie sans égale ; mais ces coups égarés par la soif de la vengeance, n’étaient nullement sûrs, et la passion les dirigeait mal ; le comte calme et maître de lui, les parait avec une dextérité rare. Ayant senti la pointe du stilet de son adversaire, il se laissa aller à un mouvement de rage, et, faisant un pas en arrière, plongea le poignard dans le sein de l’infortuné Loredani.

Ainsi Adolphe fut le meurtrier de l’époux, après avoir été le séducteur de la femme, et son crime devint doublement affreux. Il quitta la place à l’instant où le marquis tomba, en cachant soigneusement son stilet et s’enveloppant de son manteau. Il eut la barbarie de laisser l’infortuné qu’il avait sacrifié si horriblement, sans lui donner le moindre secours. Le marquis resta donc baigné dans son sang jusqu’à ce que quelques gens qui passèrent, et le reconnurent, le portassent dans son palais. Un chirurgien fut appelé sur le champ : il pansa la blessure, et lorsque le marquis put parler, il demanda d’une voix faible qu’on lui dît la vérité sur son état, ce à quoi le docteur répondit qu’il le croyait en danger de mourir.

— C’est assez, dit le marquis, qu’on fasse venir ma fille.

— Monsieur le marquis, vous ne devez pas parler, observa le chirurgien. Lorédani le regarda tristement. — Si j’ai si peu d’heures à vivre, observa-t-il, pourquoi n’en profiterai-je pas ?… Je desire voir ma fille.

— Signor, ce sera précipiter votre mort.

Lorédani fit signe de la main… Victoria fut appelée. Elle entra d’un pas lent et tremblant… elle fixa les traits livides de son père avec horreur et repentir ; avec horreur, en contemplant son état, et repentir, pour lui avoir causé une peine sensible peu d’heures auparavant. Il est vrai que Victoria se montra susceptible d’une émotion semblable, en ce moment où son cœur n’était pas totalement corrompu. Sa dureté naturelle avait disparu, et s’approchant du lit, elle parut profondément affectée. Le marquis étendit une main glacée qu’elle prit, et la pressant contre son cœur, elle tomba à genoux…

— Ô ma fille !… ma Victoria, je te suis enlevé au moment, à l’époque où tu ne saurais te passer de mes soins, Je vais mourir !… chère enfant, écoute bien ce que le ciel te déclare par ma bouche en cet instant douloureux… Ma Victoria, corrige, je t’en supplie, les erreurs de ton cœur, et le penchant de ton caractère… pense à ce que nous sommes tous… combien notre vie est peu sûre… sa possession peu stable… mets-toi devant les yeux qu’au milieu des grandeurs et de la jeunesse, entourés de richesses et des jouissances qu’elles procurent, un événement terrible… imprévu ! un accident nous enlève !… c’est pourquoi ! ô ma fille, ne souffre pas que la triste indépendance dans laquelle tu te verras bientôt, te rende vaine, ni confiante en tes propres forces. Considère que passagers en ce monde, un avenir que nous ignorons nous est réservé. Que ton rang ne fasse pas de toi une femme orgueilleuse, insensible ; persuade-toi bien que le hasard d’une grande naissance ne te dispense pas d’observer les règles les plus strictes de la vertu. Souviens-toi, au contraire, que tes inférieurs auront toujours l’œil sur tes actions, et qu’il est d’un devoir indispensable et d’une obligation morale de te tenir sur tes gardes, et de faire pardonner les faveurs dont la fortune t’aura comblée, par la plus grande douceur, et les exemples d’humanité et de bonne conduite qui sont en ton pouvoir, afin qu’aucune augmentation de mal ne vienne de toi, et ne te rende responsable de nouveaux vices dont tu porterais l’épidémie dans la société. Ne te laisse pas abuser par l’idée méprisable que tu dois moins te gêner qu’une autre ; car en proportion du pouvoir que tu as de te garantir du mal, il faut régler ta conduite sur le bien qu’il te convient de faire. Qu’il est glorieux de vivre avec dignité et bienséance, de régner sur ses passions ; de placer son bonheur au plus haut point de perfection dont notre nature soit capable, en se souvenant que nous devons vivre pour un état supérieur à celui dans lequel nous nous trouvons ici bas[1]. »

Les efforts que le marquis avait faits pour continuer ce discours, lui causèrent un excès de faiblesse qui pensa marquer son dernier soupir. Ses paroles émurent vivement Victoria. Il était minuit passé !… une lampe ne donnant qu’une lueur très-faible rendait les traits du mourant encore plus pâles. Un silence lugubre et solennel eut lieu pendant quelque tems : cette scène terrible faisait la plus grande impression sur Victoria, et ses seuls soupirs interrompaient un calme précurseur de la mort de son père.

Le bras refroidi du marquis tombait de son lit. Victoria l’appuya sur sa poitrine : il la regardait d’un air tendre et douloureux… ô ma fille ! s’efforça-t-il de prononcer encore, tu vas donc demeurer sans appui !… Une suffocation l’arrêta : mille souvenirs cuisans parcoururent rapidement son imagination… Soudain un bruit se fit entendre… les portes de l’appartement furent ouvertes et… oh ! non, ce n’était point un songe ! Laurina accourut se jeter aux pieds de son époux !

« Ciel que vois-je ! s’écria faiblement Lorédani, en essayant de se mettre sur son séant. Serais-je déjà dans le séjour des ombres, où l’on rencontre ses premiers amis ?

» Pardon, pardon, mon Dieu ! ô ! Lorédani, pardonnez-moi ! époux offensé, je vous demande grâce, en me prosternant contre terre… Ah ! je vous en supplie, n’emportez pas en mourant la haine qui m’est due… ne me maudissez pas à votre dernier soupir ! »

En s’exprimant ainsi, l’insensée Laurina cachait son visage couvert de honte, contre le lit de l’époux qu’elle avait si indignement trahi, et qui, à la fleur de ses ans, était victime de son inconduite.

Lorédani réussit pour un instant à tenir sa tête appuyée sur sa main : une expression céleste ranima ses traits ; il regarda la malheureuse repentante, qui versait un torrent de larmes, avec la pitié d’un ange. Faisant un signe à Victoria, il dit : « retire-toi, mon enfant, pour une minute ? » Quand sa fille se fut éloignée : Laurina, dit-il, d’une voix grave, levez-vous. »

Elle leva la tête, mais en se tenant toujours à genoux.

» Laurina, asseyez-vous sur ce siége, dit-il encore de la voix d’un homme qui sent n’avoir pas de tems à perdre, et ne veut rien dire d’inutile. Regardez-moi, Laurina ! »

Il y avait quelque chose de si impératif dans ces paroles, que la coupable femme ne put se défendre de le fixer.

» Il est encore en votre pouvoir de réparer le mal que vous avez fait… Sitôt que je serai dans la tombe, occupez-vous de chercher votre fils… ce fils qui a déserté le toit paternel à la nouvelle de votre inconduite ? cherchez-le, et s’il plaît au ciel que vous le retrouviez, quittez Venise avec lui et Victoria… Venise n’est plus un lieu de demeure pour vous, qui devez expier dans la retraite et par une conduite plus sage, les crimes dont vous vous êtes rendue coupable. Songez que vous avez exposé le bonheur et l’honneur de vos enfans, ce à quoi il se peut encore trouver du remède. Retirez-vous dans un endroit ignoré ; et lorsque le tems aura effacé vos fautes aux yeux du monde, et que vos enfans y pourront encore prétendre aux égards et à la considération, ramenez-les à un bonheur nouveau… Mais, ô Laurina ! tremblez de retourner au crime, à l’infamie… les malheurs les plus terribles en seraient la suite… Il n’y aurait plus de remède alors. Jamais cette nuit ne s’effacera de la mémoire de Victoria, si vous avez le courage d’abandonner la carrière du vice, et de lui donner, par de meilleurs exemples, un goût réel de la vertu et de l’honneur… Ô ! femme infortunée, vous, que j’aimais autrefois du plus tendre amour ! songez à mes recommandations : songez que vous répondez du sort de votre fille dans ce monde et dans l’autre… Prenez la noble résolution de la corriger par vos sages leçons, et surtout par votre exemple… faites-en le serment dans ce moment terrible, à mon lit de mort… Vous qui sûtes abandonner les fruits de l’hymen pour courir après un séducteur… préservez votre fille du mal et des dangers du mauvais exemple !

» Oh ! épargnez-moi… de grâce, épargnez-moi, s’écria la coupable Laurina dans les accens du désespoir ; je jure…

» Faites rentrer Victoria… dit le marquis, retenant son dernier souffle. Je n’ai pas une minute à vivre. »

Laurina se lève et appelle sa fille. « Vite… vite, mon enfant,… dit Lorédani, embrassez votre mère !… Laurina… jurez-moi maintenant de protéger et chérir votre fille… de la garantir du mal, de ne jamais l’abandonner.

» Je le jure, je le jure, dit Laurina, en sanglottant, et pressant convulsivement sa fille contre son sein.

» Victoria, jure-moi, ajouta bien bas le marquis, que tu oublieras les erreurs de ta mère, et imiteras ses vertus à l’avenir. »

» Je le jure, mon père, répondit Victoria, d’un ton solennel.

» Ô ! mon dieu !… je… je te remercie… je te rends grâce… embrasse-moi, Victo… ria… ma… ta main, Laurina… je te… pardonne… ô ! mon créateur… je meurs content !

Ainsi périt dans la force de l’âge, le noble Lorédani, victime de l’ingratitude d’un ami, et de la corruption d’une femme !

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  1. Cicéron.