Poésie de M. Henri Potez dans Le Monument de Marceline Desbordes-Valmore
1896
Poésie de M. Henri Potez
J’irai, j’irai porter ma couronne effeuillée
Au jardin de mon Père où revit toute fleur.
I
Poète au front pensif qui les as tant aimées,
À toi ces fleurs, – ces fleurs fraîches et parfumées,
Ces roses du pays natal,
Dont le souffle est si doux, quand des clartés mourantes,
Avant les clairs de lune et les nuits transparentes,
Baignent le ciel occidental.
Tu ressemblais aux fleurs ! — Les nocturnes haleines,
Les voix vagues des bois et le vol des phalènes
Flottaient sur ton léger sommeil.
Tu goûtais longuement, après les lourds orages,
Les soirs d’été, leurs chants d’eaux vives, leurs mirages,
Et leur rayonnement vermeil.
Tu ressemblais aux fleurs. — Tu consolais la vie.
Loin des sentiers foulés par la haine et l’envie,
Tu marchais, des fleurs dans les mains.
Pareille aux roses, dont la corolle est de flamme,
Tu disais, prodiguant les trésors de ton âme :
Prenez, ô mes frères humains.
Cette pourpre vivante et ces lueurs d’aurore,
Que le sol généreux de Flandre a fait éclore,
Cet arôme épars dans le vent,
Évoqueront pour toi la mémoire chérie
Des vergers disparus de la vieille patrie
Où ton enfance allait rêvant,