Pierre Antoine Berryer, Entrée de Napoléon et de Marie-Louise à Paris 1810


ENTRÉE


DE NAPOLÉON


ET


DE MARIE-LOUISE


À PARIS.



….. Deus nobis hœc otia fecit ;
Namque erit ille mihi semper Deus.

Virg., Ecl. I.



Mille cris jusqu’aux cieux montent de toutes parts,
L’organe des combats gronde sur nos remparts :
Il gronde… Ce n’est plus cette voix meurtrière
Qui renverse des camps la sanglante barrière,
Quand deux Peuples rivaux, précipitant leurs coups,
Arment l’un contre l’autre un funeste courroux ;
C’est le chant du triomphe, et le cri de l’ivresse !
Au milieu des transports d’une vive allégresse,
Nos frères, nos amis, à nos vœux sont rendus :
Une fille des Rois, belle de ses vertus,
Brillante des attraits qui parent Cythérée,
Nous ramène la paix si long-tems désirée ;
Sa main de tous les yeux vient d’essuyer les pleurs ;
Sa voix conciliera les esprits et les cœurs.

Favorisé des Dieux, armé de leur puissance,
Un Héros, à jamais l’idole de la France,
Un Héros, le modèle et le vengeur des Rois,
Au bruit de son courroux, au bruit de ses exploits,
Des Enfans d’Erynnis chassant l’indigne horde,
À son char triomphal enchaîna la Discorde.
Guerrier-Législateur, les Peuples à sa voix
Ont reconnu leur maître, ont adopté ses lois ;
Il marche le front ceint du sacré diadème.
Mais le Ciel devait plus à ce Héros qu’il aime ;
La victoire est toujours trop cruelle au vainqueur ;
La Paix, l’auguste Paix consolera son cœur ;
Thémis ennoblira le repos de Bellone :
La valeur fait les Rois, la Vertu les couronne.

Je vous atteste, ô Dieux ! pour réparer nos maux,
Quand vos puissantes mains guidèrent