Joseph Marchand, L’Université d’Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles (1900)
LIVRE I
LA CORPORATION UNIVERSITAIRE ET SON GOUVERNEMENT
CHAPITRE PREMIER
CONSTITUTION DE LA CORPORATION UNIVERSITAIRE
L’Université d’Avignon fut, dès son origine (1303)[1], et resta jusqu’à sa disparition, en 1792, une corporation de maîtres, gouvernée par les maîtres et à leur profit. À aucune époque de son histoire, on ne trouve la trace de l’intervention des étudiants dans l’administration du studium. Par ce trait absolument caractéristique, cette Université se rapproche de l’Université de Paris et des filiales de celle-ci, et elle se distingue très nettement non seulement de l’Université de Bologne, dont on l’a parfois rapprochée, mais encore d’autres Universités créées dans la France méridionale, celles de Montpellier et d’Aix, par exemple, qui, dans les premiers temps du moins de leur existence, admirent les écoliers dans leurs conseils.
Les docteurs en droit formèrent toujours, à Avignon, l’élément de beaucoup le plus nombreux et le plus actif de la corporation universitaire ; ils en furent, dès le début, les chefs incontestés, et en gardèrent jusqu’au dernier jour la direction. De cette prédominance exclusive, on trouvera plus loin les preuves les plus abondantes ; mais il importait de l’indiquer ici sans tarder. Pendant près de trois siècles, d’ailleurs, l’Université d’Avignon ne fut guère qu’une Université de droit, ou plutôt des droits, canonique et civil. La Faculté de médecine, quoique mentionnée dans la bulle de fondation de 1303, ne commença à se développer qu’au xvie et surtout au xviie siècle ; le chiffre de ses membres ne fut jamais très élevé. La Faculté de théologie, créée en 1413, ne comprit pendant longtemps qu’un petit nombre de religieux appartenant aux quatre ordres mendiants ; jusqu’en 1655, son doyen fut aussi son unique professeur public. Quant à la Faculté des arts, elle eut