Waverley/Chapitre XIX

Waverley ou Il y a soixante ans
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 5p. 178-185).


CHAPITRE XIX.

LE CHEF ET SON MANOIR.


L’ingénieux licencié Francisco de Ubeda, commençant son histoire de la Picara Justina Giez, qui, soit dit en passant, est un des livres les plus rares de la littérature espagnole, se plaint de ce qu’un cheveu se trouve pris dans le bec de sa plume ; il commence tout d’abord, avec plus d’éloquence que de sens commun, à raisonner, affectueusement toutefois, avec cet instrument utile, lui reprochant de n’être plus qu’une plume d’oie-volatile inconstant par sa nature, puisqu’il fréquente indifféremment l’eau, la terre et l’air, et qu’il ne s’attache en conséquence jamais à aucun des trois. Quant à moi, je t’assure, lecteur bénévole, que, sous ce rapport, mon opinion diffère entièrement de celle de Francisco de Ubeda, et que la qualité la plus utile que je reconnaisse à ma plume, consiste dans la faculté qu’elle possède de passer promptement du plaisant au sévère, aussi bien que d’une description et d’un dialogue à un caractère et un récit. De telle sorte que si ma plume ne conserve des penchants de sa mère l’oie que l’inconstance qui caractérise cette dernière, je m’estimerai fort heureux en vérité, et je pense que vous, mon digne ami, vous n’en éprouverez aucun sujet de déplaisir. Ainsi donc, du jargon des gillies des Highlands[1], je passe au caractère de leur chef. Nous allons nous livrer à un important examen : aussi, semblables à Dogberry[2], devons-nous faire usage ici de tout notre discernement.

Un des ancêtres de Fergus Mac-Ivor avait, il y a environ trois cents ans, adressé une réclamation à l’effet d’être reconnu chef du clan nombreux et puissant auquel il appartenait, et dont il n’est pas nécessaire de mentionner le nom. Un antagoniste qui avait plus de droits à ce titre, ou au moins plus de forces à opposer, ayant été préféré à ce Fergus, il se dirigea vers le sud, accompagné de ceux qui lui restaient attachés ; il cherchait, comme un second Énée, à former un établissement nouveau ; l’état dans lequel se trouvaient alors les Highlands du Perthshire favorisait ses projets. Un baron puissant de ce pays venait tout récemment de trahir les intérêts de la couronne : Jan (c’était le nom de notre aventurier de la famille des Fergus) se joignit à ceux qui étaient chargés par le roi de punir le traître, et il rendit des services d’une telle importance, qu’il obtint la cession de biens considérables sur lesquels il ne cessa de résider, et après lui sa famille. Jan suivit aussi le roi dans la guerre qu’il fit dans les régions fertiles de l’Angleterre, et, au milieu de cette expédition, il employa si activement ses heures de loisir à lever des subsides sur les habitants du Northumberland et du Durham, qu’à son retour il put élever une tour ou forteresse en pierre tellement admirée de ses partisans et de ses voisins, que lui, qui jusqu’alors avait été appelé Jan Mac-Ivor, ou Jan fils d’Ivor, fut ensuite distingué dans les chansons et la généalogie par le noble titre de Jan Nan Chaistel, ou Jean de la Tour. Les descendants de ce digne chef étaient si fiers de lui, que le chef régnant portait toujours le titre patronymique de Vich Jan-Vohr, c’est-à-dire, fils de Jean-le-Grand ; et le clan, pour être distingué de celui dont il s’était séparé, était généralement connu sous la dénomination de Sliochd Nan Ivor, race d’Ivor.

Le père de Fergus, dixième descendant direct de Jean de la Tour, prit la part la plus active dans l’insurrection de 1715, et fut forcé de fuir en France, les tentatives faites alors pour relever la maison des Stuarts ayant été infructueuses. Plus heureux que les autres fugitifs, il obtint du service dans l’armée française, et épousa, dans ce royaume, une femme d’un rang élevé qui le rendit père de deux enfants, Fergus et Flora ; ce dernier enfant était une fille. Les biens qu’il avait en Écosse avaient été confisqués et vendus ; mais ils furent rachetés à vil prix au nom du jeune Fergus, qui vint alors habiter les domaines de ses pères[3]. On s’aperçut bientôt qu’il possédait une vivacité d’esprit vraiment rare, qu’il était plein de feu et d’ambition : aussi, dès qu’il se fut pénétré de la situation du pays, il acquit peu à peu ce ton particulier et peu ordinaire, qu’on ne pouvait s’arroger qu’il y a soixante ans.

Si Fergus Mac-Ivor eût vécu soixante ans plus tôt, il est très-probable qu’il eût possédé moins de ces manières polies et de cette connaissance du monde dont il était doué ; et s’il eût vécu soixante ans plus tard, son ambition et son attachement aux lois auraient modéré l’ardeur qui le caractérisait personnellement. Il était vraiment, dans sa petite sphère, aussi parfait politique que Castruccio Castrucani lui-même. Il s’appliqua avec la plus vive ardeur à apaiser toutes les querelles et toutes les dissensions qui s’élevaient fréquemment au milieu des autres clans de son voisinage : aussi le prenaient-ils souvent pour arbitre de leurs discussions. Il fortifia sa propre autorité patriarcale au moyen de toutes les dépenses que sa fortune lui permettait de faire ; il employa tous les moyens pour maintenir cette hospitalité grossière mais abondante, attributs appréciés particulièrement chez un chef. Par la même raison, il remplit ses possessions de tenanciers braves et propres à la guerre, mais dont le nombre n’était pas proportionné aux productions que le sol pouvait offrir. Ces tenanciers se composaient surtout de ceux de son propre clan, et, autant qu’il était en son pouvoir de l’empêcher, il ne souffrait pas qu’ils quittassent ses domaines. Il s’attachait aussi quelques aventuriers du clan dont il descendait, et qui abandonnaient un chef moins guerrier, quoique plus riche, pour rendre hommage à Fergus Mac-Ivor ; même d’autres individus qui ne pouvaient alléguer cette excuse, étaient reçus dans ses domaines, dont l’entrée n’était refusée à aucun de ceux qui, comme Poins[4], étaient disposés aux coups de main, et désireux de porter le nom de Mac-Ivor.

Bientôt il put discipliner ses forces, ayant obtenu le commandement de l’une de ces compagnies indépendantes levées par le gouvernement pour maintenir la paix dans les Highlands. Tant qu’il fut revêtu de cette dignité, il sut agir avec vigueur et intelligence, et le plus grand ordre régna dans le pays où il commandait. Il fit entrer ses vassaux à tour de rôle dans sa compagnie, les faisant servir pendant un certain espace de temps, ce qui leur donna à tous des notions générales sur l’art militaire. Dans ses campagnes contre les bandits on s’aperçut qu’il s’arrogeait un pouvoir tout à fait discrétionnaire qui, tandis que les lois n’avaient point libre cours dans les Highlands, devait nécessairement appartenir à la force militaire appelée pour les appuyer. Ainsi, il traitait avec une indulgence tout à la fois grande et soupçonneuse les maraudeurs qui restituaient avec obéissance les prises qu’ils avaient faites et offraient de se soumettre personnellement à lui ; mais il usait de rigueur envers les pillards qui osaient mépriser ses observations ou ses ordres, et il les faisait saisir et livrer aux tribunaux. D’un autre côté, si des officiers de justice, des militaires ou des citoyens osaient poursuivre sur son territoire des voleurs ou maraudeurs sans avoir préalablement obtenu son consentement, ils pouvaient être certains d’échouer. Dans ces circonstances, Fergus Mac-Ivor était le premier à s’affliger avec eux : et après avoir blâmé avec quelque ménagement leur témérité, il ne manquait jamais de déplorer avec amertume l’insuffisance des lois du pays. Ces prétendues doléances n’éloignèrent point les soupçons, et tout ce qu’il se permettait alors fut si bien représenté au gouvernement, que notre chieftain[5] fut privé de son commandement militaire.

Dans cette circonstance, Fergus Mac-Ivor eut l’art de cacher toute apparence de mécontentement ; mais le pays d’alentour commença bientôt à ressentir les funestes effets de sa disgrâce. Donald Bean Lean, et autres de sa classe, qui bornaient alors leurs déprédations à quelques districts, parurent dès lors s’être établis sur cette malheureuse frontière ; ils ne trouvaient dans leurs ravages que peu d’opposition, les habitants des Lowlands ayant presque tous été désarmés comme jacobites. Ce fut ce qui obligea beaucoup de ces habitants à passer, en faveur de Fergus Mac-Ivor, le contrat de black-mail, par suite duquel ils le reconnaissaient pour leur protecteur ; ce qui lui donnait une grande autorité dans toutes leurs contestations, et lui procurait des fonds pour exercer son hospitalité féodale, que la suppression de sa charge eût autrement diminuée d’une manière sensible.

En se conduisant ainsi, Fergus avait bien un autre objet que celui d’être uniquement le grand homme de son voisinage et d’avoir sur un petit clan une autorité despotique. Depuis son enfance il s’était voué à la cause de la famille exilée, et il était convaincu que non seulement son rétablissement sur le trône de la Grande-Bretagne serait prompt, mais que ceux qui l’auraient facilité recevraient en retour un rang et des honneurs. C’était dans ce but qu’il s’efforçait de réconcilier les Highlandais, et qu’il donnait à ses propres forces tout l’accroissement possible, afin de se trouver prêt à la première occasion favorable. Toujours dans ce but, il se concilia la faveur de tous les gentilshommes des Lowlands, ses voisins, qui étaient attachés à la bonne cause ; et pour la même raison, ayant eu antérieurement, sans le vouloir, quelque discussion avec M. Bradwardine, qui, malgré son originalité, était très-respecté dans le pays, il sut tirer avantage de l’excursion de Donald Bean Lean, en apaisant la discussion de la manière que nous venons de mentionner. Quelques-uns même soupçonnèrent que Fergus avait suggéré à Donald la pensée de cette entreprise, afin de se préparer ainsi un moyen de réconciliation qui, en supposant que tout se fût passé comme quelques personnes le pensaient, avait coûté eau laird de Bradwardine deux excellentes vaches à lait. Ce zèle pour la maison des Stuarts lui attira de leur part une confiance illimitée, quelquefois des sacs de louis d’or, une grande quantité de belles paroles, et un parchemin signé et scellé, constatant que le titre de comte était accordé par le roi Jacques, troisième du nom en Angleterre et huitième en Écosse, à son féal, brave, fidèle et bien-aimé Fergus Mac-Ivor de Glennaquoich, du comté de Perth, au royaume d’Écosse.

Muni de cette future couronne de comte qui brillait à ses yeux, Fergus paya de sa personne dans toutes les conspirations qui signalèrent cette malheureuse époque, et, de même que tous les agents actifs d’un parti, il trouva facilement dans sa conscience l’excuse des excès que se permettait le sien ; et certainement l’honneur et l’orgueil l’eussent détourné de ces excès, s’il n’avait eu pour objet que son avancement personnel. Après cette analyse d’un caractère hardi ambitieux, passionné, mais fin et politique, nous reprendrons le fil interrompu de notre récit.

Le chef et son hôte étaient alors arrivés à la demeure de Glennaquoich, qui consistait dans le manoir de Jan Nan Chaistel. C’était une tour haute et carrée, d’un aspect grossier, à laquelle on avait ajouté une maison à deux, étage. L’aïeul de Fergus l’avait fait construire an retour de cette mémorable expédition si bien connue dans les comtés de l’ouest sous le nom de Highland Host. Vich Jan Vohr avait probablement été aussi heureux dans cette croisade contre les whigs et les convenantaires du comté d’Ayr, que l’avait été son prédécesseur lors de son excursion dans le Northumberland, puisqu’il laissa à sa postérité, comme monument de sa magnificence, un édifice rival de la tour élevée par Jan Mac-Ivor.

Autour de ce château, élevé sur une éminence au milieu d’une vallée étroite des Highlands, on n’apercevait aucune trace de ces soins, encore moins de ces ornements qui décorent ordinairement les lieux environnant l’habitation d’un gentilhomme. Un enclos ou deux, divisés par des murs en pierres sans ciment, étaient les seules parties du domaine qui fussent défendues. Les étroites lisières de terrain qui s’étendaient sur les bords du ruisseau présentaient des champs d’orge peu abondants, exposés en outre aux constantes déprédations des troupeaux de chevaux sauvages et de bétail noir qui paissaient sur les coteaux voisins. Ces troupes d’animaux faisaient même quelquefois une incursion sur les terres labourables ; mais alors ils étaient repoussés par les cris bruyants, barbares et dissonnants d’une demi-douzaine de bergers highlandais, courant tous comme des fous et appelant un chien étique et affamé, pour défendre les terres confiées à leur garde. À une petite distance, vers le haut du vallon, on apercevait un bois de bouleaux petits et rabougris ; les coteaux étaient élevés et couverts de bruyères, mais la surface n’en était point variée : aussi l’ensemble du paysage était-il triste et sauvage, plutôt que grand et solitaire. Cependant, quel que fût ce séjour, aucun véritable descendant de Jan Nan Chaistel ne l’eût changé pour celui de Stow ou de Bleinheim[6].

Vis-à-vis de la porte du manoir, un tableau se présenta aux yeux de Waverley, et ce tableau était tel qu’il eût peut-être frappé plus agréablement le premier propriétaire de Bleinheim que le plus beau paysage des possessions que lui avait concédées son pays à titre de reconnaissance. Cent Highlandais environ étaient rangés avec ordre et couverts de leurs costumes et de leurs armes. Les ayant aperçus, le chieftain s’excusa auprès de Waverley avec un certain air de négligence : « J’avais oublié, dit-il, de vous avertir que j’avais ordonné à quelques-uns de mes vassaux de se trouver sous les armes, à l’effet de voir s’ils étaient équipés et armés de manière à pouvoir protéger le pays, et prévenir des accidents de la nature de celui qu’a éprouvé le baron de Bradwardine, dont la nouvelle m’a causé un véritable déplaisir. Avant que je les congédie, peut-être, capitaine Waverley, désirerez-vous les voir se livrer à leurs exercices ordinaires ? »

Édouard fit un signe affirmatif, et les Highlandais exécutèrent avec agilité et précision quelques-unes des évolutions militaires généralement en usage. S’étant ensuite séparés, chacun d’eux visa un but, afin de montrer leur dextérité extraordinaire dans le maniement du pistolet et de l’arquebuse. Ils visaient, selon le commandement, ou debout, ou assis, ou penchés, ou couchés, et toujours avec succès ; bientôt ils se mirent deux à deux pour le combat à l’épée, et après avoir fait preuve de leur adresse et de leur dextérité individuelles, ils formèrent deux corps séparés et commencèrent une bataille simulée : la charge, la fuite, le ralliement, la poursuite, étaient représentés au son de la grande cornemuse de guerre.

À un signal du chef, l’escarmouche cessa ; ils formèrent alors des parties pour la course, la lutte, le saut, le jeu de la barre, et autres, dans lesquels cette milice féodale déploya une adresse, une force et une agilité incroyables ; elle accomplit ainsi le but que le chieftain avait à cœur, qui était de produire sur l’esprit de Waverley une forte impression, en lui montrant le mérite de ses gens comme soldats, et le pouvoir de celui qui les faisait obéir par un seul signe[7].

« Et quel est le nombre de ces braves qui sont assez heureux pour vous appeler leur chef ? » demanda Waverley.

« Dans une bonne cause et sous un chef qu’ils aiment, la race d’Ivor fournit rarement moins de cinq cents claymores : mais vous savez sans doute, capitaine Waverley, que le désarmement opéré il y a à peu près vingt ans empêche que le nombre de nos hommes prêts à combattre soit aussi considérable qu’autrefois. Je n’ai sous les armes qu’un nombre d’hommes suffisant pour défendre mes propriétés et celles de mes amis, quand le pays est troublé par des hommes comme votre hôte de la nuit dernière. Le gouvernement nous ayant ôté tous autres moyens de défense, ne doit point trouver étrange que nous nous protégions nous-mêmes. »

« Mais, avec ce nombre d’hommes, il vous serait facile de détruire ou de soumettre la troupe de Donald Bean Lean. »

« Oui, sans doute ; et pour récompense je me trouverais obligé de remettre au général Blackney, à Stirling, le peu d’armes qui nous ont été laissées : ce serait agir sans discernement, je crois. Mais allons, capitaine, le son des cornemuses m’annonce que le dîner est servi ; que j’aie donc l’honneur de vous recevoir dans mon rustique manoir. »


  1. Gillies, mot qu’il est impossible de bien traduire, et dont la signification renferme les diverses personnes attachées à un chieftain highlandais. a. m.
  2. Personnage ridicule d’une pièce de Shakspeare, intitulée : Much ado abot nothing, beaucoup de bruit pour rien. a. m.
  3. Cette circonstance se présenta plusieurs fois. Ce ne fut réellement, observe l’auteur, qu’après la destruction totale de l’influence des clans, après 1745, qu’on put trouver des acquéreurs qui offrissent un prix raisonnable des biens confisqués en 1715. Ces biens furent alors mis en vente par les créanciers de la compagnie des constructeurs d’York, qui avait acheté le tout ou la plus grande partie au gouvernement, et à un prix très-modique. Même à l’époque de 1745, les préventions du public en faveur des héritiers des familles dont les biens avaient été confisqués apportèrent divers obstacles à la vente de ces propriétés. a. m.
  4. Un des personnages de la tragédie de Shakspeare, intituée Henri IV. a. m.
  5. Cette espèce de jeu politique, dit l’auteur, attribué à Mac-Ivor, fut réellement joué par quelques chefs des Highlands, et par le célèbre lord Lovat, en particulier, qui eut recours à cette sorte de finesse, et la poussa jusqu’au dernier degré. Le laird de Mac était aussi capitaine d’une compagnie indépendante : mais il savait trop apprécier les douceurs que lui procurait sa solde pour courir le risque de la perdre en servant la cause jacobite. Sa femme eut le courage de faire lever son clan et de marcher à sa tête en 1745. Mais le chef lui-même refusa de prendre part à cette rébellion, ne voulant point reconnaître d’autre monarque que celui qui donnait au laird de Mac une demi-guinée par jour. a. m.
  6. Stow, fameux jardins d’Angleterre. Bleinhem, domaine donné par la reine Anne au duc de Marlborough, en récompense de ses services dans la guerre contre la France. a. m.
  7. Pour donner l’explication des exercices militaires observés au château de Glennaquoich, l’auteur fera remarquer que les Highlandais, non seulement maniaient avec habileté l’épée, l’arquebuse, et étaient experts aux jeux et exercices adoptés dans toute l’Écosse, mais qu’encore ils avaient une sorte de jeu tout particulier, conforme à leur costume et à leur manière de se battre. Ainsi ils avaient plusieurs manières de disposer leur plaid, une quand ils voyageaient tranquillement, une autre quand il y avait quelque danger à craindre ; une manière de s’envelopper dedans pour goûter un sommeil non interrompu, et une autre au moyen de laquelle ils pouvaient se lever, à la moindre alarme, l’épée et le pistolet à la main.
    Avant l’année 1720, ou à peu près, le plaid à ceinture était universellement adopté ; la partie qui entourait le milieu du corps et celle qui tombait sur les épaules ne formaient qu’une seule pièce. Dans une attaque désespérée, le plaid était jeté, et le clan s’avançait dépouillé de son costume, ne conservant qu’une espèce de chemise arrangée artificiellement, et qui, comme celle des Irlandais, était toujours ample, et de plus le sporran-mollac, ou bourse en peau de chèvre.
    La manière de tenir le pistolet et le dirk ou poignard, faisait aussi partie de l’exercice manuel des Highlandais, que l’auteur a vu faite par des hommes qui l’avaient appris dans leur jeunesse. m. a.