Voyages, aventures et combats/Tome 2 - Chapitre 8

Alphonse Lebègue, Imprimeur-éditeur (Tomes 1 & 2p. 76-87).

VIII

Une fois ces combats de taureaux, comme on n’en a jamais vu qu’à Madagascar, terminés par une catastrophe aussi sanglante, vinrent des tours d’adresse et de force réellement merveilleux ; puis enfin, pour clore la fête, on improvisa un homérique repas. Cent feux s’allumèrent comme par enchantement, cent cuisines furent dressées en un clin d’œil, au milieu de la plaine et sur les bords de la lagune. Des arbres entiers abattus et livrés à la flamme servirent à faire cuire les trente taureaux immolés pendant le combat. Quant aux moutons et aux pièces de gibier, on ne les considérait, au milieu de ce rôtissage fantastique, que comme de simples hors-d’œuvre.

La nuit tombait et toute la population de Mazangaïe était en proie à une ivresse complète, lorsque le capitaine Cousinerie nous ordonna de retourner à bord. Une heure plus tard le Mathurin abandonnait, pour n’y jamais revenir, la côte de Madagascar !

De Mazangaïe nous nous dirigeâmes vers l’archipel des Séchelles, où nous complétâmes notre cargaison par un chargement de tortues. Notons en passant que ce parage est, sans contredit, le plus poissonneux qui existe dans le monde entier.

Notre chargement terminé, nous reprîmes la mer ; et malgré les apréhension que nous causait le navire de guerre the Victory, nous arrivâmes enfin, après une fort heureuse traversée, à l’Île de France. Mon premier soin,

en mettant pied à terre, fut de me rendre chez l’excellent M. Montalant, qui déjà connaissait par la rumeur publique l’entrée du Mathurin en rade. Il me questionna avec empressement sur la reine de Bombetoc, que l’accomplissement de notre mission devait dépopulariser à l’île de France, et il s’amusa beaucoup de la différence qui existait entre la réalité et les suppositions auxquelles on s’était livré jusqu’à ce jour sur le compte de ce mystérieux personnage.

Nous causâmes des mœurs malgaches, lorsqu’un nègre entra dans le salon et annonça à M. Montalant le capitaine Maleroux.

— Parbleu ! mon cher Louis, me dit mon hôte, vous jouez de bonheur ! Le capitaine Maleroux se trouve en tête de ces intrépides corsaires dont les exploits atteignent les limites de l’impossible… C’est en outre le meilleur homme que je connaisse !… Il arme en ce moment un petit trois mâts et se prépare à une expédition importante, peut-être bien pourrez-vous vous entendre avec lui.

Mon hôte achevait à peine de prononcer ces paroles lorsque le capitaine Maleroux se présenta. Agé de près de quarante ans, il était d’une taille moyenne et d’une corpulence vigoureuse. Sa carnation basanée s’harmonisait admirablement bien avec ses yeux d’un noir de jais. Ses traits, empreints, malgré leur caractère plein de vigueur, d’une bonhomie remarquable, présentaient une grande régularité ; seulement son front était un peu proéminent.

M. Montalant m’ayant présenté à lui comme le favori du capitaine l’Hermite et comme l’un des survivants de la Preneuse, Maleroux me serra cordialement la main.

— Mon cher ami, me dit-il, je suis heureux de vous rencontrer, car il est probable que je pourrai vous être utile… J’ai déjà engagé plusieurs de vos amis de la Preneuse ; votre ancien chef de timonerie, Huguet, en qualité de lieutenant, et votre contremaître, Legoff, comme mon maître d’équipage… sans compter plusieurs matelots. Voulez-vous être mon second chef de timonerie ? C’est la seule place qui puisse vous convenir, dont il me soit encore permis de disposer. Nous partons dans huit jours.

— Ma foi, volontiers, capitaine, lui répondis-je, jusqu’à présent j’ai assisté à beaucoup de combats, mais je n’ai touché que fort peu de parts de prise. Sans parler de l’honneur de servir sous vos ordres, je ne serais pas fâché de rétablir un peu l’équilibre dans mes finances…

— Eh bien alors, c’est entendu ! Venez me voir demain, vers les dix heures, au grand café de la Grande-Rue, et je vous présenterai à mon état-major.

Le lendemain, fidèle au rendez-vous de mon nouveau capitaine, j’arrivai à l’heure qu’il m’avait désignée, et je le trouvai sur le point de se mettre à table : il me plaça à ses côtés, car parmi les corsaires la hiérarchie des grades est peu observée, et il me fit faire connaissance d’abord avec son second, un nommé Duverger, Normand pur sang, qui je l’avoue, ne me plut que fort médiocrement ; ensuite avec son chef de timonerie, appelé Lamorthe. Quant à son lieutenant, Huguet, et à son maître d’équipage, Legoff, j’avais déjà, je l’ai dit, fait avec eux la fameuse croisière de la Preneuse. Nous nous revîmes avec un sincère plaisir.

Le capitaine Maleroux, que tout le monde connaissait et estimait à l’île de France, était, ainsi que le fameux Deschiens, dont la réputation ne périra jamais dans les mers de l’Inde, et qui, pendant la guerre de 1777, opéra, par ses exploits fabuleux et par les désastres qu’il occasionna aux Anglais, une diversion extrêmement favorable à Suffren, le capitaine Maleroux, dis-je, était, ainsi que Deschiens, Le Même, Surcouf et Dutertre, un enfant de la Bretagne.

D’une intrépidité et d’un sang-froid inouïs, excellent marin, d’un esprit vif, déterminé, plein d’à-propos, Maleroux n’était cependant presque jamais heureux dans ses courses ; il pouvait compter chacun de ses combats, et Dieu sait s’ils étaient nombreux, par une grave blessure ; il avait même remarqué que, par une fatalité qui montrait à quel point la chance se tournait toujours contre lui, c’était le dernier coup de feu ou le dernier coup de hache qui l’atteignait. Aussi devait-il à cette idée qu’un mauvais génie s’acharnait à sa destinée, un caractère triste et taciturne. Presque jamais on ne le voyait sourire. Toutefois, malgré sa tristesse, ses préoccupations et ses souffrances, rarement il adressait la parole à un homme de son équipage sans l’appeler son ami ; personne ne se rappelait l’avoir vu se livrer une seule fois à un mouvement d’humeur. C’était la bonté personnifiée, la bienveillance poussée jusqu’à l’abnégation chrétienne.

Son second, le Normand Duverger, présentait avec lui un contraste frappant : autant Maleroux était désintéressé et obligeant, autant ce dernier se montrait rapace, avare et égoïste. Au demeurant, marin capable et intelligent, il occupait à juste titre son grade de second.

Quant à l’équipage de l’Amphitrite, c’était le nom du navire que commandait le capitaine Maleroux, il se composait de cent trente frères la Côte.

Enfin, l’Amphitrite était un petit trois-mâts armé de seize canons. On voit que les éléments de succès ne nous manquaient pas ; et nos parts de prise futures se fussent cotées à fort bon prix, si la réputation de malheur que possédait Maleroux ne les eût un peu dépréciées.

Ce fut vers la fin de 1799 que nous partîmes de l’île de France. Notre navigation fut assez heureuse en ce sens que nous jouîmes d’un beau temps, car personne parmi nous, excepté toutefois le second, ne savait au juste quelles étaient les intentions du capitaine.

Après avoir atteint les abords de la mer Rouge, nous venions de passer le détroit de Badel-Mandeb, lorsque nos vigies signalèrent un trois-mâts montant vingt-quatre canons en batterie et six sur son gaillard.

Maleroux, qui se trouvait alors sur le pont, saisit avec empressement sa longue-vue et la dirigea aussitôt sur le navire en vue.

— Ma foi, messieurs, nous dit-il après un rapide examen, je crois, Dieu me pardonne, que cette fois la chance se déclare en ma faveur ! Cependant, cela serait si heureux, que je n’ose encore me vanter. Attendons !

Nous forçâmes de voiles, et la distance qui nous séparait du trois-mâts ne tarda pas à se raccourcir. Il était évident que nous le gagnions de vitesse main sur main.

— Ah ! parbleu ! s’écria Maleroux en souriant, ce qui ne lui arrivait jamais, le doute ne m’est plus possible ! Oui, c’est bien lui ! Mes amis, continua-t-il, ce navire que nous chassons renferme dans ses flancs d’innombrables richesses ; il est chargé d’or, d’argent, de pierres précieuses ! Sa capture doit nous rendre tous riches, à jamais ! Une simple part de prise de matelot sera une fortune.

On conçoit l’effet prodigieux, immense, que ces paroles de Maleroux produisirent sur l’équipage : un grand silence régna sur le pont, et le capitaine, après avoir, tant il lui était difficile de s’habituer à une réussite, examiné de nouveau le trois-mâts, reprit d’un air joyeux :

— Ce navire, mes chers amis, est un navire arabe qui transporte annuellement à la Mecque les riches offrandes des sectaires de Mahomet disséminés sur le territoire de l’Indoustan… Les Anglais, pour se donner de l’importance et du crédit auprès de ces peuples, leur ont conseillé de naviguer sous les couleurs britanniques !… Ce navire, vous le voyez, nous appartient !

Un immense hourra accueillit ces explications du capitaine : notre équipage était fou de joie.

Enfin nous approchâmes le galion, qui en effet arbora le pavillon anglais : son pont est couvert de monde ; il s’empresse de prendre, et nous l’imitons, toutes ses dispositions de combat.

Malgré l’infériorité de nos forces, personne ne songe seulement, à bord de l’Amphitrite, à mettre en doute notre victoire. Ce navire renferme des millions, ce navire doit nous appartenir.

Toutefois, la proie que nous convoitons est si belle, que notre capitaine ne néglige aucune précaution pour l’attaquer avec les meilleures chances possibles de succès : on lui gagne le vent ; mais à peine l’Amphitrite est-elle par son travers, que le navire arabe nous salue d’une bordée générale. Cette décharge, heureusement mal pointée, ne nous causa que de légères avaries.

— Ne tirez pas, mes chers amis, s’écrie Maleroux d’une voix de tonnerre, ne tirez pas ! Fiez-vous à mon expérience ; je connais la tactique des navigateurs arabes des côtes de l’Inde, et je sais quel compte je dois tenir de leur courage… Ne tirez pas encore ! Je veux mettre d’un seul coup ce navire hors de combat !

Le sage et expérimenté Maleroux avait raison : bientôt nous laissons porter sur l’arabe comme si notre intention était de l’aborder, tandis que nos hommes, afin de mieux le confirmer encore dans cette idée, montent sur les bastingages et dans les haubans.

Encore quelques secondes et nous l’accostons à une demi-portée de pistolet ; alors l’équipage du galion, donnant dans le piège que vient de lui tendre si habilement Maleroux, abandonne à la hâte les canons qu’il n’a pas eu le temps de recharger, et se précipite tumultueusement en dehors des murailles et sur les agrès afin de repousser notre abordage, peut-être même aussi pour prendre l’initiative et nous attaquer. Oui : mais au moment où les Osmanlis croient n’avoir plus désormais qu’à envahir notre pont et à nous tailler en pièces, ce qui doit leur paraître chose facile, tant ils nous sont supérieurs en nombre, l’Amphitrite revient du lof et éclate comme un volcan ! Nos caronades, bourrées de mitraille jusqu’à la gueule, et cent espingoles contenant chacune six balles, inondent d’une pluie de fer et de plomb l’équipage du navire arabe à découvert, et couvrent son pont d’un monceau de cadavres !

Dès lors, une horrible confusion règne à son bord. Ses canons, les uns démontés, les autres mal servis, ne peuvent soutenir le feu roulant de notre artillerie ; quant à notre équipage, que la perspective des millions si habilement révélés par Maleroux un peu avant le commencement du combat enflamme d’une ardeur sans pareille, il ne craindrait pas de se mesurer, dans cette heure de délire, contre un vaisseau de 80.

Après avoir subi pendant une heure notre terrible canonnade, le galion, hors d’état de pouvoir résister davantage, substitue au pavillon anglais le pavillon arabe !

— Il est trop tard ! s’écrie Maleroux en s’apercevant de ce changement. Feu toujours, mes amis, feu sans pitié sur les traîtres !… Je ne puis pardonner aux Arabes qui nous ont massacrés sous les couleurs anglaises… Feu sans discontinuer, jusqu’à ce qu’ils amènent leur pavillon.

Trois fois de suite l’Amphitrite vomit une trombe de fumée, de flamme et de fer sur le navire ennemi, qui tressaille à chaque bordée jusque dans ses fondements, et abaisse enfin sa bannière devant les couleurs françaises.

— Monsieur Huguet, s’écrie le capitaine, prenez trente hommes avec vous et aller amariner la prise. La frayeur de ces gens est telle que cette force vous sera suffisante !

En effet, notre embarcation aborde le vaisseau arabe, qui se nommait la Perle, et en prend possession sans éprouver la moindre résistance.

Nous employâmes le reste de la journée à réparer les légères avaries que nous avait causées le feu mal dirigé de l’ennemi, puis ensuite à transborder nos prisonniers arabes sur quelques caboteurs de la côte, qui n’osèrent nous refuser de se charger d’eux. Enfin, profitant du beau temps des jours suivants, nous entassâmes à bord de l’Amphitrite sans qu’aucun accident n’entravât cette opération, et en ayant soin de les enregistrer et de les inscrire au fur et à mesure qu’on les apportait, l’or, l’argent, les pierreries et les objets précieux que renfermait la Perle.

Cinquante magnifiques chevaux arabes qui se trouvaient à bord de notre prise furent la seule capture que nous laissâmes à son bord.

À présent, il me serait tout à fait impossible de décrire l’espèce d’enivrement qui s’était emparé de notre équipage à la vue des prodigieuses richesses que nous venions de conquérir. Chaque homme supputait, selon son ambition et selon ses désirs, la part qui lui revenait, et tous, les plus ambitieux comme les plus modestes, trouvaient que leurs calculs atteignaient à une limite qui ne leur laissait rien de plus à désirer. Notre second, le Normand Duverger, ne pouvait surtout contenir sa joie. Ses lèvres minces étaient continuellement entrouvertes par un sourire perpétuel qui lui donnait presque l’air bonhomme ; armé d’un crayon et d’un carnet, il alignait, pendant toute la journée, depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher, colonnes de chiffres sur colonnes, et lorsque la nuit le surprenait dans cette douce occupation, il semblait sortir d’un rêve : le jour ne lui avait pas semblé durer plus d’un quart d’heure.

Un homme, cependant, qui éprouvait de notre capture une joie plus vive encore que celle du Normand, était notre brave capitaine ; non pas qu’il fût cupide, loin de là ; mais il voyait dans notre prodigieux et éclatant succès la fin de cette fatalité tenace qui jusqu’alors avait si lourdement pesé sur lui. Son bonheur était même si profond, que, par moments, il se refusait à y croire. « Il est impossible que cela se passe ainsi, disait-il, vous verrez qu’il nous arrivera quelque malheur inattendu. »

Comme la mer était belle, les vents favorables et nos cœurs ivres de joie, nous n’attachions aucune importance à ces tristes prophéties, nous nous figurions dans notre joyeux délire que le monde entier nous appartenait. Hélas ! un horrible et épouvantable coup de tonnerre devait bientôt nous arracher à nos beaux songes.

Le cinquième jour qui suivit notre triomphe éclairait à peine l’horizon, lorsque nous aperçûmes, au premier rayon du soleil levant, deux navires de différentes grosseurs naviguant dans nos eaux. En une seconde tous les yeux de l’équipage se fixèrent sur eux avec une curiosité pleine d’anxiété ; mais ils se trouvaient à trop grande distance de nous pour qu’il nous fût possible de reconnaître leur nature et leur nationalité.

Vers les huit heures, nous acquîmes la certitude qu’ils nous chassaient, et nous devinâmes, à l’incontestable supériorité de leur marche, quels adversaires nous allions avoir à combattre. Le premier de ces deux navires qui concentra d’abord notre attention, était un fort trois-mâts portant vingt-deux bouches à feu en batterie, plus deux canons sur son gaillard d’arrière ; le second, une goélette, qui nous parut lui servir de mouche, était armé de quatre canons et de deux obusiers.

— Vous voyez, mes amis, nous dit le capitaine Maleroux d’un air résigné et mélancolique, que je n’avais pas tort de compter sur ma mauvaise chance ! Au total, cela ne fait rien… Il ne s’ensuit pas que, de ce qu’il va y avoir un peu de besogne, nous devions nous considérer déjà comme perdus !… Cent trente frères la Côte, commandés par un capitaine comme moi, c’est-à-dire par un bon garçon, qui connaît son métier, je puis avouer sans orgueil, c’est connu… cent trente frères la Côte, donc, tous riches comme des négociants et des propriétaires, et portant leur fortune avec eux, ne sont pas si faciles à avaler qu’un œuf à la coque ou un verre de vin !… Donc, avec ou sans votre permission, je compte donner une telle brossée à cet Anglais incivil et gourmand qui veut nous happer au passage, qu’il s’en ressouviendra longtemps !

— Vive Maleroux ! vive le capitaine ! s’écria notre équipage plein d’ardeur.

Notre brave Breton, après cette belle harangue, ordonne sur-le-champ à la Perle d’engager la goélette en temps opportun, tandis que l’Amphitrite prêtera côté à la corvette.

Ces dispositions bien arrêtées, Maleroux, qui à l’heure du combat oublie toujours sa tristesse habituelle et devient l’homme le plus actif et le plus animé de son bord, Maleroux se mêle de nouveau à l’équipage, qu’il enflamme par ses exhortations et par ses récits.

En effet, rien ne répugne davantage ordinairement aux corsaires que d’en venir aux mains avec les navires de guerre ; ils éprouvent pour ces combats stériles où leur valeur n’est pas récompensée par l’État et où leur liberté court de si grands dangers, une aversion presque insurmontable ! Seulement, cette fois, il s’agit de sauver de telles richesses, que pas un matelot ne faiblit ! Tous jurent de succomber plutôt dans la lutte qui va avoir lieu, que de céder, dans quelque position critique qu’ils puissent se trouver, à l’ennemi qui ose les attaquer.

Notre second, le Normand Duverger, est blême de fureur : il parle peu, mais on devine facilement à l’éclat fébrile de son regard, à ses narines gonflées, à ses lèvres minces, crispées par la colère, qu’au lieu de craindre l’heure du combat il l’appelle de tous ses vœux, et qu’elle le trouvera implacable et sans pitié !

En attendant, la chasse continue ; mais la Perle, que nous ne voulons pas abandonner et qui marche moins bien que nous, nous force de diminuer notre vitesse, et les vaisseaux ennemis nous gagnent main sur main. Encore une heure, et les voilà à portée de mousquet de nous ! Aussitôt, une vive canonnade s’engage, nous tirant en retraite et l’ennemi en chasse.

Le sort en était jeté ; le combat devenait inévitable.

À midi, la corvette anglaise – car elle avait arboré ses couleurs nationales – ayant gagné le vent, le feu s’engagea avec fureur entre elle et nous aussitôt que nous pûmes croiser efficacement nos boulets.