Vitraux/Repose-toi, mon cœur, après la tâche faite

Léon Vanier, éditeur (p. 15-16).


Solve vincla ! fuge lemur !
Amore, nunc, foveamur :
Per te, virgo, virginemur.
L. T.


Repose-toi, mon cœur, après la tâche faite
Et, sachant les douleurs dont tu voulus mourir,
Goûte le miel d’après-midi que va t’offrir
Celle de qui les yeux sont ta dernière fête.

Repais-toi de l’or clair où dorment ses cheveux
Et de sa voix où chante une lyre suprême ;
Voici l’amour et le pardon ! Reçois le chrême
Pacifiant de ses angéliques aveux.

Que t’importe l’orgueil saignant par vingt blessures
Et hurlant comme un loup tombé sous les épieux,
Si tu la vois enfin, l’amante aux bras pieux
T’offrant le renouveau de ses tendresses sûres !


Que t’importe l’hiver, sinistre compagnon
De la tristesse indéfectible qui te navre !
N’est-elle pas la verte Atlantide et le havre
Où tu reconnaîtras le pays de Mignon ?

Les passions et les dégoûts mènent leurs courses.
Que t’importe, mon cœur, ce banal évohé !
Tu sais qu’elle est pareille aux fonts de Siloë
Qui changeaient en douceur l’amertume des sources.

Tu sais qu’elle a gardé l’inaltérable espoir
De ta jeunesse, et sa ferveur, et qu’autour d’elle
S’épanouit l’éclat d’un automne fidèle
Et nage le parfum alangui d’un beau soir.