Imprimerie du Devoir (p. 45-46).


RÊVES DE NOËL


Voici Noël : Je rêve à l’humble maisonnette
Des simples et des inconnus ;
Je rêve un bon gros feu de cèdre et d’épinette
Pour chauffer les pieds qui sont nus.

Je rêve que les bons, dont la vie est amère,
Ce soir ne sont pas oubliés,
Et que les petiots sans famille et sans mère
Ont des joujoux dans leurs souliers.

Je rêve que les morts : nos chers vieux et nos vieilles,
Viennent comme en un rendez-vous,
Les hommes vigoureux et les femmes vermeilles,
Pour manger le pain avec nous.


Je rêve qu’aux détours sinistres de la route
On ne voit plus personne errer ;
Je rêve qu’il n’est plus de grande âme en déroute,
Ni de beaux yeux faits pour pleurer.

Je rêve pour les fils de la noble souffrance
La promesse des jours plus beaux ;
Je rêve plus d’amour, surtout plus d’espérance,
Et moins d’oubli sur les tombeaux !…

Je rêve un avenir radieux et prospère
Pour mon pays et pour ses lois ;
Je rêve un Canada qui garde et qui vénère
Ses doux cantiques d’autrefois !