Vingt-quatre Sonnets/Le Papillon

Traduction par Francis de Miomandre.
Vingt-quatre SonnetsFrançois Bernouard (p. 50-51).




Le Papillon



Le papillon non seulement n’est pas lâche, mais il est téméraire : fatalement aveugle, ce que la flamme refuse même au phénix, obstinément il veut qu’elle le réserve à ses ailes.

Car, pour son malheur, il s’est repenti trop tard d’avoir été attire par la splendeur : il court à ce qui brille et, dans son ambition, livre son vol fragile à ce qui brûle.

Il gît, plein de gloire, dans cette tombe que lui a délicatement préparé une courte épingle, — félicité suprême à faute suprême.

Si le feu brûle le papillon, comment mon ambition à moi, moins haute et plus légère, ne serait-elle pas réduite en cendres ?