Vingt-quatre Sonnets/Immortalité

Traduction par Francis de Miomandre.
Vingt-quatre SonnetsFrançois Bernouard (p. 44-45).



Immortalité


Pâle, elle restitue à ses éléments sa splendeur de pourpre, la chaste rose qui, quelque temps, sur son arbuste épineux mais doux, fut la gloire du soleil et la louange du vent.

La même suave haleine qu’elle expirait dans sa fraîcheur, elle l’exhale, flétrie mais toujours belle ; elle ne gît point sur la terre, non, mais elle y repose, et n’admet pas encore la dureté de son destin.

Ses pétales en poussière, oui, mais non pas son parfum, l’Andalousie natale les pleure, ses beaux pétales que, même en poussière, dore le reflet du Tage maternel.

Et dans la campagne renouvelée, elle est aujourd’hui de ces fleurs qu’illumine une autre aurore meilleure dont les gouttes de l’éphémère rosée sont les étoiles.