Vie du pape Pie-IX/Pie IX roi

CHAPITRE VIII.

Pie IX roi.

« Pie IX prie, bénit et pardonne » dit un jour le comte de Mamiani à la chambre des députés. Il voulait donner à entendre par ces paroles mielleuses que Pie IX régnait mais ne gouvernait plus, qu’il était réduit à la position d’un monarque constitutionnel, c’est-à-dire qu’il n’était plus roi.

La réponse de Pie IX ne se fit pas attendre. « Oui, Pie IX prie, bénit et pardonne, dit-il ; mais il lui appartient également de lier et de délier, et si, afin de pourvoir plus efficacement à la sauvegarde des intérêts publics, le prince a appelé les chambres à coopérer avec lui, le Pontife a besoin de sa liberté d’action pour tout ce qu’il croira devoir opérer dans l’intérêt de la religion et de l’Etat. Cette liberté doit être absolue. » Voilà le fier langage, digne d’un pape et digne d’un véritable roi, que Pie IX tenait en l’année 1848, lorsque les plus fortes têtes de l’Europe étaient tournées.

Est-il surprenant que le Pape ait rompu, non avec la révolution, car il ne lui a jamais cédé un pouce de terrain, un iota de son droit, mais avec les hommes de la révolution qui voulaient servir deux maîtres à la fois ? Le 8 août 1848, Mamiani remit son portefeuille au comte Fabri, mais il resta l’inspirateur du nouveau cabinet qui ne vécut qu’un mois environ. Fatigué du rôle auquel est astreint le monarque constitutionnel, celui de couvrir de son nom des actes dont il n’est pas responsable, Pie IX résolut de ne consulter, dans le choix de ses ministres, que le bien de la religion et du pays. Il appela au Quirinal le comte Pellegrino Rossi, révolutionnaire converti, qui ayant compris, dit Veuillot, que la cause de la liberté italienne était la cause même de la Papauté, eut la gloire de donner sa vie pour la vérité qu’il avait longtemps méconnue.