Vie du pape Pie-IX/L’attaque

CHAPITRE XXX.

L’attaque.


Le 20 septembre 1870, à cinq heures du matin, Cadorna commença le bombardement de la ville éternelle sur cinq points à la fois. Les zouaves se défendirent, comme toujours, avec une grande bravoure. Ils se battaient en chantant l’Hymne à Pie IX.

L’artillerie italienne ayant bientôt fait une brèche près de la porte Pia, Cadorna ordonne l’assaut. Les pontificaux reçoivent les Piémontais par un feu bien nourri qui les fait hésiter. En ce moment, le général Kanzler fait sonner la cessation du feu et arborer le drapeau blanc. Mais suivant leur coutume, les Piémontais n’en continuent pas moins l’attaque.

Après la capitulation, les zouaves furent soumis par les envahisseurs à toutes sortes d’indignités. Par la capitulation, la ville de Rome, sauf la cité Léonine, où se trouve le Vatican, passa au pouvoir de Victor-Emmanuel. Il fut stipulé que les troupes pontificales seraient dissoutes dès le lendemain, et que les soldats étrangers seraient immédiatement renvoyés dans leurs pays respectifs.

Pendant le bombardement, Pie IX, après avoir célébré la sainte, messe à laquelle assistèrent les cardinaux, les chefs d’ordres religieux et les représentants des puissances étrangères, s’entretint avec le corps diplomatique d’une voix émue. En congédiant les ambassadeurs il leur recommanda d’avoir soin de ses chers enfants, les zouaves.

Le lendemain, eut lieu le départ des prisonniers pour Civita-Vecchia. Les zouaves étaient massés sur la place Saint-Pierre. Le colonel Allet commanda de former un carré ; fit présenter les armes et, élevant son épée, cria : "Vive Pie IX, Pontife et Roi.” Les zouaves répondirent à ce cri avec enthousiasme. Pie IX attiré par le bruit, se montra à la fenêtre de sa chambre à coucher, entouré de quelques prélats. Debout, les bras tendus comme pour embrasser tous ses enfants et les serrer sur son cœur paternel, il leva vers le ciel sa noble tête et bénit les zouaves. Vive Pie IX, crièrent les soldats, dans un transport de joie et de douleur. On déchargeait les fusils en l’air, on agitait les képis, on présentait les armes, on répétait cent fois, Vive Pie IX, Vive Pie IX, Et tous ces héros avaient les yeux mouillés de larmes et la voix entrecoupée de sanglots. Pie IX, accablé par l’émotion, leva les mains au ciel pour bénir une dernière fois ses enfants et tomba, à demi évanoui, dans les bras des assistants.