Vie de Mohammed/De ses qualités morales

Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
Imprimerie royale Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 94-95).

De ses qualités morales.

L’esprit et la raison du prophète l’emportaient sur ceux des autres hommes. Adressant à Dieu de fréquentes prières, il était très-sobre de discours futiles. Son visage annonçait une bienveillance constante ; il aimait à garder le silence, son humeur était douce, son caractère égal. Ses parents ou ceux qui ne lui étaient pas attachés par les liens du sang, les puissants ou les faibles trouvaient en lui une justice égale. Il aimait les humbles et ne méprisait pas le pauvre à cause de sa pauvreté, comme il n’honorait pas le riche à cause de sa richesse. Toujours soigneux de se concilier l’amour des hommes marquants et l’attachement de ses compagnons qu’il ne rebutait jamais, il écoutait avec une grande patience celui qui venait s’asseoir auprès de lui. Jamais il ne se retirait que l’homme auquel il donnait audience ne se fut levé le premier : de même que si quelqu’un lui prenait la main, il la laissait aussi longtemps que la personne qui l’avait abordé ne retirait pas la sienne. Il en était de même si l’on restait debout à traiter avec lui de quelque affaire toujours dans ce cas il ne partait que le dernier. Souvent il visitait ses compagnons, les interrogeant sur ce qui se passait entre eux. Il s’occupait lui-même à traire ses brebis, s’asseyait à terre, raccommodait ses vêtements et ses chaussures, qu’il portait ensuite tout raccommodés qu’ils étaient. Abou-Horaira nous a laissé la tradition suivante : « Le « prophète, dit-il, sortit de ce monde sans s’être une seule fois « rassasié de pain d’orge, et quelquefois il arrivait que sa famille passait un ou deux mois sans, que, dans aucune des « maisons où elle faisait sa résidence, il y eût eu du feu d’allumé. Des dattes et de l’eau faisaient toute sa nourriture. « Quant au prophète, il était parfois obligé, pour tromper sa a faim, de se serrer (avec sa ceinture) une pierre sur le ventre. »