L’Indépendant du Cher (p. 76-77).

LV

Lys et Abeille

Le lecteur peut conclure.

Bien entendu, il ne fut plus question de se quitter ; ils contèrent chacun leur passé, leur histoire ; les trains passaient, la locomotive de renfort était venue, ils n’y songeaient pas. Il fallut que Daniel inquiet se mît à la recherche de sa chère Véga. Il finit par la trouver transfigurée et elle s’élança vers lui, se jeta dans ses bras à demi-folle de joie :

— Daniel, voici mon père !

Père, voici mon fiancé !

À présent elle osait aimer son Daniel, elle osait accepter le rêve de lui appartenir, elle était digne de lui, par la naissance et le cœur.

La stupéfaction de San Remo eut peine à se calmer. Il lui fallut une longue explication avant qu’il parvînt à comprendre et quand ce fut enfin, il avoua.

— Je voyais en Véga une âme d’élite. Les événements, qui, en ce moment, se précipitent autour de nous, sont amenés par ceux que nous avons aimés et qui veillent sur nous. Voyez combien tout est providentiel, et peu volontaire en nos actes.

Jusqu’à cette union entre ma fille et vous, prince, jusqu’à cette alliance qui lie deux races, celles des Lys et des Abeilles.

— Déjà liées dans le passé, ajouta Daniel, une fille d’Autriche — comme Myna — épousa déjà un impérial français.

— Ce qui fut sera, ajouta Véga.

Alors ils convinrent de partir tous les trois, d’aller retrouver Mme Angela et la mère de Lô.

Ils avaient à présent en mains les preuves de leur identité, leur famille se reconstituait, indiscutable.

— Seulement, disait Daniel, je voudrais bien me voir sur le terrain en face de mon cousin félon.

— Quelle chose inutile, se venger ! Mais l’éternité reste pour accomplir une œuvre qui n’est pas humaine.

— Voulez-vous être heureux, mes enfants ? demanda le Prince.

Venez vivre avec moi à la Nouvelle Atlantide.

Les jeunes gens furent-ils convaincus ? L’auteur ne saurait le dire. Il faut à présent ne plus parler d’eux, notre récit, en marge de l’histoire, ne doit pas entrer dans la vie contemporaine. Le mariage, célébré le 12 de ce mois à Saint-Pierre de Chaillot, connu seulement de quelques amis fidèles des deux partis, donnera sans doute un héritier digne d’unir en lui deux vaillantes races.

L’avenir est à Dieu !

FIN