Utilisateur:SyB~Anicium/Pline/II/4

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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 100-101).
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Livre II — § 4

IV.

1(V.) Quant aux éléments, je remarque qu’il ne s’élève aucun doute ; on en compte quatre : le feu occupe la région supérieure, de là tant d’étoiles qui brillent comme autant d’yeux au haut du ciel. Au-dessous vient l’air, qui porte le même nom dans notre langue et dans celle des Grecs : il est le souffle de vie, il pénètre à travers toutes choses, il n’est rien où il ne soit insinué. Par la force de l’air, la terre, avec l’eau, quatrième élément, est suspendue en équilibre au milieu de l’espace. C’est l’entrelacement mutuel de ces éléments divers qui en constitue le lien ; les substances légères sont retenues par les substances pesantes, qui ne leur permettent pas de s’élever ; et, par compensation, les substances pesantes ne peuvent tomber, tenues en suspension par les substances légères, qui tendent à monter. 2Ainsi un effort égal en sens contraire maintient dans leur place les choses resserrées encore par le mouvement circulaire du monde, que rien n’arrête. Dans cette révolution éternelle de l’univers, la terre est au fond et au milieu de l’ensemble ; elle est le point cardinal du monde, tenant en équilibre ce qui la tient elle-même en suspension. De la sorte, elle est seule immobile, tandis que tout se meut autour d’elle ; elle a des liens dans toute chose, et toute chose s’appuie sur elle. (VI.) 3Entre elle et le ciel, la même force de l’air tient suspendus à des intervalles réglés sept astres que nous appelons errants à cause de leur marche, bien que rien ne soit moins errant que ces corps. Au milieu de ces astres roule le soleil, dont la grandeur et la puissance l’emportent sur tous les autres, et qui gouverne non seulement nos saisons et nos climats, mais encore les astres et le ciel lui-même. Il est la vie ou plutôt l’âme du monde entier ; il est le principal régulateur, la principale divinité de la nature : c’est du moins ce qu’il faut croire, si nous en jugeons par ses œuvres. 4C’est lui qui donne la lumière aux choses, et qui enlève les ténèbres ; c’est lui qui éclipse et qui illumine les autres astres ; c’est lui qui règle, d’après les besoins de la nature, les alternatives des saisons, et l’année toujours renaissante ; c’est lui qui dissipe la tristesse du ciel, et qui même écarte les nuages jetés sur l’esprit humain ; c’est lui qui prête sa lumière aux autres corps célestes. Admirable, sans rival, il voit tout, il entend même tout ; double attribut que je trouve accordé à lui seul par Homère, le prince des lettres (Ib. III, 277).