Utilisateur:SyB~Anicium/Pline/II/23

Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 114-115).
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Livre II — § 23

XXIII.

1 Parmi les comètes les unes se meuvent comme les planètes, les autres demeurent immobiles. Presque toutes sont dans la région septentrionale du ciel ; elles en occupent une partie qui n’est pas fixe, et surtout la partie blanche, qui a reçu le nom de voie lactée. Aristote (23) rapporte qu’on en voit souvent plusieurs à la fois, observation que personne autre n’a faite, à ma connaissance ; et il ajoute que ce phénomène indique des vents violents et de fortes chaleurs. Les comètes se montrent aussi dans les mois d’hiver et vers le pôle du midi, mais là sans aucun éclat. 2Il y a eu une comète fatale aux peuples de l’Éthiopie et de l’Égypte, et connue sous le nom de Typhon, qui fut un roi de ces temps anciens ; d’une apparence ignée, d’une forme contournée en spirale, d’un aspect effrayant, moins une étoile qu’une espèce de nœud enflammé. Quelquefois les planètes et les autres astres se montrent garnis de cheveux. Les comètes n’apparaissent jamais à l’occident (24). Ce sont des astres pleins de présages funestes, et qui ne se contentent pas de légères expiations, témoin les troubles civils sous le consul Octavius (an de Rome 678 ; avant J. C. 76.), et derechef la guerre de Pompée et de César (avant J. C. 49); témoin encore, de notre temps, l’empoisonnement qui fit succéder Néron à l’empereur Claude (an de Rome 707, de J. C. 54) ; témoin enfin le règne de ce prince, durant lequel l’influence en fut presque continuelle et funeste. On pense que la diversité des effets qu’elles produisent dépend des parties vers lesquelles elles s’élancent, de l’étoile dont elles ressentent l’action, des formes qu’elles imitent, et des lieux où elles font éruption. On assure que, présentant la forme d’une flûte, elles sont un signe d’art musical ; de mœurs infâmes, paraissant dans les parties honteuses des constellations ; d’esprit et de science, quand elles sont en trine aspect ou en quadrature avec quelqu’un des astres permanents ; et qu’elles versent des poisons, étant dans la tête du Dragon du nord ou du midi. 4Rome est le seul lieu de l’univers qui ait élevé un temple à une comète, celle que le dieu Auguste jugea de si bon augure pour lui. Elle apparut lors des débuts de sa fortune, pendant les jeux qu’il célébrait en l’honneur de Vénus Genitrix, peu de temps après la mort de son père César, et dans le collège institué pour cela par ce dernier ; il exprima en ces termes la joie qu’elle lui causait : « Pendant la célébration de mes jeux, on aperçut durant sept jours une comète dans la région du ciel qui est au Septentrion. Elle commençait à paraître vers la onzième heure (cinq heures du soir); elle eut beaucoup d’éclat, et fut visible de toutes les parties de la terre. Suivant l’opinion générale, cet astre annonça que l’âme de César avait été reçue au nombre des divinités éternelles ; c’est à ce titre qu’une comète fut ajoutée à sa statue, que peu de temps après nous consacrâmes dans le forum. » 5Tel fut du moins son langage public ; mais dans l’intimité il se félicitait de l’apparition de cette comète, née, disait-il, pour lui, et dans laquelle il naissait à son tour : à vrai dire, ce fut un bonheur pour la terre. Il y a des auteurs qui pensent que les comètes sont des astres durables, qui ont leur propre orbite, mais qui ne sont visibles que lorsque le soleil les a abandonnés ; d’autres, au contraire, supposent qu’elles sont le produit du concours fortuit de l’humidité et de la force ignée, et que, en conséquence, elles se dissolvent.