Une voix dans la foule/La Revenante
LA REVENANTE
Ô mon Dieu, toujours cette femme
Que ce fou voulut tant avoir !
Cette bouche baisée un soir,
Et ces yeux qui m’embrasaient l’âme !
Et ces mains qui cherchaient mes mains,
Et ce cri : « Je t’aime ! je t’aime ! »
Et la fuite au moment suprême,
Et l’horreur de ces lendemains !
Vous avez manqué de courage
Et vous eûtes peur Je l’amour,
Vaine amante dont tour à tour
J’adore et blasphème l’image !
Mais est-ce vrai que je vous hais ?
Oh ! non, vous m’avez dit des choses
Qui parfument comme des roses
Ma vie et mes vers à jamais !
Ensorceleuse de mes rêves,
Votre chant me revient parfois,
Vague et lointain comme la voix
Qu’on entend, la nuit, sur les grèves.
Oh ! je vous veux avec vos mains
Qui tremblaient, chaudes, dans les miennes,
Au long des terrasses anciennes
Que jonchaient alors les jasmins.
Ô vous qui m’avez dit : « Je t’aime ! »
Il me semble entendre vos pas !
Mais non ! Je rêve, et je n’ai pas
Votre baiser sur ce poème.