Une femme m’apparut/1905/25

Alphonse Lemerre, éditeur (p. 135-136).


XXV


J’errais dans les rues, où s’empourprait un crépuscule mauve, pareil à un tissu de violettes, lorsque l’Annonciatrice passa auprès de moi.

Elle me parla en ces termes :

« Je te révélerai l’âme de celle que tu as aimée sans jamais la comprendre.

« Lorély se plaît à faire souffrir les hommes par l’offre impudente de son inviolable beauté. Car il lui agrée de se savoir inaccessible dans une atmosphère brutale de désirs et de convoitises…

« Lorély adore les tortures que font naître son sourire et son regard. Le sentiment de sa puissance féminine l’enivre.

« Mais elle n’aime point les hommes qu’elle se plaît à faire souffrir. »

L’Annonciatrice se détourna, prête à s’éloigner.

« Un conseil ! » implorai-je. « Un conseil, pour éclairer ma route… »

Elle me dit en s’éloignant :

« Je reviendrai vers toi lorsque l’heure aura sonné. »