Trois semaines d’herborisations en Corse/5

Calvi, batterie anglaise. — 15 mai 1897.


Nous ne disposions plus que de la matinée du 15, aussi fumes-nous en campagne dès l’aube. Le soleil perçait à peine les brumes du rivage et ses premiers rayons mettaient comme une traînée d’or pâle dans l’eau bleue du golfe ; au sud est apparaissait toujours, au-dessus des maquis, l’imposant sommet du Cinto couvert de neige.

Près du pénitentier des Arabes, le Papaver Simoni Fouc. était en si grande abondance qu’il fut très facile d’en recueillir une riche centurie ; dans le voisinage, croissaient encore :

Lathyrus aogulatus L.
Papaver Argemone L.
Scleranthus annuus L.
Antirrhinum Orontium L.
Trifolium Bocconei Savi,

Sherardia arveusis L.
Veronica arvensis L.
Jasione montana L.
Ononis reclinata L.
Galium decipiens Jord.
Viola ruralis Jord.
Anthemis arvensis var. incrassata Lois.
Papaver hispidum var. ambiguum R. et F.
Convolvulus altiæodes L.
Linaria Pelisseriana DC.

Rapidement nous eûmes atteint le maquis où dominait cette fois le Cistus Monspeliensis L. La végétation de ces milieux est assez uniforme, surtout quand le terrain ne présente pas beaucoup d’accidents ; alors la prédominance d’une ou d’un petit nombre d’espèces frutescentes ou ligneuses, presque toujours les mêmes, s’accentue au détriment des plantes herbacées. Mais aussitôt que des vides se produisent dans cette broussaille envahissante, entre des rocs, sur des pentes raides, sur des éboulis, ces dernières réapparaissent. C’est donc dans certaines parties seulement du maquis que le botaniste trouvera d’intéressantes espèces ; encore lui faudra-t-il souvent de minutieuses recherches, car les conditions dans lesquelles elles vivent excluent évidemment la possibilité d’une grande dispersion.

Sur les racines des Cistes croît leur parasite habituel, Cytinus Hypocistis L., avec une variété à écailles rouges (var. Kermesinus Guss.) signalée à Bonifacio par Revelière et qui nous a paru végéter exclusivement sur le Cistus polymorphus Willk. alors que le type affectionne surtout le Cistus Monspeliensis L.

En divers endroits dégarnis se voyaient :

Trifolium Molinerii Balb.
Carex Linkii Schk.
Galium Corsicum β. pallescens G. G.
Seriola Ætnensis L.
Pteris aquilina L.
Nardurus Lachenalii ß. aristalus Boiss.
Linaria parviflora Desf.
Crepis leontodontoides All.
Trifolium Cherleri L.
Orobanche minor Sutt. (sur Helichrysum angustifolium DC.)

et une forme à feuilles étroites du Cistus villosus L.

Au pied d’énormes rochers situés au sommet du maquis se retrouvaient à peu près les plantes notées la veille dans une station analogue :

Pulicaria odora Rehb.
Linum perenne var. ambiguum Jord.
Hypochæris pinnatifida Cyr.
Eufragia latifolia Gris.
Trifolium laevigatum Desf.
Arum Arisarum L.
Selaginella denticulata Koch.
Leucoium longifolium Gay.
Cynosurus elegans Desf.

Nous redescendîmes vers Calvi non sans avoir salué pour la dernière fois le site ravissant au milieu duquel s’élève la ville. Le sentier nous conduisit jusqu’à un petit plateau dont le soleil avait déjà brûlé l’herbe rase et où nous eûmes le loisir de récolter : Rhagadiolus intermedius Ten. avec Sedum cœspitosum DC., ' Orobanche Artemisiœ Vauch., Tillæa muscosa L. et Galium murale All. Puis nous longeâmes de nouveau les immenses champs de cistes roses qui nous avaient déjà tant intéressés, et dans les environs de la gare nous pûmes encore mettre dans nos boîtes :

Trixago Apula Stev.
Lythrum hyssopifolium L.
Bartsia viscosa L.
Medicago murex Willd.
Spergularia rubra forma Atheniensis ε. typica R. et F.
Gladiolus communis Desf.
Erodium praetermissum Jord.
Cyperus badius Desf.
Medicago sphærocarpa Bert.
— maculata Willd.