Trois pièces de la Guirlande de Julie
Un divin oracle autrefois
A dit que ma pompe et ma gloire
Sur celle du plus grand des rois
Pouvoit emporter la victoire ;
Mais si j’obtiens, selon mes vœux,
De pouvoir parer vos cheveux,
Je dois, ô Julie adorable,
Toute autre gloire abandonner ;
Car nul honneur n’est comparable
À celui de vous couronner.
D’un éternel bonheur ma disgrâce est suivie,
Je n’ai plus rien en moi qui marque mon ennui.
Autrefois un soleil me fit perdre la vie ;
Mais un autre soleil me la rend aujourd’hui.
Dans l’empire fameux de Flore et de Pomone
Mon père a mille enfants qui portent la couronne ;
Mais préférant mon sort au leur,
J’ai mieux aimé demeurer fleur,
Avec le vif éclat dont je suis embellie,
Afin de m’offrir vierge à la chaste Julie.
Ô perte favorable ! ô change précieux !
Je quitte ma gloire mortelle
Pour l’immortel honneur de parer cette belle,
Et le destin des rois pour le destin des Dieux.