Éditions du Rocher (p. 100-112).

IX

Dans un ciel au bromure, d’un violet sombre, un révélateur inconnu faisait surgir les constellations, une à une, ou par groupes ou par myriades, comme au hasard. Trois regards surveillaient la chimie céleste. Une voix chuchota, perdue dans la brise basse qui rebroussait les feuilles du marronnier :

— Penser qu’elles sont si vieilles…

— Cette lumière qui voyage pendant des milliers d’années… Nous voyons maintenant des étoiles éteintes, est-ce assez curieux ?

— Imaginez que le regard voyage comme la lumière. Les mages chaldéens qui observaient le ciel il y a des milliers d’années, peut-être que leurs regards pleuvent sur nous avec les rayons des étoiles mortes ?

— Tais-toi…

Silence. La première voix :

— Vénus, où est-elle ?

Silence. La deuxième voix :

— Elles filent trop vite. On n’a jamais le temps de faire un vœu.

La nuit régnait, si moelleuse, si dense, qu’elle semblait rayonner du cœur d’un soleil noir.

La petite scie des grillons sciait le silence sans arrêt, si bien qu’on ne l’entendait plus. Mais par intervalles, la note liquide du crapaud s’égouttait très clairement dans le jardin profond. Sous l’empire d’un enchantement vague, les jeunes filles tremblaient un peu, bien qu’il fît tiède.

— C’est une nuit de sabbat, dit une des voix.

Une autre se moqua :

— Où sont les balais ?

— Faisons une incantation, pour voir si on va s’élever en l’air.

— Ohl oui, une incantation… Mais qu’est-ce qu’on va dire ?

— Attends… Ah ! zut, tout à l’heure il me passait des tas d’idées par la tête, quand je veux les attraper, elles s’évaporent.

— Si on connaissait une formule magique !

— Toine, tu ne connais pas une formule magique ?

Silence. Quelqu’un rit tout bas. Une ombre fait « chut », rit à son tour, se tait, frissonne. Silence.

Une voix de mezzo s’élève, claire et lente. On sent que pour un rien elle se briserait en éclats de gaieté :

« Par la nuit. Par l’oiseau. Par le vent.

« Secrètes comme la nuit, libres comme l’oiseau, hardies comme le vent, nous sommes trois. Une et une et une. »

— Hou !…

— Tais-toi donc…

— Séparées du monde, libérées du temps, hors des lois, des devoirs et des droits, nous sommes trois. Une et une et une.

« Une et une et une, nous avons choisi l’heure du hibou, du grillon, du crapaud.

« Que la raison s’envole, hibou. Que le désir caché, grillon de l’ombre, se montre. Que le rêve chante, crapaud inhabile à marcher, au gosier d’ange.

« Une et une et une, nous sommes trois qui ouvrons nos âmes à la nuit, trois belles de nuit, loin des regards.

« Que tes songes viennent à nous, nuit d’été, nous les abreuverons. Mais toi, je t’en prie, emporte nos paroles et disperse-les comme des éphémères.

« Afin que leur ronde insensée ne nous poursuive pas au soleil levant et que nous n’ayons pas à rougir de notre folie à la clarté du jour. »

— Épatant ! Reprenons ensemble.

Les trois voix en chœur, on dirait la prière des nonnes :

« Par la nuit. Par l’oiseau. Par le vent… »

Puis elles attendent, suspendues au bord de quelque chose, les bras soulevés, tout prêts à se changer en ailes. Rien ne vient, que l’odeur des capucines, comme un langage qu’elles sont sur le point de comprendre. Encore un effort… Hélas ! cet effort ouvre un abîme. Le parfum des fleurs n’est plus qu’un parfum.

Suzon éclate de rire. Un rire bref de femme gagnée par l’ivresse et qui veut accélérer les progrès du vertige :

— Sans blague… est-ce l’incantation ? Il me semble que je ne suis plus tout à fait moi.

— Cela ne t’arrive pas, quelquefois, de te chercher toi-même, comme quand on a mis son chapeau sans y prendre garde, et qu’on le cherche partout, en se demandant quel poids inaccoutumé on a sur la tête ?

— C’est vrai, dit Annonciade, à moi cela m’arrive assez souvent.

— À moi aussi, reprend Suzon, mais ce n’est pas cette impression-là. C’est plutôt comme un éparpillement. Un choc, et le lien se rompt, qui maintenait le faisceau. Je ne suis plus une, je suis cent, je suis mille.

« Imaginez une meule de paille au soleil. Tout à coup, la meule se défait, peut-être parce qu’une troupe de corneilles s’est abattue sur elle et l’a mise au pillage, peut-être simplement parce qu’il faisait trop chaud dans ses flancs et qu’elle n’en pouvait plus de tout ce soleil.

« À partir de ce moment, la meule est hantée. Hantée par les fourmis, les oiseaux, les mulots. Hantée par le coq et les poules, leur affairement vorace, leurs brèves amours enrouées. Hantée par les couples qui traînent le soir dans les champs, tout noirs sur le crépuscule rouge. Hantée par les vagabonds qui n’ont pas d’état civil et qui lui laissent leur odeur de sueur et de grande route. Hantée quelquefois par les gendarmes qui poursuivent les vagabonds pour un crime inconnu… »

Suzon se tait.

— Et alors ?

— Alors, rien. Voilà tout.

Antoinette insiste :

— Il faut bien que ta meule fasse une fin. Quelle fin ? On peut en supposer plusieurs : ou bien, un soir, un vagabond met le feu à cette paille folle et cela fait dans la nuit une grande fleur orange et puis un petit tas noir et gris. Ou bien la pluie survient et la pourrit. Ou bien un paysan passe et la charge à coups de fourche sur sa brouette pour en faire une litière…

— Je me demande, interrompt Suzon avec un peu d’humeur, pourquoi tu veux toujours que tout ait une fin. Moi, j’aime les choses qui ne finissent pas.

— Pauvre de nous, ce n’est pas moi qui l’ai voulu que tout ait une fin.

— Et pourquoi veux-tu aussi que cela finisse mal ? Incendie, pourriture ou litière, en voilà un destin !

— Mon Dieu, pour une meule de paille…

— Mais ce n’est pas une meule ordinaire et ça ne se passe pas du tout comme ça. « Un jour, la meule se retrouve en ordre. Comment cela s’est-il fait ? Peu importe. La voilà immobile dans son champ qui rêve au temps où elle était une meule hantée, grouillant d’une vie multiple, aventureuse… »

— Ignoble, dit Annonciade avec dégoût. Tous ces insectes et ces hommes sales… Comment peut-elle aimer à penser à ça ?

— Ça ne fait rien. L’essentiel, c’est de vivre beaucoup. On embrasse mieux la vie avec mille pattes qu’avec deux. Et puisqu’elle donne l’illusion d’une meule bien sage et qui ne pense à rien… Ronde et benoîte dame-jeanne qui se tient à son rang, dans son champ, attendant la récolte. La récolte ou autre chose… Quoi ? Le coup de folie, le coup de vent, la foudre… Est-ce qu’on sait jamais ? Est-ce qu’on peut savoir ?

~ Suzon aime à se réserver l’avenir, dit Antoinette, mais elle ne veut pas de la litière ni du fumier. Il est certain qu’un point d’interrogation est beaucoup plus intéressant. On y met ce qu’on veut et, comme on ne sait pas exactement ce qu’on veut, le point d’interrogation prend une ampleur magnifique, se transforme en une corne d’abondance gonflée de vent qui ressemble aux surprises en papier verni qu’on achète chez l’épicier quand on est gosse. Le bon moment, c’est celui où on a la surprise en poche. Quand on l’ouvre, on y trouve un petit gâteau sec comme un grelot et une pelle en fer blanc bonne à faire des pâtés de sable dans un dé à coudre.

— On ne devrait jamais ouvrir les surprises, dit Annonciade.

— Alors, elles ne vaudraient pas plus qu’un caillou. Impossible de mettre l’espoir en conserve, ma pauvre Anne, si tu le fixes, il se pétrifie. Il faut le laisser courir et courir avec lui à toutes jambes jusqu’à ce qu’il fasse « floc » contre le mur. Alors on en ramasse les morceaux pour les porter en terre, et ça repousse…

— Tu es drôle, Antoinette. Tu dis les choses tristes avec un air gai et les choses gaies avec un air triste.

— C’est pour qu’on ne puisse plus s’y reconnaître, mon pigeon. Comme le triste a la majorité, je le roule, tu comprends ?

Suzon riait :

— La tristesse ? Connais pas. Il y a l’ennuyeux et l’amusant, le prévu et l’imprévu.

Le vent apportait l’odeur des foins. Elles se turent un long moment. Antoinette essayait d’analyser le parfum en respirant à petits coups, pour retrouver l’essence de la luzerne et celle du trèfle incarnat, la suavité amère du trèfle d’Irlande, la fine vanille cachée dans le calice des petits liserons roses, la scabieuse doucement écœurante qui sent le poil de fleur… Elle n’y parvenait pas, tant ce mélange complexe était unifié dans une même électricité odorante et sèche. Mais l’imagination de la jeune fille lui représentait successivement toutes les plantes qu’elle évoquait, avec leur parfum frais, leur aspect, leur port particulier et leur poids dans la brise, et suscitait en même temps un monde de souvenirs sans visage qui fourmillaient dans son cœur avec une voluptueuse mélancolie.

Annonciade murmura, rêveuse :

— Les impressions… c’est drôle… Il y en a qu’on ne peut pas définir, d’autres qu’on arrive à traduire à peu près, par comparaison. Mais cela fait un singulier effet quand on essaie d’exprimer ce qui se passe là dedans (elle touchait son front, dont on voyait la pâleur sous ses cheveux sombres). Il semble qu’on s’en éloigne à chaque mot, et pourtant, quand on a fini de parler, on a créé quelque chose qui ressemble à ce qu’on éprouve. Ce n’est pas très clair, mais enfin vous me comprenez.

« Quelquefois, une image vous obsède, ou un mot, ou un air de musique. Cela vous emplit la tête, on ne sait pas pourquoi. De même que certains mots, certains sons ou certaines lignes vous font plaisir ou peine, on ne sait pas pourquoi. Et tout d’un coup, cela s’éclaire : vous voyez le rapport entre cela et votre vie. D’autres fois, cela ne s’éclaire jamais. C’est curieux ; on croirait que quelqu’un pense pour nous, que nous ne sommes pas toujours capables de comprendre. C’est peut-être idiot, ce que je dis ? »

— Pas du tout.

— Figure-toi… c’est drôle… Depuis que nous sommes ici, depuis ce soir surtout, que les ponts sont coupés entre nous et la vie normale, j’ai l’impression que je me suis échappée du cercle.

« Quand j’étudiais la géométrie — ça n’était déjà pas rigolo ! — j’avais une horreur particulière pour la circonférence. Oh ! le supplice de cette ligne qui tourne en rond sans commencement ni fin… Jamais je n’ai pu m’appliquer aux problèmes qui concernaient la circonférence. Je n’avais de soulagement que quand je pouvais mener la tangente. La tangente, en voilà une qui a de la veine ! Elle touche la circonférence juste le temps nécessaire pour se rendre compte de ce que c’est, et apprécier son bonheur quand elle file, ouf ! dans l’infini…

« Jusqu’à ce soir, je n’avais pas compris pourquoi la circonférence me causait une impression pénible. Tout à l’heure, je me suis rendu compte que, depuis des années et des années, il y a dans ma tête un souvenir qui tourne en rond.

« Quand j’étais petite, je jouais souvent avec un ami de papa que j’aimais beaucoup. Un jour, il m’a prise par les genoux et soulevée en l’air, droite, plus haut que sa tête. J’ai vu de tout près son visage renversé qui riait au-dessous du mien et je me suis mise à crier. Je ne le reconnaissais plus : il était effrayant, comme un pays sauvage, avec des plis de peau, des taches rouges, des yeux qui brillaient, des poils. Ce n’était plus monsieur un tel, mon ami. C’était un animal sans nom.

« Je me suis débattue, il m’a lâchée : « Eh bien, qu’est-ce qui t’arrive ? » À peine à terre, j’ai pris un galop éperdu à travers la pièce et lui courait derrière moi, en rond, riant comme un fou de ma folie subite. Un ouragan de terreur et de fureur me poussait à fuir ; j’ouvrais la bouche et ne pouvais plus crier. Ce qu’il y avait de plus épouvantable, c’était ce mélange de contrainte et de liberté : je savais que je pouvais m’arrêter, mais je n’arrivais pas à le vouloir. Oh ! Je me souviens de tout avec une netteté… et comme je me suis laissé tomber, à bout de souffle, accablée par un désespoir colère qui m’a fait sangloter interminablement — et comme, pendant plusieurs jours je ne pouvais plus voir notre ami, qui se désolait : « Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Mais que lui ai-je fait ? » Je ne le savais pas moi-même, ce qui m’avait pris. Est-ce curieux !

« Est-ce curieux aussi que la vie me paraisse un cercle où il me faut courir en rond, poursuivie par un bruit de pas… Sont-ils devant ? Sont-ils derrière ? Je n’en sais rien. Je cours et je ne sais pas si c’est à cause de la peur que j’ai d’être rejointe par ces pas qui viennent derrière ou du désir que j’ai de rejoindre, pour n’être plus seule, ces pas qui marchent devant… »

— Eh bien, ma vieille, s’écria Suzon, tu l’as joyeux, le cauchemar !

— Ce n’est pas un cauchemar. C’était jusqu’à présent une sensation vague comme la faim ou la soif quand ça commence… Je viens seulement de m’en rendre compte. Mais tu sais, les mots… Dans ma tête, ce n’est pas aussi précis. N’empêche que ce soir, je me sens délivrée, sortie du cercle…

Antoinette réfléchissait :

— Ce que je me demande, c’est si cette impression date de l’incident, ou si elle était en toi auparavant et que tu l’aies tout d’un coup retrouvée… Ce visage que tu dis n’avoir pas reconnu, si tu l’avais au contraire reconnu ?

— Comment veux-tu ? J’étais toute petite : quatre ou cinq ans peut-être.

— Ça ne veut rien dire. On naît centenaire. C’est pourquoi les femmes sont bien excusables d’oublier leur âge. Qui peut savoir le nôtre, par exemple ? Combien de siècles avons-nous ? Vous n’avez jamais songé que vous en saviez bien long, pour des jeunes filles nées d’hier ?

« Je ne veux pas parler de cette science que l’on cherche à quinze ans dans le grand Larousse. Bon Dieu ! ce serait peu de chose si nous ne connaissions que des mots !

« Mais d’où nous vient cette aptitude à deviner et à comprendre ce que personne ne nous a expliqué ? Instinct ? Mémoire ? Quelle mémoire ?

« Des îlots surgissent de l’océan. Une lente, imperceptible poussée continue les relie les uns aux autres, et voilà un continent sur lequel l’esprit part en reconnaissance. C’est bien cela : en reconnaissance. On croit découvrir et on ne fait que reconnaître.

« Il est vrai que le souvenir parle un langage obscur. On dirait qu’il veut respecter ce qu’on appelle en vieux style l’ignorance virginale. L’ignorance virginale ! Tas de crétins ! Faut-il être aveugle ! Faut-il n’avoir jamais réfléchi à ce qu’est une femme !

« Quand je vois une mariée tout en tulle et les bonnes gens autour, admirant la primeur sous sa cloche transparente, j’ai envie de leur crier : « Aveugles ! Regardez donc le voile de la mariée. Vous ne voyez pas que c’est un grimoire si chargé de signes et de ratures qu’on n’y trouve plus un coin de blanc ? Bien malin qui saura lire tant de vieilles histoires ?… »

— Le marié, peut-être ? suggéra Suzon avec un petit rire.

— Oh ! le marié… Pauvre homme ! Ne parlons pas de celui-là. D’abord, par profession, il n’y voit que du blanc. Et puis, entre nous, la paléographie, il s’en fiche. Les mariés sont des gens à idée fixe. Comme abrutissement, on ne fait pas mieux.

— Ha ! Ha ! Ha ! Elle dit ça avec une conviction… Combien de fois as-tu donc été mariée ?

— Ah ! voilà… Combien de fois ? Et Annonciade, combien de fois ? Et combien de fois, toi-même ?

— Dommage que je ne m’en souvienne pas.

— Tu t’en souviens, mais tu ne le sais pas.

— Dis donc, Antoinette, serais-tu bouddhiste, théosophe et vouée au Karma ?

— Oh ! ça… Si nous passons par des vies successives, je n’en sais rien. Tandis que je sais bien qu’une grande mémoire nous instruit et nous accable, qui n’est pas nôtre. Un chœur à mille voix chante dans les profondeurs océaniques de notre conscience. Il y a les passionnées, les folles, les sages, les désenchantées, les douloureuses. Nous, les jeunes filles, qui ne sommes qu’un masque de peau fraîche et d’audace tendue sur de vieilles joies et de vieilles douleurs, quand nous avons prêté l’oreille et capté un chant de sirène entre les autres, savons-nous où il nous mènera ? Savons-nous de quel danger ou de quel secours peut être pour nous le chœur éternel des mortes ?

— Tais-toi, murmure Annonciade en frissonnant. Tu dis des choses un peu terribles.

— On peut tout dire, ce soir. Demain, nous oublierons les mots qui vont trop loin. Mais ce soir, demandons-nous quelle voix t’inspire cette lassitude craintive et à Suzon cette fringale innombrable et à moi cette défiance amère qui charge ma jeunesse d’un poids souvent cruel ?

« Est-ce parce que j’ai été conçue dans le désenchantement ? Pourtant, je me rappelle… Elle était gaie, d’une gaieté de bacchante sage. Elle avait regardé l’amour en face, l’avait trouvé médiocre et s’en était détournée pour toujours avec tranquillité, comme font tant de femmes quand elles sont comblées par la présence d’un enfant. « Mais moi, moi, où ai-je puisé cette rancune héroïque, comme si j’avais tout un peuple à venger ? »

— Ah ! tiens, dit Annonciade, j’aurais voulu être la mère Ève. Au moins celle-là n’avait pas de souvenirs encombrants.

Dans la vallée, un train passa en grondant. Il lâcha la vapeur à coups pressés et l’appel déchirant flotta derrière lui. Moïse, réveillé par la conscience du devoir, se mit à japper aux trousses de ce fantôme. Un chien aboyait du côté de Grignolles. L’enfant Moïse, plein de jactance, sousoutenait le dialogue, tremblant d’ardeur jusqu’au bout de la queue.

Était-ce Siki, ce chien anonyme ? Il était possible que ce fût lui. Suzon, la tête penchée, sentait se renouer certain charme brisé et souriait dans l’ombre.

— L’Orient-Express, dit Antoinette. Je me rappelle, autrefois, tous les soirs, je l’écoutais passer…