Albin Michel (p. 101-118).



VIII


Désormais, lorsque Adrienne songeait à la vie privée de Robert Labrousse, c’était le souvenir de Cécile, bien plus que celui de Mistiche, qui hantait son esprit.

La maîtresse ne représentait que le goût passager, l’existence frivole de Robert.

La femme, c’était le « toujours » dont on sabre son existence, d’un grand trait qui biffe le reste ; c’était le choix mûrement réfléchi, l’attache indissoluble.

À présent qu’Adrienne l’avait vue, elle ne considérait plus Mme  Labrousse comme quantité négligeable ; car, Cécile lui paraissait jeune et jolie. La jeune fille se rappelait que le patron passait pour avoir fait un mariage d’amour : elle ignorait que l’amour était du côté de la femme.

Robert eût été un mari Adèle, qu’Adrienne se fût dit — après la visite de Mme  Labrousse : « Soyons sérieuse… J’ai eu un moment de vertige… Maintenant, il faut devenir raisonnable et ne plus convoiter le bonheur d’une autre. »

Mais cette exquise Cécile Labrousse était trompée par une gamine vicieuse qui ne la valait point… À cette idée, la vertu d’Adrienne se retournait chancelante. Sa volonté, mauvaise conseillère, lui chuchotait le : « Pourquoi pas moi, en somme ? » qui la démoralisait.

Pourquoi n’arriverait-elle pas à séduire cet homme qu’elle aimait farouchement, en dépit des défauts, de l’infériorité qu’il accusait chaque jour dans ses faits et gestes. Bah ! elle l’aimait quand même… Elle l’aimait parce qu’il avait des yeux gris et bleus, au reflet glauque ; parce qu’il souriait finement en parlant d’une voix pénétrante ; parce que ses cheveux étaient caressés d’un reflet châtain et son teint bronzé d’un hâle doré. Parce que… Parce que : rien. Et c’est là la cause la plus grave des passions profondes : les sentiments que rien ne justifie sont les plus durables.

Adrienne discernait, sans chercher à se donner le change, la totale indifférence de Robert Labrousse. Tantôt, elle s’enfiévrait : « Je préférerais qu’il me détestât… L’antipathie, on peut lutter contre elle ; parfois même avec succès… Tandis que l’indifférence, c’est une chose terrible, écrasante, qui vous oppose la résistance invincible des forces inertes. »

Tantôt, elle s’étonnait : « Comme c’est drôle que je ne lui plaise pas !… La plupart des hommes me regardent ; me suivent ; me poursuivent… On m’a fait cent fois la cour… Et je n’existe pas, aux yeux de M. Labrousse… Je deviens donc laide, quand je suis au bureau ? »

Un jour qu’elle s’examinait dans sa glace, elle fut illuminée d’une pensée soudaine :

— Parbleu ! C’est bien ce que j’avais soupçonné… Il ne doit pas aimer les brunes. Sa femme est blonde ; et Mistiche s’est décoloré les cheveux… »

Dès lors, Adrienne fut obsédée par cette idée. Le matin, en se coiffant, elle brossait ses longues tresses sombres avec une espèce de fureur ; irritée contre cette toison noire qui lui durcissait les traits — croyait-elle ; — enfermant son visage entre les deux coques de ses bandeaux épais, enroulés autour de sa tête ainsi qu’un voile de deuil.

« Si j’étais blonde, il me remarquerait peut-être ; songeait la jeune fille. C’est surtout la teinte de la chevelure qui importe… Car, somme toute, Mistiche a les yeux noisette et les sourcils châtains — comme moi… »

Puis, la tentation se précisait enfin : « Si je me teignais en blonde ? »

Un soir, en rentrant, elle acheta un flacon d’eau oxygénée chez le pharmacien qui était au coin de sa rue. Pendant deux jours, elle laissa la bouteille sur sa toilette, n’osant même pas la déboucher.

Le troisième jour, elle sortit du bureau à sept heures passées. M. Labrousse descendait devant elle ; il n’avait point son automobile et se disposait à faire un peu d’exercice avant de prendre un taxi. Adrienne se félicitait intérieurement qu’il allât dans la même direction qu’elle. Marchant à quelques mètres en arrière de lui, elle admirait l’aisance, l’élégance de Me  Labrousse ; la coupe parfaite de son pardessus beige ; la grâce négligente avec laquelle il agitait sa canne. Le chic confortable des individus habitués à une existence luxueuse donnait à l’avocat l’apparence d’une distinction factice.

Une petite ouvrière, une arpète d’une quinzaine d’années — carton au bras, chapeau de travers — croisa Robert. Et celui-ci se retourna à demi, au passage de la gamine ; attiré par son minois de jeune griffon coiffé de cheveux fous avec une longue frange blonde qui descendait au-dessus des sourcils ; et des frisons dorés, légers, qui voltigeaient autour de son visage.

« Décidément, il aime les blondes, » pensa Adrienne.

Et le soir même, avant de se coucher, elle versa quelques gouttes d’eau oxygénée sur ses petits cheveux des tempes. Le lendemain, elle ne constata qu’une différence à peine sensible dans la tonalité des mèches séchées : un reflet plus clair, un peu roussâtre, se distinguait au grand jour. Alors, rassurée sur le résultat discret de sa tentative, Adrienne, oubliant toute prudence, s’imbiba copieusement d’eau oxygénée, la nuit suivante ; mouillant une partie de ses cheveux, de la pointe jusqu’à la racine.

Au matin, elle fut légèrement interdite en s’apercevant dans la glace : le tiers de sa chevelure brillait d’un éclat cuivré, tranchant violemment sur la masse sombre des mèches restées intactes.

Puis, elle eut plaisir à s’examiner ainsi : son changement lui agréa. La nuance nouvelle de ses cheveux faisait paraître ses yeux plus noirs et ses traits plus doux. Elle se coiffa soigneusement, dissimulant les parties demeurées brunes sous le large rouleau que la décoloration allumait d’or et de lumière.

Lorsqu’elle arriva à l’étude, ce jour-là, ses collègues la dévisagèrent avec effarement. Les clercs se mirent à chuchoter entre eux, riant sous cape ; mais sans insolence. Depuis quelque temps, l’attitude de ces messieurs se modifiait : leur froideur et leur antipathie à l’égard d’Adrienne s’abritaient sous le masque d’une obséquiosité hypocrite. Car les insinuations de Mlle  Claire avaient porté ; et tous commençaient à croire que Mlle  Forestier était bien la maîtresse du patron : alors, s’imposait pour eux la nécessité de ménager cette pimbêche.

Le timbre du cabinet directorial sonna deux fois, appelant Adrienne.

La jeune fille, qui n’attendait que ce signal, accourut avec empressement.

M. Labrousse semblait de meilleure humeur, aujourd’hui. Sa personne exhalait un parfum subtil d’iris et de muguet ; il avait arboré une cravate mordorée qui s’harmonisait avec son teint hâlé et sa moustache couleur de tabac turc. Malgré l’austérité du lieu, il avait orné son veston gris d’un œillet rose cueilli dans son jardin ; et son visage guilleret souriait à quelque projet de sortie amusante qui remplacerait, pour une fois, la fastidieuse séance au Palais.

Il commença d’une voix calme :

— Adrienne, je vais vous charger de répondre à…

Mais il s’interrompit subitement, ayant levé les yeux sur sa dactylographe. Sa physionomie exprima un ahurissement sans bornes. Il observa la jeune fille avec une telle insistance qu’Adrienne se sentit rougir, la face empourprée d’une chaleur intense. Le regard sévère de Robert la brûlait et la cinglait ; elle éprouvait — sous la torture de ce regard fixe — l’impression humiliante d’être souffletée sur les deux joues.

À la fin, Labrousse s’écria :

— Ah ! çà… Adrienne : est-ce que vous devenez folle ?… Qu’est-ce que vous vous êtes fourré sur la tête ?

Depuis qu’elle avait retiré son chapeau, les cheveux d’Adrienne s’étaient décoiffés, déplaçant ses bandeaux : et maintenant, la jeune fille évoquait, sans s’en douter, ces réclames pour teintures : « Avant, Après » où des femmes immuablement souriantes exhibent une toison bicolore. Adrienne avait conservé ses tresses noires rattachées sur sa nuque ; tandis que sa mèche teinte, dérangée, s’était aplatie sur son front : et cette chose blondie produisait un effet burlesque.

Mais M. Labrousse n’avait pas envie de rire. Il se leva ; hésita un instant ; puis, déclara sur un ton cassant :

— Mademoiselle, je regrette infiniment que vous me contraigniez de vous présenter des observations aussi pénibles et embarrassantes à faire qu’à recevoir… Voici… Il y a déjà quelque temps que vous prenez un mauvais genre : vous venez au bureau vêtue de corsages exagérément décolletés ; vous vous fardez… Je feignais de ne rien voir ; mais mon personnel, mes clients sont certainement moins indulgents que moi… On jase ; j’ai surpris certains propos. Or, pour comble, maintenant : vous vous teignez… et si maladroitement !… Il faut que ces manières cessent, entendez-vous ? Je ne veux pas de cela au bureau. Dehors, vous êtes libre de vous attifer comme il vous plaira : je ne me mêle pas de vos affaires et ne m’occupe point de votre vie privée. Mais veuillez, désormais, garder ici une tenue qui soit plus en rapport avec vos fonctions. Ou sinon…

Il s’arrêta, un peu déconcerté par la souffrance qui contractait la figure d’Adrienne. Ce n’était pas la confusion d’une employée réprimandée ; mais une sorte de désespoir excessif, disproportionné à sa cause. Robert eut l’intuition de cette douleur ; il pensa : « Elle a trop de sensibilité, vraiment… Quelle fille impressionnable ! » Et il se préparait à atténuer ses remontrances d’un encouragement quelconque — car ce n’était pas un méchant homme, — lorsque Adrienne bafouilla rapidement, d’une voix sourde et tremblante :

— S’il s’agissait de Mistiche, vous ne lui diriez rien !

Robert Labrousse bondit. Il lui fut impossible d’articuler une parole : il était suffoqué d’indignation et de stupeur. Comment : cette effrontée se permettait une impertinence aussi déplacée !… Il pâlissait, envahi par une colère grandissante. Mais soudain, il se calma : le maintien d’Adrienne venait de le frapper.

Une subalterne arrogante aurait-elle ainsi baissé les yeux, tandis que des larmes coulaient d’entre ses paupières gonflées ; aurait-elle frissonné des pieds à la tête ; oppressée, frémissante ; ses mains crispées s’agrippant nerveusement à l’étoffe de sa robe ?

Robert comprit tout d’un coup le secret de cette conduite extravagante ; et le malaise qui le gênait en présence d’Adrienne Forestier ; les inégalités d’humeur de la jeune fille ; son goût surprenant pour le bureau… (le bureau !) Sa lassitude paresseuse, succédant à des crises de zèle fiévreux ; sa contenance équivoque et ses coquetteries maladroites…

Cet amour qui l’enserrait traîtreusement depuis trois mois et demi lui était révélé avec la promptitude foudroyante des éclosions spontanées.

Robert comparait la passion d’Adrienne à ces plantes grimpantes dont les lianes presque invisibles rampent lentement, le long d’un mur : durant des semaines, leurs festons verts se confondent avec la pierre moussue ; on ne voit point que la chaîne végétale s’étend, s’attache, s’enroule et se cramponne solidement. Un beau matin, les corolles s’épanouissent toutes à la fois : et, subitement, le mur se trouve enfermé dans la prison fleurie des volubilis.

M. Labrousse se sentait extrêmement embarrassé, confus et flatté, — comme peut l’être un homme qui reçoit l’hommage inusité d’une déclaration féminine.

Son sentiment dominant était plutôt de nature désagréable. Il pensa : « C’est embêtant, cette histoire-là ! » et regarda Adrienne : « Mon Dieu, oui ; elle est très jolie… Mais ce n’est pas ma faute, à moi : ce genre de beauté ne me dit absolument rien ! »

N’étant pas épris, il pouvait envisager de sang-froid les risques d’une pareille aventure. Il s’effraya. Jusqu’ici, les femmes ne lui avaient donné que ce qu’il leur demandait ; il goûtait le plaisir des camaraderies sensuelles avec d’aimables marchandes de joie qui affectaient poliment de s’amuser en sa présence, mais l’oubliaient sitôt parti. Il songea que ce serait terrible d’avoir une maîtresse qui continuerait de penser à lui quand il serait absent. À la sensation d’être aimé pour soi-même, un sage égoïste s’effare toujours.

Robert n’était pas de complexion romanesque ni sentimentale : les exigences d’une grande passion l’eussent épouvanté. Il n’avait jamais souhaité l’aventure rare ; et Mistiche le contentait amplement : ses cajoleries étaient assez empressées pour lui procurer l’illusion d’une volupté sincère ; et sa petite âme trop cupide pour inquiéter son amant : les tendresses qui se tarifent sont aussi faciles à congédier qu’une servante ; il suffit de leur payer le mois commencé.

Robert se trouvait fort ennuyé. Néanmoins, cet amour ingénu qui s’adressait à sa cinquantaine le touchait profondément. Sa sèche nature s’amollissait, sous le coup d’une émotion très douce. Il concevait malaisément ce qui lui arrivait là, car il n’était point fat ; mais il éprouvait une reconnaissance apitoyée à l’égard d’Adrienne.

La considérant d’un air presque affectueux, il finit par murmurer :

— Oh !… Ma pauvre petite !

Sous l’affront de cette compassion humiliante, Adrienne se cabra. Elle s’efforça de traduire sa révolte, chercha une réplique violente… Elle eut cet aveu déguisé qui voulait nier :

— Ce n’est pas vrai… Ce n’est pas vrai, monsieur Labrousse : je ne vous aime pas !

Puis, elle s’affaissa sur une chaise, cachant entre ses doigts son visage meurtri ; son corps était secoué de hoquets brefs, de sursauts nerveux ; mais elle ne pleurait plus, elle ne pouvait plus pleurer : les larmes sont faites pour les petits chagrins ; les grandes douleurs semblent les tarir.

Robert se rapprocha ; il posa sa main sur la tête d’Adrienne et caressa légèrement la mèche blonde qui rutilait parmi les cheveux noirs. Il essaya de la raisonner, de la désillusionner en se montrant sous un aspect défavorable. Il dit sans vanité :

— Ma pauvre enfant, vous divaguez… Vous vous êtes monté la tête. Regardez-moi : je serai bientôt vieux. J’ai l’âge d’être votre père : cinquante-trois ans, dans deux mois… Je ne compte plus. Et vous m’auriez offert cette beauté, ce petit cœur, cette jeunesse toute fraîche que je ne mérite pas ?

Labrousse s’y prenait mal : il était trop attendri. Sa douceur bouleversa Adrienne. Et puis, elle comprenait quel sacrifice il s’imposait en avouant son âge… Elle protesta à voix basse :

— Les autres aussi sont jeunes… plus jeunes que moi !

Il sourit ; et sa réponse exprima le respect de la femme qui travaille :

— Adrienne, vous n’avez pas honte de vous mettre en parallèle avec les autres ? Est-ce la même chose ? Je vous ai souvent bousculée, houspillée — les heures de bureau sont si irritantes ! — mais je vous estime très profondément. Vous n’avez pas le droit de risquer à l’aveuglette le bonheur que vous partagerez un jour avec un compagnon approprié à vous… Vous êtes honnête, pure…

— Je m’en fiche ! cria brutalement la jeune fille.

Robert se rappela à propos qu’il était un homme marié. Il objecta :

— Je ne suis pas libre… J’ai une famille ; des affections à protéger, à ménager… Les intrigues que vous me prêtez, Adrienne, ne sont pas de ces liaisons qui compromettent la tranquillité d’un foyer. On commet bien des vétilles ; on recule devant des responsabilités plus inquiétantes…

Adrienne, vaincue, se ratatinait sur sa chaise ; sans oser lever les yeux.

Robert Labrousse tiraillait machinalement sa moustache ; ne sachant comment s’y prendre pour continuer l’entretien.

Il marchait de long en large, à travers son bureau ; préparant les phrases qu’il allait prononcer. Cette affaire sentimentale lui semblait plus difficile à débrouiller qu’un litige.

Chaque fois que ses pas le ramenaient auprès d’Adrienne, il devait résister à la tentation de se jeter sur elle et de goûter ses lèvres. Pourtant, il ne la désirait pas. Mais une bouffée de sensualité l’affolait passagèrement au contact de cet amour.

Il triompha de sa faiblesse fugace ; et songea : « Il faut en finir… Allons ! »

Il tira discrètement son portefeuille de sa poche et compta, à la dérobée, les coupures qui s’y trouvaient. Ensuite, se rapprochant d’Adrienne, il déclara avec une modération résolue où s’affirmait toute son énergie paisible :

— Vous devez comprendre, ma chère enfant, qu’après la scène qui vient de se passer… Votre présence ici est, dorénavant… impossible… n’est-ce pas ? Je suis désolé de vous causer de la peine. Mais il vaut mieux pour vous, comme pour moi…

Il lui glissa les billets de banque dans la main, en concluant :

— Je m’occuperai de vous obtenir un autre emploi… D’ailleurs, je reste à votre disposition si jamais vous avez besoin de moi… Vous n’aurez qu’à m’écrire un mot.

Adrienne se leva brusquement. Ses yeux tragiques se fixèrent une dernière fois sur M. Labrousse comme pour enregistrer son image. Et soudain, lui jetant les billets bleus à la tête, elle s’enfuit en claquant la porte.

Son geste était stupide. Ces quelques centaines de francs représentaient son travail, son salaire ; et le dédommagement d’un renvoi inattendu. C’était, en somme, son dû. Néanmoins, ç’avait été un mouvement irréfléchi, instinctif, spontané : il lui eût paru déshonorant d’accepter de l’argent d’un homme auquel elle avait laissé voir son amour, dans un instant de défaillance.

Devant l’acte de la jeune fille, Robert haussa les épaules. Il ramassa les billets, les replaça dans son portefeuille ; et revint s’asseoir à sa table de travail ; — sans se douter (lui, pour qui cette somme était infime) qu’Adrienne avait mis un certain héroïsme à repousser l’argent qui eût assuré son humble existence durant plusieurs mois et lui eût épargné les privations qui la menaçaient.

Au contraire : Labrousse, soulagé par le départ de la dactylographe, sentit son émotion se dissiper peu à peu. Il ne lui resta que l’agacement produit par la perturbation inconvenante qui avait troublé sa matinée.

Il grommela : « Que les femmes sont assommantes, avec leurs impulsions de petites bêtes écervelées ! »

Puis, comme se rencontraient sous sa main les actes à copier qu’il avait préparés pour Adrienne, il sonna son garçon de bureau ; et ordonna tranquillement :

— Appelez Mlle  Claire !