Désespérance

(D’APRÈS MIZKIEWIEZ)
















DÉSESPÉRANCE



La nuit, enveloppant de son deuil toutes choses,
Avait dans sa pâleur éteint l’éclat des cieux
Et répandu l’effroi de ses brumes moroses
Sur le monde silencieux.

Les lys blancs, inclinant leurs têtes languissantes
Vers le sol, paraissaient flétris et sans couleur ;
Et du lac indolent les ondes gémissantes
Semblaient frissonner de douleur.


Moi, j’étais là, rêvant à ta beauté cruelle…
Je me disais « La terre est sombre et triste. Hélas !
La nature languit. Mais, plus encore qu’elle,
Mon âme est triste et mon cœur las ! »

Mais voici le matin revenu. La lumière
Au monde rajeuni rend sa fraîche beauté.
Au souffle caressant de l’aube printanière,
La terre reprend sa gaîté.

Aux baisers du soleil offrant leur cœur avide,
Les lys ont redressé fièrement leur front pur ;
Et le lac dans l’azur de son miroir limpide
Reflète le céleste azur.

L’oiseau, dans son doux nid, rouvrant son aile, envoie
Son salut amical au jour naissant. Hélas !
À son obscur chagrin mon âme reste en proie,
Mon cœur ne se réveille pas !