Traité populaire d’agriculture/Plantes alimentaires cultivées pour leurs racines

SECTION TROISIÈME.

Plantes alimentaires cultivées pour leurs racines.

Nous étudierons sous ce titre les plantes suivantes : betterave, navet, carotte, panais. Nous ajouterons, ou plutôt nous ferons précéder cette étude de celle des pommes de terre. Elles ne sont pas véritablement une plante-racine ; les pommes de terre ne sont autre chose que des bourgeons très renflés qui naissent à l’extrémité des tiges souterraines. Ce sont des tubercules, nullement des racines.

I
DES POMMES DE TERRE.

Il existe un grand nombre de variétés de ce tubercule : vouloir les classer est certainement peine inutile ; car non seulement on en gagne de nouvelles tous les jours, mais les anciennes se perdent par dégénération.

Presque toutes les plantes cultivées fournissent des variétés.

Ces variétés, produits de la culture, se conservent aussi longtemps que durent les causes qui les ont provoquées, c’est-à-dire que si le sol continue à être soumis à une culture soignée, si sa richesse s’augmente par l’addition d’engrais judicieux, si les semailles ou les plantations s’exécutent en temps propice, non seulement ces variétés se conservent, mais elles se perfectionnent et se transforment en variétés nouvelles très souvent supérieures aux premières.

Parmi les variétés des diverses plantes, il y en a qui perdent leurs propriétés, leurs caractères particuliers, par le seul fait de leur transposition dans une autre espèce de sol ou sous un climat différent.

À cette catégorie appartient certainement la pomme de terre, dont les innombrables variétés ne sont en effet que les produits d’un sol, d’un climat, d’une culture différents.

I.Originaire des pays chauds, y croissant dans un sol léger et sous un ciel plutôt humide que sec, la pomme de terre prospérera d’autant mieux qu’on lui donnera un terrain approchant de son sol naturel.

Aussi, quoique certaines espèces de pommes de terre prospèrent en terre forte, néanmoins, il est universellement constaté que la plupart demandent un sol léger où le sable domine.

Mais il faut aussi faire la part de l’état général de l’atmosphère ; sous un climat chaud, ses produits sont en raison directe de la fraîcheur naturelle ou artificielle du sol. Toutes choses égales d’ailleurs, c’est dans les terrains légers que ce tubercule acquiert le plus de qualité.

En somme, d’après des expériences faites par des agronomes distingués, on peut ainsi classifier les sols, commençant par ceux dans lesquels les pommes de terre donnent leurs produits les plus abondants :

1osable pur d’alluvion ;

2osable humifère ;

3osol calcaire ;

4osol sablo-calco-argileux ;

5osol argileux.

II.La pomme de terre peut, sans inconvénient, succéder à toute espèce de récolte.

Elle est une récolte sarclée et trouve par conséquent sa place toute marquée au commencement d’une rotation.

La pomme de terre jouit aussi de la propriété de se succéder à elle-même et il n’est pas rare de voir des cultivateurs la cultiver pendant dix, quinze et vingt ans sur le même terrain, sans que son produit en souffre d’une manière sensible.

Il faut alors fumer souvent.

III. — 1o La pomme de terre a besoin pour se développer d’une couche de terre meuble et fraîche.

On l’obtient par les labours.

Les labours qu’on donne au sol, développent son activité, détruisent les mauvaises herbes et fournissent aux racines une couche de terre meuble ; ils doivent par conséquent être d’autant plus profonds et plus complets que les racines tendent davantage à se développer sous le sol. C’est ainsi que les pommes de terre réussiront d’autant mieux que le sol aura été défoncé et ameubli avec plus de soin.

Voici des expériences qui ont été faites et qui viennent pleinement confirmer l’utilité des labours profonds.

Un arpent de terre labouré à 31/2 pouces a donné 4,833 livres de tubercules.

Un arpent labouré à 7 pouces de profondeur en a donné 5,792 livres.

Le même sol, défoncé à une profondeur de 15 à 16 pouces, a donné pour une même étendue le joli rendement de 7,230 livres.

On devra donc, lorsque cette opération sera possible, donner un labour de défoncement, à l’automne, ou du moins un labour profond qui ameublisse la terre.

On donne un second labour au printemps au moment de la plantation.

Dans les terres sablonneuses, on peut facilement omettre de donner un labour à l’automne, mais alors il faut lui en donner un profond au printemps.

2oVoici d’après Boussingault, la composition immédiate de la pomme de terre.

Tubercule
frais.
Tubercule
desséché à 110°
Eau
75,9
 
0,0
Albumine
2,3
 
9,6
Matières grasses
0,2
 
0,8
Ligneux et cellulose
0,4
 
1,7
Matières salines
1,0
 
4,1
Amidon
20,2
 
83,8
100,0 100,0

L’analyse donne pour composition élémentaire du tubercule, les chiffres suivants :

Tubercule
normal.
Tubercule
desséché à 110°
Carbone
10,60
 
44,0
Hydrogène
1,40
 
5,8
Oxygène
10,74
 
44,7
Azote
0,36
 
1,5
Matières salines
1,00
 
4,0
Eau
75,90
 
0,0
100,00 100,0

Les substances minérales contenues dans 1,000 parties de cendre, sont les suivantes, d’après une analyse de Johnston :

Potasse
557
Soude
18
Chaux
22
Magnésie
52
Oxyde de fer et alumine
5
Acide phosphorique
126
Acide sulfurique
136
Silice
42
Chlore
46
1,000

Les engrais sont nécessaires à la culture de la pomme de terre : cette plante absorbe il est vrai beaucoup de nourriture dans l’air atmosphérique ; elle n’en demande pas moins une grande quantité d’engrais pour le développement de ses tubercules. L’expérience constate en effet que dans un sol appauvri, les pommes de terre ne donnent que de chétifs produits.

Les engrais qui paraissent convenir le mieux à la culture de la pomme de terre sont les excréments des bêtes à cornes convertis en fumier, parce que, dit Dubreuil, ils renferment tout à la fois des débris organiques azotés et des substances salines.

Voici d’ailleurs un tableau qui nous fait connaître les résultats obtenus de l’application de tel ou tel engrais :

Fumier, boue d’étang et mousse
456 livres. Superbes.
Débris de savonnerie
430 livres. Très belles.
Fumier et chaux
412 livres. Médiocres.
Cendres et fumier d’écurie
384 livres. Très belles.
Fumier d’écurie
352 livres. Trèsbelles.
Sciure de bois
342 livres. Trèsbelles.
Fumier et débris de savonnerie
332 livres. Trèsbelles.
Suie, terre végétale et cendres
302 livres. Trèsbelles.
Fumier de volailles et cendres
264 livres. Assez belles.
Débris de joncs décomposés et chaux
232 livres. Très belles.
Fumier, chaux et compost
228 livres. Médiocres.
Sel marin et terre végétale
224 livres. Médiocres.
Sciure de bois et chaux
220 livres. Très petites.
Chaux et cendres
214 livres. Médiocres.
Sciure de bois et cendres
212 livres. Petites.
Chaux seule
208 livres. Médiocres
Débris de tannerie et fumier
162 livres. Assez belles
Sans aucun engrais
150 livres. Très petites
Débris de tannerie et chaux
84 livres. Trèspetites.
Débris de tannerie seuls
38 livres. Mauvaises


On peut aisément conclure par la simple inspection de ce tableau que si la pomme de terre aime un terrain riche en substances animales, elle ne veut pas d’un autre côté, que pendant sa végétation, ces débris fermentent violemment dans le sol. En conséquence, le fumier d’étable seul, consommé ou mélangé avec du terreau, de la vase d’étang ou des débris de savonnerie, et les engrais verts qui fermentent lentement, sont les meilleurs engrais que l’on puisse appliquer à cette récolte dont ils augmentent considérablement le produit ; au contraire, une addition de chaux, de fumier de cheval, ou tout autre engrais chaud excite trop la végétation des plantes qui ne produisent alors qu’une masse de feuilles, de tiges et rejetons et fort peu de tubercules, sans compter que la fermentation de l’engrais rend les pommes de terre aqueuses, d’une saveur désagréable et leur donne une tendance bien prononcée à la dégénération.

Quant au mode d’application de l’engrais, voici ce qu’en dit l’enseignement de la Gazette des campagnes :

« Le fumier se place de trois manières : on l’étend sur la surface du terrain, ou on le met dans chaque raie ouverte par la charrue, ou on le met dans le sillon qui doit recevoir les tubercules. Ces deux dernières méthodes sont préférables chaque fois que, dans une rotation, la patate est regardée comme produit principal et dans les circonstances où l’on éprouve une pénurie d’engrais ; mais la première mérite la préférence, lorsqu’on regarde la patate comme récolte préparatoire à la culture des céréales, et lorsqu’on dispose d’une grande quantité de fumier.

« Lorsqu’on enterre le fumier en même temps qu’on plante les tubercules, on ne doit pas perdre de vue deux considérations qu’on est trop disposé à négliger. Dans les sols humides, les tubercules de patates doivent être placés sur le fumier. De cette manière, le fumier attirera l’humidité contenue dans la couche qui couvre la semence et rendra ainsi cette surface sèche et plus facile à travailler. Dans les sols légers, au contraire, qui souffrent par l’excès de sécheresse, on plante d’abord les tubercules et le fumier par-dessus, afin que ce dernier qui attire puissamment l’humidité et contracte avec elle une grande adhérence, tienne les tubercules toujours frais et dans une bonne disposition à la germination. C’est surtout dans les terres très calcaires que cette dernière méthode a d’excellents résultats. »

3oLa pomme de terre, dit l’abbé N. A. Leclerc, peut être reproduite de trois manières, soit en semant la graine que donnent ses tiges, soit en plantant ses tubercules, soit enfin en se contentant d’enterrer les germes qu’elle contient. Le mode le plus généralement usité en Canada, et le plus économique, est le dernier, pourvu qu’on ait soin d’enlever les germes assez gros. Il faut, en général, douze minots de tubercules par arpent.

On peut se contenter d’une quantité moindre.

Après avoir discuté sous toutes ses faces la question de savoir s’il était préférable de semer les tubercules en entier, ou si l’on pouvait également planter des tubercules de grosseur différente, ou des morceaux pourvus d’yeux (germes), après avoir cité des expériences faites par plusieurs agronomes, Dubreuil termine ainsi :

« Posons en principe : 1o qu’on devra généralement choisir les plus gros tubercules ; 2o qu’en cas de cherté de la semence, on pourra diviser les gros tubercules, mais seulement pour un sol bien égoutté ; 3o que les petits tubercules et ceux de moyenne grosseur peuvent être avantageusement employés, mais à la condition d’être plantés plus rapprochés que les gros ; 4o qu’il y a nécessité de changer de semence de temps en temps, lorsque le sol où l’on cultive est ou trop sec ou trop humide. »

Le mode le plus suivi et le plus économique pour planter les pommes de terre consiste à employer la charrue. Dans la raie ouverte par l’instrument, on dépose un tubercule, de neuf pouces en neuf pouces. Lorsqu’une raie est plantée, on laisse vides les deux suivantes, de sorte que lorsqu’une plantation est terminée, les rangs de pommes de terre se trouvent placés dans toutes les troisièmes raies.

On plante aussi les pommes de terre dans des sillons tracés d’après la méthode décrite à la culture du maïs, c’est certainement l’une des meilleures méthodes.

Voici le détail de l’opération :

On trace avec le buttoir un sillon profond à chacun des points qui doivent être occupés par une ligne de plantes. Une voiture dont la voie comprend la largeur de trois sillons, de manière à ce que chaque roue suive un sillon et que le cheval marche dans celui du milieu, amène dans ces sillons le fumier que l’on décharge par petits tas dans celui du milieu d’où il est ensuite également réparti entre les trois sillons. Un léger coup de herse donné sur le travers des sillons fait tomber sur le fumier une quantité de terre suffisante pour l’enterrer.

C’est au fond de ces sillons en partie comblés et immédiatement au-dessus du fumier que l’on sème la pomme de terre ; on recouvre la semence, soit avec la houe à main (gratte), soit par un hersage plus énergique donné sur le travers des sillons, ou encore à l’aide du buttoir que l’on fait passer entre les sillons et qui dans sa marche, déversant la terre à droite et à gauche, jette sur les plantes toute la terre nécessaire à les couvrir entièrement.

Dans les terres légères, on place de préférence la pomme de terre sous le fumier, immédiatement au fond du sillon.

Lorsque les pommes de terre sont semées en sillons, il faut donner à ces derniers un espacement convenable ; 21 à 27 pouces suffisent.

Dix à quinze jours après la plantation, on donne un coup de herse qui ameublit le sol et détruit les mauvaises herbes qui commencent à couvrir sa surface. Peu après, lorsque les rangs de pommes de terre sont bien sortis, on recommence le hersage. Quelque temps après, on donne le binage à la houe à cheval et on le répète, s’il y a nécessité, quinze jours plus tard.

On termine les soins d’entretien par le buttage qui peut se donner en une seule fois à l’époque où la pomme de terre est sur le point de fleurir, mais il est bien plus complet lorsqu’on l’exécute en deux fois. On avance alors un peu l’époque du buttage ; la première fois, on fait pénétrer l’instrument de trois à quatre pouces de profondeur lorsque les plantes ont atteint dix à onze pouces de hauteur ; quinze jours après, on donne le second buttage, qui doit être plus énergique et pratiqué de manière à envelopper les tiges sur les deux tiers de leur élévation.

Les binages et les buttages sont les seules opérations culturales que réclame la pomme de terre pendant sa végétation.

IV.La maturité des pommes de terre se reconnaît, dit J. A. Barral, à ce que les tiges se flétrissent, puis se dessèchent. Si, lorsqu’on coule le pouce en l’appuyant avec force sur un tubercule, la pelure résiste et ne se soulève pas, il faut alors, lorsque le temps est au beau, procéder sans délai à l’arrachage.

On arrache les pommes de terre à bras ou à la charrue, ou à l’aide d’un instrument spécial connu sous le nom d’arrache-patates.

L’arrachage des pommes de terre à la charrue a été décrit dans les opérations générales de culture, nous n’y reviendrons pas.

Un mot de l’arrachage à bras.

L’instrument le plus convenable à cette opération est un crochet composé de deux dents plates, longues de dix à douze pouces et réunies par une forte douille dans laquelle s’insère un manche court et dont l’ouvrier se sert à demi courbé et en marchant en avant.

Cet ouvrier suit, les jambes écartées, une rangée de pommes de terre sur laquelle il est en quelque sorte à cheval. D’un coup de crochet qu’il donne à six pouces en avant de chaque touffe, il l’enlève en l’ébranlant avec précaution et la jette en arrière en la faisant passer entre ses jambes ; il fouille avec son outil, autour de la cavité dont il vient de détacher une touffe de tubercules, pour enlever ceux qui pourraient se trouver un peu plus loin, puis il passe à la touffe suivante. Deux femmes ou deux enfants accompagnent chaque arracheur ; leur tâche est de ramasser les pommes de terre dans des paniers qu’ils vident soit dans des sacs qui sont plus commodes si les tubercules doivent être transportés à dos dans les caves, soit dans des tombereaux, qui sont préférables lorsqu’on peut vider directement ceux-ci par un soupirail, ou dans la cave même.

Aussitôt que la récolte est enlevée, il faut donner un hersage en travers.

Ce hersage a trois résultats : il achève de ravaler les sillons formés par le buttoir et que l’arrachage a déjà détruits en partie ; il rassemble en chaîne les fanes de pommes de terre ; et enfin, il met à découvert les tubercules qui étaient cachés sous la terre ou les fanes ou qui ont échappé aux ramasseurs.

On enlève immédiatement les fanes pour en faire une excellente litière, ou on les brûle sur place et on répartit la cendre.

Les pommes de terre laissées à la lumière ne tardent pas à verdir, ce qui leur donne un mauvais goût. On doit les rentrer aussi vite que possible, en leur laissant toutefois le temps de sécher quelque peu.

Les pommes de terre donnent des produits dont l’abondance dépend du sol, de la préparation du sol, de l’espèce de pomme de terre qu’on a plantée, enfin de plus d’une circonstance. Il est presqu’impossible de donner des chiffres précis, cependant on peut dire que 200 à 250 minots par arpent sont un excellent rendement, un rendement que bien des cultivateurs sont loin d’obtenir.

II
DE LA BETTERAVE.

La betterave est une plante bisannuelle : elle présente deux périodes dans sa végétation ; à la première année elle pousse des feuilles, et sa racine charnue et succulente se développe jusqu’à l’entrée de l’hiver ; à la seconde année, ce sont les tiges, les fleurs et les graines, après quoi la plante meurt.

La betterave est non seulement une plante alimentaire, elle est encore une plante industrielle. L’industrie, en effet, est parvenue à extraire de la betterave un sucre abondant et aujourd’hui, dans certains pays, en France surtout, on ne cultive presqu’exclusivement la betterave que pour le sucre qu’elle fournit.

Depuis quelques mois notre public agricole est saisi de cette question ; nous ne la discuterons pas dans ce traité, mais nous pouvons dire qu’une solution affirmative, en autorisant ici la culture de la betterave comme plante industrielle, serait un premier pas vers un progrès réel.

On distingue plusieurs variétés de betteraves, les principales sont les suivantes : 1o la betterave champêtre ou disette, qui convient surtout aux terres fortes où elle croît presqu’entièrement hors du sol ; 2o la betterave de Silésie, c’est la betterave à sucre, qui nous donne deux sous-variétés, la betterave de Silésie à collet rose et la betterave de Silésie à collet vert ; 3o la betterave jaune, qui sert principalement de nourriture aux vaches laitières.

I.La betterave demande un terrain profond, très meuble, riche en sucs nutritifs et qui ne soit pas trop humide ; dans ce dernier cas, la racine devient très grosse, mais aqueuse et peu sucrée. Dans les terrains compacts et glaiseux, la racine ne pouvant s’étendre, reste fibreuse. Le sol qui lui convient le mieux, où elle donne ses plus beaux produits, est un sol léger et profond.

La betterave ne craint pas trop la sécheresse, c’est même une des plantes qui en souffrent le moins.

Nous avons dit que l’on cultive la betterave dans un double but, comme nourriture pour les bestiaux ou pour l’extraction de son sucre.

Suivant sa destination, la betterave demande un sol plus ou moins profond ou de telle ou telle composition.

C’est ainsi que l’observation nous apprend que plus les betteraves s’enfoncent dans le sol, plus elles sont riches en sucre ; il faut alors un sol plus profondément ameubli, et parmi les diverses variétés de betteraves on choisit celles qui s’enfoncent le plus avant dans le sol.

On remarque aussi que plus un sol est riche en calcaire, moins la betterave contient du sucre ; en d’autres termes, à mesure que la proportion du calcaire s’accroît dans un sol, celle du sucre diminue.

Les betteraves que l’on cultive comme racines alimentaires demandent un terrain moins profond ; plusieurs d’entre elles, notamment la betterave champêtre, à racine oblongue, poussent presque entièrement hors de terre.

II.La betterave vient bien après toutes les céréales, qui lui succèdent en outre parfaitement. Comme récolte sarclée, elle ouvre la rotation.

III. — 1o À l’automne, on donne un labour de défoncement de dix à quatorze pouces, si la terre est argileuse ou compacte. Si le sol est léger on se contente d’un seul labour profond qu’on ne donne qu’au printemps. À cette époque, les sols labourés l’automne précédent, reçoivent des hersages et des roulages, quelquefois même un labour ordinaire lorsque leur surface n’est pas encore assez ameublie.

Enfin, on termine par la préparation immédiate, qui met la terre en état de recevoir la semence et les engrais destinés à la culture de la betterave.

2oCes engrais, pour convenir à la plante, doivent se rapprocher de sa composition chimique. Comme nous le verrons, c’est la potasse qui domine dans la composition minérale ; c’est du moins ce qu’atteste l’analyse de 1,000 parties de cendre, analyse faite par Boussingault et dont voici le résultat :

Potasse
490
Soude
76
Chaux
90
Magnésie
54
Oxyde de fer et alumine
31
Acide phosphorique
75
Acide sulfurique
19
Silice
100
Chlore
65
1,000

Et si l’on veut maintenant connaître dans quelle porportion sont les sels minéraux dans la composition immédiate ou mieux élémentaire de la plante, Boussingault nous la donne dans le tableau suivant :

Racines. Feuilles.
Carbone
42,75
 
38,1
Hydrogène
5,77
 
5,1
Oxygène
43,58
 
30,8
Azote
1,66
 
4,5
Cendres
6,24
 
21,5
100,0 100,0

La betterave aime les engrais et les amendements riches en potasse ; elle préfère aussi les fumiers consommés aux fumiers pailleux. Les matières fécales, du moins l’engrais flamand, les engrais liquides, employés à l’époque des semailles, exercent une action remarquable sur la végétation de la betterave.

Ajoutons que le noir des raffineries, le noir animalisé, les produits de défécation du jus de betterave (les résidus) provenant des sucreries, les feuilles de betteraves, les débris des collets et des radicules qu’on enlève aux racines à l’époque de l’arrachage sont autant de substances fertilisantes qui aident puissamment à la croissance vigoureuse de la betterave.

3oOn sème la betterave de deux manières : en pépinière ou à demeure.

Le semis en pépinière peut lui-même s’exécuter de deux manières, soit qu’on le pratique en plein champ ou sur couche.

Voici les différentes opérations que nécessite chacune de ces méthodes.

À demeure, on sème la betterave à la volée ou en lignes : ce dernier mode est maintenant le seul qui soit en usage.

L’espacement entre les lignes est déterminé par la nécessité d’y faire passer des instruments attelés, par le développement que prennent les plantes suivant la richesse du sol, la dose d’humidité qu’il peut retenir en été.

Dans les meilleures conditions, on donne un espacement de 21 pouces ; si les conditions sont moins favorables, on n’en donne que 18 ; pour les mêmes raisons, on fait varier de 10 pouces à 15 ou 18, l’espace qu’il faut réserver entre les plants sur une même ligne.

On sème dès qu’il n’y a plus à craindre les gelées tardives du printemps.

La quantité de semence varie suivant que l’on sème les fruits entiers ou les graines débarrassées de leur enveloppe ; dans le premier cas, il faut à peu près 51/2 livres par arpent, dans le dernier, 21/2 livres suffisent pour la même étendue.

La graine met 10 à 15 jours à lever ; on hâte sa germination en faisant tremper la semence pendant 48 heures dans du jus de fumier et en laissant cette graine ainsi humectée pendant deux ou trois jours en tas ou en couches de pas plus de quatre pouces d’épaisseur. On gagne par ce procédé à ce que la graine lève au bout de 7 à 8 jours, quelquefois même dès la cinquième journée.

Si on craint les effets de l’humidité, on sème sur billons ou ados relevés ; on peut aussi recommander cette pratique dans tous les terrains où il est à craindre que la couche de terre végétale ne soit pas assez profonde pour le succès de la culture.

On forme les billons suivant le mode décrit à la page 359 (culture du chou).

On affermit le sommet des billons en passant dessus un léger rouleau.

Alors un ouvrier, à l’aide d’un plantoir, lequel est traversé d’un petit bâton à un pouce et demi ou deux pouces de sa pointe, afin de faire des trous d’une profondeur égale et convenable, marche dans le rayon, faisant un trou aux distances voulues, sur le sommet du billon ; derrière lui une femme ou un enfant met deux ou trois graines dans chacun de ces trous.

On a imaginé aussi de faire des trous avec une sorte de roue poussée par un timon, comme une roue de brouette ; dans les bandes de cette roue sont enfoncées des chevilles saillantes de deux ou trois pouces en dehors et qui font, à mesure que tourne la roue, des trous également espacés sur le sommet du billon.

Mais, de tous les moyens, le plus expéditif est certainement l’emploi du semoir-brouette qui sème et enterre en même temps la graine.

Lorsque l’on sème sur le terrain plat, on se sert d’un instrument appelé rayonneur qui ouvre dans le sol des sillons suffisamment espacés, dans lesquels on verse la semence, soit à la main, soit à l’aide du semoir-brouette.

On remplit les sillons au moyen d’une herse composée d’un châssis en bois sur lequel on a fixé des branches d’épines.

On termine par un coup de rouleau.

Cultivée d’abord en pépinière, la betterave demande un sol bien riche et bien préparé. On sème en lignes distantes de 10 pouces les unes des autres ; sur les lignes, on sème plus dru. On donne un éclaircissage et des binages convenables.

On repique la betterave dès que les plants ont un demi-pouce de diamètre.

Un arpent de pépinière peut fournir du plant pour dix arpents de terre.

L’opération du repiquage est décrite à la culture du chou. Nous pouvons ajouter que c’est une bonne pratique de couper les feuilles des jeunes plants à mesure qu’on les enlève de la pépinière, à trois pouces et demi environ au-dessus du collet ; on diminue ainsi les effets de l’évaporation. On doit de même couper l’extrémité de la racine si elle est trop longue pour se loger dans la terre sans se replier.

Le semis sur couche offre le précieux avantage de donner à la plante une vie plus longue. On augmente par là même et considérablement le volume des plants. On repique lorsque la plante a atteint la grosseur du doigt.

4oSemée à demeure, en pépinière ou sur couche, la betterave exige pendant sa culture de nombreux sarclages et binages. Aussitôt que les jeunes plantes ont atteint une hauteur de quelques pouces, ou en général du moment que la terre commence à se couvrir de mauvaises herbes, il faut procéder au sarclage.

Quinze jours après, on en pratique un second avec la houe à cheval, excepté sur les lignes où l’on exécute ce travail à la main, et c’est à l’occasion de ce second sarclage que l’on arrache ou que l’on coupe au-dessous du collet les plants surabondants.

On répète les binages, suivant que l’exige la végétation des mauvaises herbes, jusqu’au moment où les feuilles de la betterave couvrent assez le sol pour empêcher la marche de l’instrument.

La betterave, surtout celle que l’on cultive pour l’extraction du sucre, doit recevoir un ou deux buttages. On donne le premier lorsque la racine mesure 2 pouces environ de circonférence, et le second trois ou quatre semaines après.

IV.« Pendant la première année de sa végétation, dit Dubreuil, la betterave développe seulement des feuilles et une racine. Ces deux organes puisent dans l’atmosphère et dans le sol certains fluides qui, élaborés par les feuilles, concourent en partie à l’accroissement de la racine et s’accumulent dans son tissu pour fournir, l’année suivante, un prompt et vigoureux développement de la tige et des fruits. C’est la présence de ces fluides dans les tissus de la racine qui donne à cet organe les propriétés qui le font rechercher soit pour la nourriture des animaux, soit pour l’extraction du sucre. » Le moment de la récolte se trouve par là même indiqué. La betterave ne doit être enlevée du sol que lorsqu’elle a accumulé dans ses tissus la plus grande quantité de ces fluides, le plus tard possible.

On obtient ainsi une augmentation considérable dans les produits, sans compter — c’est un fait d’observation — que les betteraves récoltées tard sont moins aqueuses, plus nutritives, d’une conservation plus facile, plus propres enfin à l’extraction du sucre.

Mais, si le sol est très compact et argileux, il est bon alors de récolter de bonne heure, si l’on ne veut pas que l’arrachage de la betterave s’opère sur un champ devenu, grâce aux pluies d’automne, collant et boueux et qu’on laisse souvent dans un très mauvais état pour la récolte suivante.

L’arrachage de la betterave, lorsque cette plante est cultivée en grand, se fait au moyen d’une charrue sans avant-train, portant au lieu du versoir un morceau de bois triangulaire entre le soc et l’étançon de devant, qui soulève la terre sans la retourner. En piquant profondément avec cet instrument à gauche de la ligne des plantes et au-dessous des racines, on les soulève et on les détache du sol, de manière qu’elles peuvent être facilement arrachées à la main.

La betterave arrachée, on procède à son décolletage, opération que nous avons décrite dans la culturo générale.

On rentre les betteraves aussi tard que possible, ayant soin de les réunir en petits tas que l’on recouvre des feuilles provenant du décolletage.

Le produit moyen de la betterave est de 15 à 20,000 livres par arpent. Ce produit peut s’élever jusqu’à 35,000 livres et même 40,000 par arpent, dans les années exceptionnellement favorables et dans les sols les plus propices.

III
DU NAVET.

Ce que l’on appelle ordinairement chou de Siam est une variété du chou-rave ; la rabiole ou rabioule est une autre variété du chou-rave. On donne le nom de navet ou chou-navet au rutabaga ou navet de Suède.

Les choux-navets ont une racine fusiforme, c’est-à-dire en forme de fuseau ; les choux-raves ont une racine conique ou subglobuleuse, c’est-à-dire en forme de cône ou de sphère.

Toutes ces plantes forment un excellent fourrage pour les animaux et depuis quelques années leur culture a pris une rapide extension.

Nous allons en étudier la culture sous le titre plus général de navet.

I.Le navet aime un climat humide et, tandis que la rabiole préfère les terrains légers, calcaires, de consistance moyenne, qui ne sont pas exposés à la sécheresse, le rutabaga et le chou de Siam s’accommodent bien des sols argileux, compacts, très humides, tout en leur préférant les sols calcaires, de consistance moyenne.

II.Le navet prend dans le sol la première place au début de la rotation.

III. — 1o La préparation du sol est la même que celle que nous avons décrite en parlant de la culture de la betterave.

2oVoici la composition élémentaire de la rabiole, d’après Boussingault :

Carbone
42,93
Hydrogène
5,61
Oxygène
42,20
Azote
1,68
Cendres
7,58
100,00

Les cendres renferment les principes minéraux suivants :

Racines. Feuilles.
Potasse
35,7
 
308,49
Soude
5,4
 
21,07
Chaux
12,9
 
285,10
Magnésie
4,3
 
74,47
Oxyde de fer et alumine
1,2
 
0,00
Phosphate de fer
0,0
 
13,32
Acide sulfurique
10,9
 
40,03
Acide phosphorique
6,2
 
0,00
Acide carbonique
15,0
 
225,01
Chlore
2,9
 
0,00
Chlorure de sodium
0,0
 
32,51
Charbon
5,5
 
0,00
100,0 1,000,00

Nous faisons suivre ce tableau d’un autre qui nous fait connaître la composition respective du rutabaga ou navet de Suède, et du chou de Siam ou chou-rave :

Rutabaga. Chou de Siam.
Potasse
420
 
362
Soude
53
 
64
Chaux
130
 
121
Magnésie
51
 
68
Oxyde de fer et alumine
11
 
24
Acide phosphorique
72
 
96
Acide sulfurique
135
 
121
Silice
73
 
100
Chlore
37
 
44
Acide carbonique
18
 
0
1,000 1,000

Ces différentes plantes sont, comme on le voit, très riches en potasse et en chaux. Aux engrais qui conviennent à la betterave, ajoutons la chaux et la marne, les os et les superphosphates du commerce ; donnons à ces plantes un sol riche en sels alcalins et calcaires et nous aurons d’abondants produits, de magnifiques récoltes.

3oCes plantes sont semées ou en lignes et à demeure ou en pépinière pour être repiquées ensuite. Les opérations de semis en pépinière et du repiquage sont les mêmes que celles que nous avons décrites à la culture du chou.

Les pucerons font à ces plantes un guerre acharnée ; on combat ces insectes au moyen des cendres non lessivées, dont nous avons déjà indiqué l’emploi.

Le semis à demeure se fait sur terrain plat à l’aide du rayonneur et du semoir à brouette ou sur billons aplatis, ayant un espacement de 18 à 21 pouces ; on réserve 12 à 14 pouces entre les plantes sur les lignes.

On sème en moyenne 3 livres par arpent.

4oOn ne donne point de buttage ; les autres soins d’entretien, sarclage, binage, éclaircissage, se donnent comme pour la betterave, avec les mêmes instruments et de la même manière.

IV.La récolte des navets se fait comme celle de la betterave, à la main ou à la charrue sans versoir. On pratique le décolletage et on se sert des feuilles pour recouvrir les tas que l’on fait avec les racines.

Les rutabagas donnent entre 25 et 50 mille livres de racines par arpent ; les rabioles, entre 15 et 30 mille livres.

IV
DE LA CAROTTE.

« Il n’est pas, dit un agronome, de racine fourragère qui soit plus goûtée de tous les animaux et qui leur réussisse mieux. Le principe aromatique et excitant qu’elle contient lui assure la préférence sur la pomme de terre, les raves, les choux-navets et même la betterave. Elle contient, à poids égal, un peu moins de parties nutritives que la pomme de terre, mais son produit est plus considérable et compense largement cette différence. Les chevaux en sont surtout très avides et elle peut, sans inconvénient, leur tenir lieu d’avoine. La carotte donne au lait et au beurre une qualité supérieure ; elle est pour les brebis et les agneaux le meilleur fourrage. Enfin, si on la fait cuire à moitié, elle engraisse rapidement les porcs et donne au lard une excellente qualité. Ses fanes, très abondantes, sont aussi très recherchées par les bestiaux. »

Mais il faut compter aussi avec quelques désavantages que présente la culture de cette racine. Nous apprendrons facilement à les reconnaître.

I.La carotte demande un sol léger, gras, profond et parfaitement nettoyé du chiendent et des autres plantes nuisibles ; il faut aussi que le fumier qu’on lui donne soit bien consommé, car les fumiers frais diminuent considérablement la substance sucrée de cette racine et en rendent le goût plus ou moins âcre.

Les terrains forts, tenaces et superficiels ne conviennent pas à la carotte ; dans les premiers, les racines ne pouvant pas se développer, deviennent fourchues et fibreuses ; et dans les terres trop peu profondes, les racines restent trop courtes.

Outre la profondeur et la consistance, la nature du terrain influe encore sur le rendement et la qualité des carottes. Plus une terre est douce, fraîche, grasse et mêlée de sable, plus les carottes y deviennent douces et agréables au goût, plus aussi leur rendement est considérable.

II.La carotte est une plante sarclée ; elle apparaît donc dès le début de la rotation.

Il y a cependant danger à la cultiver après une céréale qui a sali la terre en favorisant la croissance des mauvaises herbes.

En effet, comme elle est très délicate pendant sa jeunesse, qui se prolonge longtemps, et que souvent elle ne lève qu’un mois après sa semaille, il arrive, lorsqu’elle sort de terre et qu’elle vient à la suite d’une céréale, que le sol est déjà couvert d’un tapis de jeunes herbes, toutes plus avancées qu’elles. Le premier binage est alors très difficile, et d’autant plus difficile qu’il n’est pas toujours aisé de distinguer la carotte parmi les mauvaises herbes, dont un grand nombre, dans cette première phase de leur végétation, ont un aspect assez semblable au sien.

Toutes ces circonstances ajoutent au coût de la culture de cette racine. « Aussi, dit Barral, quand on n’a pas des terres extrêmement propres, nous ne conseillons pas de faire entrer la carotte dans un assolement régulier, à moins que ce ne soit à la suite d’une récolte de pommes de terre. Nous avons vu la carotte cultivée par ce procédé avec un grand succès, quoique deux récoltes sarclées consécutives soient une hérésie aux yeux de beaucoup d’agronomes. »

La carotte peut aussi se succéder à elle-même.

III. — 1o La préparation que l’on doit donner à la terre est la même que celle exigée par la culture de la betterave, avec cette différence que la carotte ayant une racine qui s’enfonce plus avant dans le sol, demande par là même une terre plus profondément ameublie. Le labour, donné à l’automne, devra donc être plus profond.

2oNous ne possédons pas encore d’analyse bien exacte de la carotte.

Du sucre, de l’albumine, des matières grasses, de l’amidon, un principe colorant rouge, quelques acides organiques, des phosphates, des carbonates de chaux et de magnésie : telles sont les substances qui entrent dans la composition de la carotte. Leur proportion relative n’a pas encore été déterminée et le rapport entre les matières organiques et les sels minéraux est inconnu.

La plupart des agronomes reconnaissent une grande analogie entre la betterave et la carotte. Nous ferons comme eux et nous renverrons le lecteur aux détails que nous avons donnés dans les paragraphes correspondants, à l’article de la betterave, avec la recommandation de préférer le fumier consommé au fumier qui ne l’est pas.

3oLa carotte est semée sur lignes, distantes les unes des autres de 18 à 20 pouces. On se sert du rayonneur pour tracer les sillons qui doivent être peu profonds ; on ménage un pouce à un pouce et quart d’intervalle entre les plantes.

On cultive aussi la carotte sur billons ; on en aplatit le sommet à l’aide d’un léger rouleau et on sème avec le semoir-brouette.

Un arpent demande 12/3 livre à 2 livres de semence.

La graine de carotte ne doit être que peu profondément enterrée ; sans quoi, sa germination serait de beaucoup retardée.

4oUn sarclage tout d’abord et un sarclage à la main sur les lignes, aussitôt que la plante sort de terre ; un sarclage entre les lignes avec un instrument à bras (gratte).

Quelques semaines après, un premier binage avec instruments à main, sur les lignes, et entre les lignes avec la houe à cheval.

Lors du deuxième binage, on éclaircit les plantes de manière à ne laisser entre elles qu’un espace de six à huit pouces.

Quelques essais semblent prouver qu’il n’est pas absolument nécessaire d’éclaircir, même au point de vue de l’abondance des produits.

On répète les binages aussi souvent que la croissance des mauvaises herbes rend cette opération indispensable et on enlève les carottes qui montent à graine.

IV.La marche indiquée dans la culture de la betterave est aussi celle que l’on doit suivre ici : inutile de la répéter.

La carotte donne en moyenne un rendement de 300 minots par arpent.

V
DU PANAIS.

Suivant Mathieu de Dombasle, aucune racine n’est plus profitable pour l’engrais des bêtes à cornes, des cochons et pour la nourriture des vaches laitières.

C’est une racine qui ressemble beaucoup à la carotte ; elle appartient à la même famille.

On en connaît deux variétés principales : 1o le panais rond, c’est celui que l’on cultive dans les jardins et que l’on destine à l’alimentation de l’homme ; 2o le panais long, que l’on donne aux animaux et que l’on cultive en plein champ.

I.Le panais veut une terre profondément défoncée, un sol richement fumé ; il préfère un terrain calcaire.

II.Il occupe dans la rotation la même place que la carotte.

III.La culture du panais et celle de la carotte sont les mêmes ; mais on sème le panais plus clair ; toutefois, comme ses graines sont un peu plus grosses, on en répand trois à quatre livres par arpent.

Les soins d’entretien sont les mêmes que pour la carotte.

IV.La récolte se fait à l’aide de la charrue dont on se sert pour arracher la betterave.

On pratique de même l’opération du décolletage.

Le panais produit moins que la carotte dans une terre médiocre, mais souvent davantage dans un sol riche où son rendement atteint facilement 25,000 livres et 30,000 livres par arpent ; il donne en feuilles la moitié de son poids en racines.