Traité des sièges et de l’attaque des places/28

DESCENTE DU FOSSÉ.

Descente sou­terraine.

Voir les plan et profil marqués A. Pl. 11.

1657.
1654.
Leur ouverture dépend de la profondeur du fossé, car si elle est fort grande, comme de 18, 20, 25 à 30 pieds, il faudra ouvrir à mi-glacis, et passer en galerie de mineur par dessous le logement de la contrescarpe et le chemin couvert, pour sortir à peu près aussi bas que le fond du fossé. C’est ce que nous fîmes à Montmédy et à Stenay fort heureusement, et ce que l’on doit faire en cas pareil à toutes les places.

Descente blindée.
Plan et profil marqués B.
Pl. 12.
Si le fossé n’a que 12 à 15 pieds de profondeur, il suffira de faire un passage au travers des parapets du chemin couvert, et avoir soin de le bien blinder, et de s’enfoncer 4 à 5 pieds au-dessous de la banquette, prolongeant la rampe en arrière autant qu’il sera nécessaire pour l’adoucir en avant, et la rendre moins roide ; conduire ensuite le reste en rampe et à sape découverte sur tout le travers du chemin couvert, se prolongeant le long des traverses jusque sur le bord du fossé, et quand on l’aura joint, travailler à l’approfondissement de la descente autant qu’il sera nécessaire, réglant le fond en marches d’escalier, s’il est nécessaire, soutenues par des planches arrêtées de piquets. Voyez le profil de la pl. 11, observant de bien étayer les terres des bords pour les empêcher de s’ébouler et tomber dans la descente.

Si le fossé est plein d’eau dormante dont la superficie soit élevée de 3, 4 ou 5 pieds près du bord, la descente sera plus facile, parce qu’il n’y aura que peu de rampe à faire ; mais il faudra toujours s’épauler très-fortement du côté des flancs, et marcher en galerie couverte, composée de fascines soutenues par de fortes blindes plantées de part et d’autre à 5 ou 6 pieds l’une de l’autre, et posées en travers, ce qui fera la largeur de la galerie sur six pieds de hauteur, la charger de deux ou trois lits de fascines posées avec la fourche et bien arrangées afin qu’il n’y reste pas de jour.

Ancienne manière de faire les des­centes et passages de fossés.Autrefois on les faisait par des assemblages de charpenterie de bois carré, couvertes par les côtés et par le dessus de madriers à preuve du mousquet, et sur le tout, par des peaux de bœufs fraîchement tués ; outre quoi, le côté opposé au flanc, se faisait à preuve du canon, ce qui, se continuant sur tout le passage du fossé, employait bien du temps et de la dépense, et ne laissait pas souvent d’être interrompu, parce que rarement le feu du canon de la place (qui pouvait avoir vue dessus), était bien éteint, non plus que celui de la mousqueterie ; mais depuis qu’on a su s’en rendre maître, on y fait moins de façon.