Traité de la peinture (Cennini)/XXXIX

xxxix.00La manière de faire le rouge dit cinabrese, propre aux carnations sur mur, et sa nature.

Ce rouge est une couleur claire que l’on nomme cinabrese, et je ne sache pas que l’on s’en serve ailleurs qu’à Florence. Elle est parfaite pour les chairs. Sur le mur on l’emploie à fresque. Cette couleur se fait avec la plus belle qualité possible de sinopia et la plus claire. Elle est broyée, mêlée avec le blanc de Saint-Jean. Ce blanc se nomme ainsi à Florence ; il est le produit de la chaux bien blanche et bien purgée. Quand ces deux couleurs sont bien broyées ensemble, c’est-à-dire deux parties cinabrese[1] et un tiers de blanc, fais-en des petits pains de la grosseur d’une demi-noix et laisse-les sécher ; quand tu en as besoin, prends-en ce que tu penses nécessaire. Cette couleur te fera grand honneur pour colorer des visages, des mains, des nus sur mur, comme je te l’ai dit, et quelquefois tu peux en faire de beaux vêtements ; sur mur ils paraissent faits de cinabre[2].

  1. Je crois qu’il devrait y avoir : Deux parties de sinopia, ( Idem.)
  2. Ce chapitre est une des preuves que Vasari n’a jamais lu ce livre, puisque, comme j’en ai averti dans la préface, il dit, dans la vie d’Agnolo Gaddi, que Cennino ne fait pas mention de cette couleur. (Car. Tambroni.)