Traité de la lumière/Notice biographique

Gauthier-Villars (p. vii-viii).

Notice biographique.


Christian Huyghens, seigneur de Zuylichem, est né à La Haye le 14 avril 1629, et y est mort le 8 juin 1695. Son père, Constantin Huyghens, qui était homme d’État et poète distingué, lui enseigna la musique, l’arithmétique, la géographie, et l’initia de bonne heure à la connaissance des machines, pour laquelle Christian montra des dispositions marquées. À quinze ans il reçut des leçons de mathématiques du géomètre Stampioen et alla, un an après, étudier le droit à l’Université de Leyde, où il poursuivit en même temps ses études de mathématiques. À peine âgé de dix-sept ans, il communiqua au Père Mersenne un travail sur le principe de l’équilibre des polygones funiculaires, qui frappa vivement Descartes. Après un court voyage avec le comte de Nassau, il rentra à Leyde et commença à partir de 1651 à publier d’une façon ininterrompue ses travaux remarquables, qui ont rendu son nom justement célèbre. Sur la proposition de Colbert, il fut invité par Louis XIV à faire partie de l’Académie des Sciences. Il séjourna ainsi de 1666 à 1681 à Paris, qu’il quitta à la révocation de l’édit de Nantes.

Esprit universel et prodigieusement fécond, il s’attaqua aux problèmes les plus difficiles et les plus variés du domaine de l’analyse, de l’astronomie, de la mécanique et de l’optique. Il s’attacha de même à perfectionner les instruments de recherche expérimentale, et c’est ainsi qu’il pratiqua avec son frère aîné Constantin l’art de tailler et de polir les verres des grandes lunettes, qui lui ont permis de découvrir, le premier, un satellite de Jupiter, l’anneau de Saturne et la nébuleuse d’Orion. On lui doit encore la construction d’un automate planétaire, pour représenter les mouvements des corps du système solaire, l’invention du micromètre, et le perfectionnement de la machine pneumatique et du baromètre.

Parmi ses ouvrages les plus Importants, il faut noter principalement le Calcul des jeux du hasard (1656), le Système de Saturne (1659), les Lois du choc des corps (1669), l’Horloge oscillatoire (1673), le Traité de la Lumière et le Discours sur la cause de la Pesanteur (1690).

Cette énumération ne donne qu’une idée fort incomplète de son activité scientifique, car son œuvre est considérable. Sa correspondance avec les savants de son époque, publiée dans ces dernières années par la Société hollandaise des Sciences, occupe à elle seule dix gros volumes in-4o ; le génie original de Huyghens y éclate à chaque page. Ses contemporains avaient pour lui une admiration sans bornes. Newton, par exemple, l’appelle summus Hugentus, et loue en lui la façon grave et élevée de traiter les problèmes.

Le Traité de la Lumière, que nous réimprimons, est une œuvre étonnante par la profondeur des idées qu’elle contient et l’admirable manière dont elles sont exposées. La théorie ondulatoire en particulier, consolidée par les recherches de Young et de Malus, et parachevée par Fresnel, a conservé jusqu’à ce jour la plus grande probabilité, car la théorie récente des quanta n’est pas arrivée à lui porter une atteinte sérieuse ; elle mérite, par conséquent, d’être toujours étudiée attentivement.

Le texte que nous reproduisons est celui de l’édition originale de 1690 ; nous n’y avons introduit aucune modification, car, malgré quelques gaucheries de style, il est d’une admirable clarté, et seules l’orthographe et la ponctuation ont subi les changements strictement nécessaires.