Traité élémentaire de la peinture/276

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 223).


CHAPITRE CCLXXVI.

Quelle peinture est la plus parfaite.

La plus excellente manière de peindre est celle qui imite mieux, et qui rend le tableau plus semblable à l’objet naturel qu’on représente : cette comparaison du tableau avec les objets naturels, fait souvent honte à certains Peintres qui semblent vouloir réformer les ouvrages de la nature, comme font ceux qui représentent un enfant d’un an, dont la tête n’est qu’un cinquième de sa hauteur, et eux ils la font d’une huitième partie, et la largeur des épaules qui est égale à la longueur de la tête, ils la font deux fois plus grande, réduisant ainsi la proportion d’un petit enfant d’un an à celle d’un homme qui en a trente. Ces ignorans ont tant de fois pratiqué et vu pratiquer ces fautes, qu’ils se sont fait une habitude de les faire eux-mêmes, et cette habitude s’est tellement fortifiée, qu’ils se persuadent que la nature, ou ceux qui l’imitent, se trompent en suivant un autre chemin.