Traité élémentaire de chimie/Partie 2/Tableau 15

Tableau des combinaisons de l’acide sulfureux


Tableau des combinaisons de l’acide sulfureux avec les bases salifiables dans l’ordre de leur affinité avec cet acide.



[TABLEAU]



OBSERVATIONS


Sur l’acide sulfureux & sur le Tableau de ses combinaisons.


L’acide sulfureux est formé, comme l’acide sulfurique, de la combinaison du soufre avec l’oxygène, mais avec une moindre proportion de ce dernier. On peut l’obtenir de différentes manières, 1°. en faisant brûler du soufre lentement, 2°. en distillant de l’acide sulfurique sur de l’argent, de l’antimoine, du plomb, du mercure ou du charbon : une portion d’oxygène s’unit au métal, & l’acide passe dans l’état d’acide sulfureux. Cet acide existe naturellement dans l’état de gaz au degré de température & de pression dans lequel nous vivons ; mais il paroît, d’après des expériences de M. Clouet, qu’à un très-grand degré du refroidissement, il se condense & devient liquide : l’eau absorbe beaucoup plus de ce gaz acide qu’elle n’absorbe de gaz acide carbonique ; mais elle en absorbe beaucoup moins que de gaz acide muriatique.

C’est une vérité bien établie, & que je n’ai peut-être que trop répétée, que les métaux en général ne peuvent se dissoudre dans les acides, qu’autant qu’ils peuvent s’y oxider : or l’acide sulfureux étant déjà dépouillé d’une grande partie de l’oxygène nécessaire pour le constituer acide sulfurique, il est plutôt disposé à en reprendre qu’à en fournir à la plupart des métaux, & c’est pour cela qu’il ne peut les dissoudre, à moins qu’ils n’aient été préalablement oxidés. Par une suite du même principe, les oxides métalliques se dissolvent dans l’acide sulfureux sans effervescence & même avec beaucoup de facilité. Cet acide a même, comme l’acide muriatique, la propriété de dissoudre des oxides métalliques qui sont trop oxygénés, & qui seroient par cela même indissolubles dans l’acide sulfurique ; il forme alors avec eux de véritables sulfates. On pourroit donc soupçonner qu’il n’existe que des sulfates métalliques & non des sulfites, si les phénomènes qui ont lieu dans la dissolution du fer, du mercure, & de quelques autres métaux, ne nous apprenoient que ces substances métalliques sont susceptibles de s’oxider plus ou moins en se dissolvant dans les acides. D’après cette observation le sel dans lequel le métal sera le moins oxidé devra porter le nom de sulfite, & celui dans lequel le métal sera le plus oxidé devra porter le nom de sulfate. On ignore encore si cette distinction, nécessaire pour le fer & pour le mercure, est applicable à tous les autres sulfates métalliques.