Théorie de la musique (Danhauser, 1889)/III/11

Lemoine et Fils, Éditeurs (p. 66-67).

11e Leçon.

SUITE DES GAMMES RELATIVES.

148. Les deux gammes relatives ayant la même armure de la clé, il faut un moyen de discerner dans laquelle de ces deux gammes un morceau de musique est écrit.

149. Le moyen principal est celui qui consiste à chercher, dans les premières mesures, la note qui n’est pas commune aux deux gammes.

Nous savons que cette note est la dominante du mode majeur qui, dans la gamme mineure relative, élevée d’un demi-ton chromatique, représente la note sensible. Or, si cette note n’est pas altérée, le morceau est dans le mode majeur ; si, au contraire, elle est élevée d’un demi-ton chromatique, le morceau est dans la gamme mineure relative.

Ainsi, avec quatre bémols à la clé, on est, soit dans la gamme de la bémol majeur, soit dans celle de fa mineur.

Si la dominante de la bémol majeur, qui est mi bémol, n’est pas altérée, on est en la bémol majeur.

Exemple.
(BEETHOVEN)

\new PianoStaff
<<
  \new Staff = "right"
  <<
    \relative c'' {
      \key as \major
      \time 2/4
      as4^\markup{\bold{la bémol maj.}} c8. bes16
      as4. a8
      bes4 des8. c16
      bes4.
    }
    \\
    \relative c' {
      \key as \major
      \time 2/4
      c4 des
      c4. r8
      es4 g8 as
      g4.
    }
  >>
  \new Staff = "left" \relative c {
    \clef bass
    \key as \major
    \time 2/4
    <as es' as>4 <g es' g>
    <as es' as>4. r8
    << {des'8 bes as c}\\{g4 as4}>>
    <es es'>4.
  }
>>

Si la même note, mi bémol, est altérée par un bécarre, on est en fa mineur, dont mi bécarre est note sensible.[1]

Exemple.
(BEETHOVEN)

\new PianoStaff
<<
  \new Staff = "right" \relative c' {
    \override Rest #'style = #'classical
    \key f \minor
    \partial 4
    c4^\markup{\bold{fa mineur.}}
    f as c f
    as~ as8 \times 2/3 { g16 f e } f4 r
    g, c e g
    bes~ bes8 \times 2/3 { as16 g f } g4 r
  }
  \new Staff = "left" \relative c {
    \override Rest #'style = #'classical
    \clef bass
    \key f \minor
    \partial 4
    r4 R1
    r4 <f as c> <f as c> <f as c>
    <es g bes c> r r2
    r4 <es g bes c> <es g bes c> <es g bes c>
  }
>>

150. On peut encore reconnaître le mode par la note de basse qui termine le morceau, cette note étant presque toujours la tonique. Mais il vaut mieux n’employer ce moyen que pour corroborer le précédent, s’il restait quelque doute dans l’esprit.[2]

EXERCICE.

Examinez différents morceaux de musique, et cherchez en la tonalité.

  1. Il peut arriver, rarement il est vrai, que le 7e degré de la gamme mineure ne soit pas altéré : il est donc bon d’employer en même temps le moyen indiqué § 150.
  2. Par l’analyse de la phrase mélodique et des accords qui l’accompagnent, on reconnaît la modalité plus sûrement, et surtout plus artistiquement ; mais il faut pour cela, posséder des connaissances que l’on acquiert seulement par l’étude de l'harmonie.