Théorie de la grande guerre/Livre VII/Chapitre 4

Traduction par Marc-Joseph-Edgar Bourdon de Vatry.
Librairie militaire de L. Baudoin et Cie (Tome troisièmep. 13-14).

CHAPITRE IV.

force décroissante de l’offensive.


La décroissance de la force absolue de l’attaque est l’un des sujets les plus importants de la stratégie, et c’est de la judicieuse appréciation de ce phénomène que, dans chaque cas particulier, dépendent le jugement à porter et la direction à suivre.

Les causes de cette décroissance sont les suivantes :

1o La nécessité d’occuper le territoire envahi pour en rester maître. — Cette nécessité ne s’impose généralement, il est vrai, qu’après une première solution favorable, mais il est rare que l’attaque cesse avec la première solution.

2o La nécessité, pour une armée attaquante, d’occuper le pays sur ses derrières, afin d’assurer ses lignes de communications et le service de ses subsistances.

3o Les pertes par le feu et par les maladies.

4o L’éloignement des ressources réparatrices (dépôts, magasins, etc.).

5o Les investissements et les sièges des places fortes.

6o Le relâchement des efforts.

7o La défection des alliés.

Quelques causes de renforcement font cependant parfois contre-poids à ces causes d’affaiblissement. Il peut arriver, par exemple, que l’amoindrissement des forces de la défense soit égal ou même supérieur à celui des forces de l’attaque, et, bien que le cas soit rare, il convient d’en tenir compte dans le calcul du résultat probable des opérations. Il ne faut pas toujours, d’ailleurs, baser ce calcul sur la totalité des forces mobilisées de part et d’autre, mais seulement sur celles qui se trouvent en présence en première ligne ou sur les points les plus importants. — Exemples divers : les Français en Autriche et en Prusse ; les mêmes en Russie ; les Alliés en France ; les Français en Espagne.