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NOTES

SUR LE THÉÉTÈTE.


J’ai eu sous les yeux la traduction latine de Ficin, la traduction allemande de Schleiermacher, et la traduction française de Grou, l’édition générale de Bekker, et l’excellente édition spéciale de Heindorf, qui ne laisse presque rien à désirer. Je ne puis mieux faire que d’y renvoyer la plupart du temps.


Page 86. — N’en diras-tu pas autant de Socrate dormant....


Καὶ ϰαθεύδοντα δήπου. Heindorf, p. 341, pour le parallélisme, voudrait ensuite ϰαὶ ἐγρηγόροτα, comme plus bas, p. 408, après λευϰῶν il ajoute μελάνων.


Page 110. — Les orateurs sages et vertueux…


Ῥήτορας ταῖς πόλεσι τὰ χρηστὰ ἀντὶ τῶν πονηρῶν δίϰαια δοϰεῖν εἶναι ποιεῖν. (Bekker, part. II, vol. 1, p 229.)

Ici, malgré Bekker et les manuscrits, je retranche δοϰεῖν avec Buttmann et Heindorf, p. 367 ; comme plus loin, p. 210, je retranche ϰαὶ διϰαστήρια avec Heindorf, p. 479, Schleiermacher, et Bekker, p. 301, qui l’a trouvé pourtant dans tous les manuscrits.


Page 125. — La partie adverse est là qui leur fait la loi, en faisant lire la formule d’accusation, qu’ils appellent antomosie, du contenu de laquelle il est défendu de s’écarter…


Ἣν ἀνθωμοσίαν ϰαλοῦσιν a bien l’air d’une glose, comme le remarque Heindorf, p. 306, et Schleiermacher. Bekker, qui l’a trouvé dans tous les manuscrits, l’a laissé dans le texte, p. 240, et je n’ai pas cru devoir le retrancher dans ma traduction. — Fleury (discours sur Platon) ; Sallier (Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. 13, p. 317), et M. Leclerc (dans ses extraits de Platon), ont traduit le portrait du philosophe. Je regrette de n’avoir pu employer aucune de ces traductions, fort inférieures à celle de Grou.


Page 148. — Le patient devient sentant, et non pas encore sensation.


Au lieu de αἰσθητὸν, j’adopte, contre Bekker, p. 259, αἰθσθανόμενον proposé par Heindorf. Schleiermacher rejette avec raison la conjecture αἰσθητὴν, parce qu’il s’agit ici d’un organe, et non de l’homme tout entier.


Page 151. — Il en résulte que toute réponse sur quelque chose que ce soit est également juste, qu’on dise que cela est ainsi, ou n’est pas ainsi, ou, si tu aimes mieux, que cela devient ou ne devient pas ainsi, pour n’imposer aucune fixité à nos adversaires.


Ἵνα μὴ στήσωμεν αὐτοὺς τῷ λόγῳ. (Bekker, p. 261.)

J’ai rejeté tous les changemens proposés par Heindorf, p. 426, et Schleiermacher, et que Bekker n’a trouvés dans aucun manuscrit. Si tu aimes mieux indique déjà des ménagements pour une opinion adverse, et si αὐτοὺς ne se rapporte à aucun nominatif positif, c’est qu’il est toujours question d’adversaires dans tout ce qui précède et ce qui suit.


Page 176. — Et il te faut laisser cette théorie de la méprise…


Ἐατέον δὲ ϰαὶ σοι τὸ ῥῆμα περὶ τοῦ ἑτέρου. (Bekker, p. 278. )

Pour bien entendre ce passage controversé, il faut bien saisir la chaîne de tout le raisonnement ; la voici :

Qu’est-ce que juger faux ? c’est se méprendre, prendre un objet pour un autre. Voilà la théorie reçue (celle de Locke), et que Socrate a l’air d’admettre, p. 172 : « Nous disons qu’un faux jugement…, et Théétète, qui abonde dans ce sens, lui dit (p. 173) : « C’est très bien dit, car on juge faux, par exemple, lorsqu’on prend le laid pour le beau, ou le beau pour le laid… »

Socrate le laisse aller quelque temps sur cette théorie qu’il finit par renverser ainsi :

Si juger, c’est se méprendre, le jugement suppose deux termes ; or, il faut que ces deux termes soient présens à la pensée qui prononce sur leur rapport, ou que l’un y soit présent et non l’autre. Parcourons ces deux cas.

Premier cas. La méprise est impossible ; nul ne prend le juste, connu comme juste, c’est-à-dire présent à la pensée, pour l’injuste, connu comme tel, c’est-à-dire encore présent à la pensée. Donc, dans ce premier cas, il me faut quitter la théorie que je t’avais exposée, et toi, il te faut quitter ton approbation, ta réponse, où tu acceptais cette théorie de la méprise. Il te faut la quitter, car l’exemple sur lequel tu t’appuyais tombe en ruine. En effet, je soutiens que nul ne prend le beau, présent à l’esprit, pour le laid, s’il est présent à l’esprit, et réciproquement (176). Sur quoi Théétète répond : Oui, je laisse cette réponse, et je me range à ton opinion actuelle.

Deuxième cas. D’un seul coup, Socrate prouve que si l’esprit n’a sous les yeux qu’un seul terme, s’il ne pense point à un autre, il ne peut confondre ensemble deux objets, puisqu’il n’en conçoit qu’un. De là la conclusion rapide : Il est donc impossible qu’on juge qu’une chose est une autre, c’est-à-dire la méprise n’explique pas le faux jugement, ni dans le cas de la présence de deux objets, ni dans le cas de la présence d’un seul.

Les commentateurs (voyez Heindorf, 448) n’ont pas très bien éclairci ce passage, et notre traduction aussi a besoin d’être rectifiée sur ce point, p. 176. Au lieu de : « Et il te faut laisser cette théorie de la méprise… » lisez : « Et toi aussi, il te faut abandonner ce que tu me disais, sur la méprise ; car je dis positivement que personne ne jugera que le laid est beau, ni rien de semblable. »

THÉÉTÈTE.

« J’abandonne mon premier sentiment, Socrate, et me range au tien. »