Libraire générale et internationale Gustave Ficker (p. 221--).


CHAPITRE XII


Le Congo français. — Conséquences de l’imitation fâcheuse de l’autre Congo.


L’expansion coloniale, réalisée en France à grand fracas, n’a point été du tout une bonne chose, en ce sens qu’elle a lourdement obéré le budget, d’abord pour la conquête et l’occupation, ensuite pour le service courant.

Dans une récente étude sur le budget (la Tribune internationale, novembre 1904-janvier 1905), il était dit ceci :


Passons maintenant au ministère des colonies, le ministère des « choses obscures ». On nous y extirpe 94 millions pour l’entretien des troupes dans les pays d’outremer. En bons naïfs, nous pensions en avoir fini avec les dépenses d’ordre martial, lorsque nous avions accepté la formidable note de 1100 millions des départements de la guerre et de la marine. Mais on nous reprend 8 1/2 p. 000 de « pourtuer », presque le taux du pourboire dans les restaurants à la mode, de sorte que les frais de notre défense nationale et extra-nationale s’élèvent au doux total de 1200 millions. Notons que l’expansion coloniale nous valut une augmentation de la marine militaire, mais malheureusement pas celle de la marine marchande.

Au budget de 1904, les colonies figurent pour un ensemble de dépenses d’un peu plus de 112 millions moins, les 94 précités, il en reste donc 18 pour les dépenses civiles qu’elles ne sont pas à même d’assumer au moyen de leurs propres ressources. Notre fameux empire colonial, ce superbe débouché par lequel nous devions nager dans l’abondance, nous obère donc d’un joli denier. En faisant, aux rares gens qui surent y réussir, des rentes équivalant à leur revenu actuel, le contribuable y gagnerait encore. À noter que l’industrie étrangère, non grevée d’impôts afférents à la conquête, entre pour une somme plus forte que la nôtre dans le total des importations. Donc, chez nous, en résumé, nos colonies ne profitent qu’aux soldats et aux fonctionnaires. Même sous le régime d’exploitation actuel, une colonie ne devrait coûter à l’État qu’une première mise de conquête, s’il était toutefois démontré que les ressources qu’elle présenterait d’ores et déjà en valussent le risque. L’examen attentif et subséquent de ces ressources peut déterminer ensuite la puissance d’emprunt pour outillage qu’elle peut contracter : ceci mérite réflexion, « car il ne faut pas oublier que les colonies sont mineures et que, quelle que soit la forme dont l’État entoure son autorisation réelle ou virtuelle, il demeure légalement responsable des obligations contractées par les organisations dont il a la tutelle. » (G. Numile-Maître, les Fonds coloniaux, la Finance coloniale, 11 février et suiv.)


Ceci posé, aucune colonie ne doit obérer le budget de l’État, surtout d’une manière habituelle, comme c’est le cas du Congo français, dont le régime est à changer radicalement et les lourdes subventions à économiser (travaux publics, entretien de troupes, qui va être augmenté, subvention au budget administratif). Ce pays, au terme du décret du 29 décembre 1903, comprend les colonies du Gabon et du Moyen-Congo et les territoires de l’Oubanghi-Chari et du Tchad. L’Union congolaise n’a pas encore recouru au crédit depuis son nouveau groupement, crédit d’ailleurs illusoire en ce moment de désordre. N’oublions cependant pas que le Congo doit déjà 2 millions à la Caisse des dépôts et consignations (décret du 30 mars 1900), emprunt contracté à l’époque de la frénésie concessionnaire.


Nos colonies sont odieusement mal gérées, le Congo plus que toute autre. Incompétence et paperasse, telle est la formule de cette administration inintelligente, tracassière, mesquine, médisante, malveillante, ennemie de l’individu, de l’initiative du colon, et corrompue. Certaines concessions, certaines faveurs, mériteraient les honneurs d’enquêtes sérieuses. Il y a quelque chose de pourri dans tous les empires d’outremer, aussi bien sous notre pavillon que sous les autres.


Quand, pour plaire à des financiers, à des fournisseurs d’équipements militaires, à des marchands de charbon et à des guerriers de terre et d’eau, l’on eut trouvé la conquête coloniale pour faire diversion à la fameuse revanche dont la seule idée donnait la petite mort à nos généraux qui se sentent plus ou moins incapables d’agir en Europe, hors le cas de répression de guerre civile ; quand, pour répondre au besoin de carnage et de conquête que quatorze siècles de monarchie militaire ont fourré dans nos cervelles de tourlourous, on se fût rué sur des gens inoffensifs pour s’emparer de leur pays, — on gagna quoi, réellement ?


Des bénéfices, pour quelques-uns. Pour le pays, des dépenses considérables. Pour les familles, des deuils sans nombre. Militairement, les Brière de l’Isle, les Négrier et les Duchêne faillirent renouveler au loin les exploits désastreux de 1870. Lorsque l’histoire vraie de ces lointaines conquêtes sera écrite, on verra ce que fut réellement cette gloire exotique, — tâche et sanguinaire.


La masse n’en profita pas. Les « débouchés pour la surproduction » ne compensèrent point les marchés perdus par notre industrie, trop inintelligente pour lutter contre les actifs négociants allemands, anglais ou yankees. Les déshérités de la métropole ne bénéficièrent d’aucune tentative vers une meilleure formule sociale. Aucun essai d’agriculture collective ne fut tenté. Partout l’on vit se déchaîner l’exploitation capitaliste et l’administration s’épanouit pour la défendre en principe et la gêner en fait. Le peuple souverain n’eut point de part dans la curée.

Le Congo français fut partagé en quarante-trois concessions à l’époque de la récolte (?) intensive au Congo indépendant, au moment où les actions congolaises belges escaladaient la cote et atteignaient les cours les plus élevés. Ces concessions furent octroyées au petit bonheur, des gens quelconques qui battirent monnaie avec le décret présidentiel dans la plupart des cas.

Sous l’étiquette française, au nom de concessionnaires français et sous le couvert d’honorables personnalités de notre monde colonial, commercial ou financier, divers groupes belges se constituèrent et créèrent des sociétés françaises pour exploiter sinon nos concessions, tout au moins notre épargne. Ces sociétés — sauf quelques exceptions — tentèrent de travailler au Congo français d’après les procédés belges et, pour y réussir, embauchèrent des individus provenant des exploitations du Congo indépendant, parfois des agents révoqués par celles-ci.

On se lança ainsi dans l’inconnu, aveuglément. Le résultat fut ce qu’il devait être, ce que nous le voyons, ce que nous avions prévu dès la première heure. Les actionnaires des sociétés et les indigènes de notre colonie en pâtissent. Les spéculateurs belges s’en lavent les mains. Les contribuables ont payé et payeront pour ces fautes et leurs conséquences.

Derrière les sociétés vinrent les fonctionnaires, recrutés encore suivant le pur et ancien rite du pavillon de Flore, c’est-à-dire comptant un grand nombre d’incapables et de trop jeunes gens. Les quelques hommes de valeur choisis furent noyés dans la masse et impuissants par suite.

Ainsi, l’œuvre de Brazza fut compromise et, pour rétablir l’ordre et les chances d’avenir qu’il avait laissées à la colonie, bien du temps sera nécessaire ainsi que beaucoup de réformes radicales. Le sang a coulé et, malheureusement, coulera encore. Sacrifices voulus, dont il convient de rechercher les responsabilités.

Il est évident qu’on peut accuser la férocité et la brutalité de certains traitants ; la complicité hypocrite de certains directeurs ; les instructions secrètes donnés aux agents aigris par le triste sort qui leur est fait, instructions en opposition avec les ordres officiels (nous avons sur ce point des documents intéressant les deux Congos), d’une part.

D’autre part, la tendance à l’autorité abusive qui est la caractéristique du moindre fonctionnaire, le sentiment de supériorité dont les pires d’entre eux font la base de leur conduite, les sottes mœurs de notre administration coloniale, par lesquelles des hommes de valeur ont tant de peine à rester intelligents, équitables et doués d’initiative, ne tardent pas à amener une sorte d’aberration mégalomane chez des individus vaniteux et brutaux. On a vu les affaires Quiquerez-Segonzac, heureusement closes, et le cas tout récent de l’infortuné Girard, terminé par un acquittement ; le drame Voulet-Chanoine, etc. Et l’on ne compte pas, entre vieux coloniaux, les scandales inconnus ou étouffés, les actes violents tus par une politique blâmable, par le désir de ne point attirer l’attention publique sur tout un groupe social pour la faute de quelques-uns. Et cette connivence fâcheuse n’a pas empêché des révélations de la presse française, plus franche que certaines presses étrangères, la presse belge, notamment, niant absolument les crimes commis et vantant un système qu’elle devrait flétrir.

Les crimes de Toqué et de Gaud, que la cour d’assises de Brazzaville aura à juger, sont, hélas ! des faits non isolés. Dans tout le continent africain, partout où la colonisation a pénétré, il s’en produit d’aussi blâmables. C’est le système tout entier qui est à refondre, aussi bien pour sauvegarder ce principe d’humanité, dont Schœlcher fut le champion en France, que pour préserver les intérêts engagés outre-mer, car ce sont là des mœurs dont le corollaire pratique est le saccage et la dévastation : on en recueille — pas toujours — des bénéfices éphémères, mais on compromet gravement l’avenir dans tous les cas.

Au Congo français, ce système a porté la révolte dans des régions naguère paisibles, où maintenant des milliers de noirs, après avoir massacré en représailles de nombreux Européens depuis six mois, ne pourront être pacifiés que par la force, très probablement. Encore du sang à verser.

Tout cela est la conséquence de procédés économiques déplorables, répugnants dans un pays d’autorité, contraires aux lois formelles d’une nation de démocratie comme la nôtre. La prospérité ne règne pas dans ces régions où le système des grandes concessions, employé sans sagesse, n’a produit à peu près que des déboires. La distribution de ces fiefs ne fut pas entourée des précautions convenables. La compétence manqua à beaucoup de conseils d’administration ; parce que les Belges distribuaient des dividendes, on voulut les copier, sans songer que le pavillon français ne pouvait couvrir les actes tolérés sous une enseigne d’homme d’affaires opérant sans contrôle. On obtint des échecs, des désordres — et des crimes.


On paye très mal les employés de factoreries, dans les compagnies coloniales. On les traite moralement plus mal encore, sans égards, avec des façons telles, que les noirs ont parfaitement distingué les grands blancs des petits blancs. On va jusqu’à faire voyager les petits employés européens en troisième classe du chemin de fer Matadi au Pool, avec la négraille qui les bafoue.

Dans ces pays, où la santé des hommes est continuellement menacée par le climat, nul confortable ne leur est assuré, pas même celui dont, à traitement égal, le plus humble employé bénéficie en Europe. Quoique devant être nourris et logés, ils ne le sont que « s’ils se débrouillent ». C’est ainsi que l’on place un homme entre l’alternative de crever de misère ou de commettre des abus envers les indigènes, qui, sous pavillon français, savent où aller se plaindre.


Les derniers courriers, s’ils nous ont révélé d’horribles forfaits, nous ont annoncé, depuis le mois de septembre 1904, un certain nombre de massacres d’agents européens. Ces tristes nouvelles ne nous ont pas surpris. Nous ne sommes que trop fixés sur les mœurs spéciales de cette possession africaine, où l’antagonisme entre colons et fonctionnaires, si général aux colonies, a, là, pour conséquence d’enlever aux agents commerciaux toute espèce de considération de la part des indigènes. L’Européen doit vivre, mot d’une signification terriblement impérieuse en Afrique, et récolter les produits naturels qu’il lui faut expédier, sous peine de ne pas gagner son salaire infime, d’être révoqué, chassé, tout comme dans l’autre Congo.

Les noirs se trouvent en présence d’Européens isolés, qui demandent, essayent même d’exiger, des produits. Ils savent fort bien que ces Européens ne peuvent, en fait, rien leur imposer, car les fonctionnaires, exacts à percevoir les impôts, ont fait connaître aux indigènes des droits que ceux-ci n’auraient jamais songé à revendiquer, accoutumés qu’ils étaient d’abord à considérer tout blanc comme une sorte de maître, de tyran même. De plus, malins comme des enfants, dont ils ont la mentalité, ils ont discerné, en outre de la différence entre grands et petits blancs libres, l’hostilité des fonctionnaires et des colons. Ils ont donc montré aux humbles factoriens toute la somme de mépris, de mauvaise volonté qu’ils pouvaient manifester, selon leur caractère local, à l’égard d’intrus sans importance. Si le blanc a obtenu quelque récolte, c’est qu’il a su ou pu se faire respecter ou craindre, chose rare. Dans certains coins isolés, le fait de posséder des fusils, en impose encore un peu. Mais si l’Européen veut d’aventure augmenter la production de son comptoir ou qu’un vent de haine et de convoitise passe dans ces cerveaux de brutes soumises à l’impression d’un moment, à la parole d’un sorcier, la révolte éclate ouvertement et le ou les malheureux factoriens tombent fatalement accablés sous le nombre, grossissant ainsi le chiffre des victimes du climat et souvent des privations.


La presse a bruyamment relaté les abominations dont on accuse, au Congo français, quelques individus qui relèveraient plutôt du médecin aliéniste que du juge d’instruction. D’autres faits, moins horribles que ceux publiés, se seraient produits d’une façon assez fréquente pour avoir provoqué la révolte des populations de la région moyenne de notre colonie, celle surtout où opèrent les sociétés d’origine belge. Tout est malheureusement fort probable.

Nous savons bien que les mœurs coloniales sont très différentes de celles d’Europe et que certains actes, répréhensibles ici, sont d’un usage courant entre chefs blancs et travailleurs noirs. Mais entre cette allure un peu brusque du commandement et les atrocités et les meurtres en question, il y a tout un monde.

Il est temps d’examiner la part de chacun dans cet ensemble fâcheux : de voir quelles sont les sociétés sages et prospères et de signaler celles qui se sont montrées au-dessous de leur tâche, et d’indiquer aux pouvoirs publics, toujours disposés en faveur du statu quo, les fautes par lesquelles des particuliers ont compromis la situation d’une colonie, où l’on a jeté assez de millions pour espérer un résultat pratique, plus intéressant et moins sensationnel, où l’on devait travailler et non procéder par réquisitions sanglantes. Une enquête s’impose au Congo ; le ministre des colonies l’a décidé et l’on parle du très heureux choix qu’il aurait fait de M. de Brazza, comme commissaire enquêteur. L’éminent administrateur verra ce qu’est devenue l’œuvre qu’il avait voulue si grande et qu’il avait si bien commencée.


Il faut que de telles investigations soient effectuées. Mais insistons sur ce point ; les atrocités, cas accidentels dont nous avons énuméré les causes dans les pages précédentes, ne sont pas le sujet le plus intéressant pour ceux qui auront à rechercher non un des effets du régime, mais les causes réelles d’un mal qui ne peut être guéri que par une mesure radicale et définitive. Certes alors, un certain nombre d’individualités fort peu sympathiques, en somme, seront lésées et protesteront bruyamment, mais, si l’on ose l’appliquer, ce qui est douteux, il s’en dégagera une amélioration nécessaire.

En somme, ce sont des intérêts matériels mal compris et brutalement mis en action qui ont déterminé la déplorable situation actuelle, déplorable, par les crimes récents, par les massacres d’Européens, par la révolte amenée dans un pays longtemps paisible, par la répression indispensable et par le temps perdu dans cette possession dont on n’a rien su tirer encore.

Mais ces intérêts matériels ne touchent pas le gros public. Ce n’est pas l’épargne qui a souscrit les titres des compagnies franco-congolaises. Ce sont des capitalistes et des spéculateurs, des gens appartenant à des professions fort peu proches des choses coloniales et qui apportèrent autant d’inexpérience que de cupidité à la direction d’entreprises constituées par le fait d’un de ces engouements qui surprennent chez des gens considérés comme sérieux.

En reprenant toutes les concessions si mal octroyées en 1899, on ne léserait donc que des riches imprudents ou des aventuriers, ce qui n’entraînerait aucun dommage général. Ces gens ne feraient que payer leur déplorable conception d’une tâche qui demandait sagesse et prudence.

En effet, dès qu’ils furent mis en possession de titres relatifs à des territoires dont ils ignoraient souvent l’exacte position, ils ne songèrent pas à envoyer des missions chargées de reconnaître le terrain, ils voulurent opérer d’emblée et, à l’instar des gens de Bruxelles, toucher de suite de gros dividendes. Le bourgeois français est inepte en affaires. Ou bien il veut des placements de tout repos par lesquels il immobilise son argent moyennant un loyer infime, ou il exige des bénéfices énormes et immédiats, sans vouloir songer qu’un délai variable est nécessaire à l’organisation d’affaires dont le champ d’opération lointain est peu ou pas connu. Mû par cette conception à la fois extravagante et pusillanime, les conseils d’administration français s’engagèrent dans la voie désastreuse par laquelle ils arrivèrent tout au moins à des pertes entraînant la réduction du capital social. Et il n’y a peut-être pas plus de trois sociétés organisées à la première heure, qui soient susceptibles de présenter des opérations heureuses et une situation méritant de continuer.

Quant aux sociétés belges qui, sous masque français opérèrent dans notre colonie, dans la Sangha, par exemple, elles voulurent employer les méthodes féroces en usage au Congo indépendant et, faute d’y pouvoir parvenir, elles renoncèrent dans quelques cas à un genre d’opérations réputé trop peu lucratif.

À l’heure actuelle, le Moyen-Congo, l’Ibenga, la Sangha sont en feu ; nos indigènes, moins patients et plus imbus de leurs droits que leurs malheureux congénères de la rive gauche, massacrèrent des factoriens, brûlèrent des établissements et se révoltèrent contre les autorités qui tout d’abord durent battre en retraite faute d’effectifs suffisants pour tenir tête au flot montant de ces nègres décidés à ne point travailler de force, — ce qui est leur droit selon nos lois et d’après les termes hypocrites des cahiers des charges imposés aux sociétés.

Mais quoi qu’on en puisse dire et si graves que soient les faits dont la cour d’assises de Brazzaville aura à connaître, jamais au Congo français l’horreur coloniale ne fut aussi intense qu’au Congo indépendant, d’abord, parce que les fonctionnaires firent respecter la loi, plus par taquinerie que par humanité, plus pour vexer les blancs que pour protéger les noirs. C’est possible. Mais enfin, les noirs en furent bénéficiaires, au détriment des dividendes espérés. Et les rares cas d’exaction se produisirent chez des peuplades qui, habituées à voir les blancs se disputer entre eux et se contester mutuellement toute autorité sur les choses de l’impôt et de la récolte, se révoltèrent.

Maintenant, il faut des juges pour punir les blancs et des troupes pour ramener les noirs au calme. Joli résultat, complété à Paris par la déconfiture des sociétés, ou tout au moins par leur mauvais état.


Tout cela, parce qu’on a tenté d’assimiler la France à ce ramas de financiers, de négriers et de bourreaux, constitués en État au centre de l’Afrique, pour le compte d’un souverain de qui la mission civilisatrice ne fut qu’un procédé de thésaurisation.

Il n’est pas nécessaire, heureusement, de réunir un congrès européen pour réformer notre colonie. On peut espérer que, quels que soient les soutiens gouvernementaux de l’œuvre congolaise, si néfaste ; de ce système d’expansion coloniale à forme capitaliste et brutale, on verra de prompts changements s’effectuer dans cette possession ou notre drapeau n’a pas dignement flotté jusqu’ici : la contamination des voisins y fut désastreuse en ses conséquences, et il est grand temps de s’en dégager.