La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 49).


TANT QUE VIVRAI


Tant que vivrai en âge fleurissant,
Je servirai Amour, le Dieu puissant,
En faits, en dits, en chansons et accords :
Par plusieurs jours m’a tenu languissant ;
Mais après deuil, m’a fait réjouissant,
Car j’ai l’amour de la belle au gent corps ;
               Son alliance,
               C’est ma fiance ;
               Son cœur est mien,
               Le mien est sien.
               Fi de tristesse,
               Vive liesse,
     Puisqu’en amour j’ai tant de bien.

Quand je la veux servir et honorer,
Quand par écrits veux son nom décorer,
Quand je la vois et visite souvent,
Les envieux n’en font que murmurer,
Mais notre amour ne saurait moins durer ;
Autant ou plus en emporte le vent.
               Malgré envie,
               Toute ma vie,
               Je l’aimerai
               Et chanterai ;
               C’est la première,
               C’est la dernière
     Que j’ai servie et servirai.

Clément Marot.