À L’ARMÉE DE FRANCE.

30 mai 1871.



On ne saurait sitôt chanter votre victoire,
Ô soldats de la France, et dire vos succès,
Car c’est de nos malheurs que naquit cette gloire,
Et vous l’avez conquise au prix du sang français.

À côté des lauriers il est trop de cyprès
Pour l’oser aujourd’hui ; mais la tranquille histoire

De vos mâles vertus gardera la mémoire
Et de vos ennemis flétrira les excès.

Oh ! ce fut une tâche ingrate et bien cruelle
Que la vôtre, ô soldats ; mais grandiose et belle :
Sauver Paris, c’était sauver la France aussi.

Qu’il nous soit donc permis, la tempête finie,
De vous serrer à tous, au nom de la patrie,
Vos mains noires de poudre, en vous disant : Merci !