Tableau historique et pittoresque de Paris/Hôtels


HOTELS.
ANCIENS HOTELS DÉTRUITS.



hôtel de condé (rue de Condé).


L’endroit où il étoit situé faisoit anciennement partie du clos Bruneau. Antoine de Corbie y fit bâtir un séjour ou maison de plaisance, que Jérôme de Gondi, duc de Retz et maréchal de France, acheta au mois de juillet 1610. Cet hôtel qu’il avoit agrandi, embelli, et rendu l’un des plus magnifiques d’alors, fut vendu et adjugé par décret, en 1612, à Henri de Bourbon, prince de Condé. Dans le siècle dernier, la famille de Condé l’ayant abandonné pour occuper le palais Bourbon, il fut démoli, et l’on choisit cet emplacement pour y construire le Théâtre-François.

Cet hôtel étoit composé de plusieurs corps de logis, bâtis à différentes époques et n’offrant aucune symétrie dans leur ensemble.


hôtel de bourbon (rue du Petit-Bourbon).


Cet hôtel, sur l’emplacement duquel on a vu depuis s’élever l’hôtel de Châtillon, ocupoit l’espace renfermé entre les rues de Tournon et Garencière. Il appartenoit à Louis de Bourbon, duc de Montpensier. Sauval dit que sa veuve y demeuroit en 1588, lorsqu’à la nouvelle de la mort des Guise, tués à Blois les 23 et 24 décembre de cette année, elle parcourut la ville de Paris, excitant la populace à la révolte et allumant ainsi le feu de la guerre civile.


hôtel de garancière (rue Garancière).


Il y avoit autrefois dans cette rue un hôtel Garancière qui lui avoit donné son nom. Il en est fait mention dans des actes de 1421 et 1427[1]. Mais en 1457 il étoit en ruine et ne fut point rebâti.


hôtel de roussillon (rue du Four).


Cet hôtel, qui existoit encore au commencement du dix-septième siècle, appartenoit à Louis, bâtard de Bourbon, comte de Roussillon en Dauphiné ; c’étoit un démembrement de l’ancien hôtel et des jardins de Navarre dont nous avons déjà parlé. Vers 1620, cet hôtel fut vendu à divers particuliers ; on construisit des maisons sur l’emplacement qu’il occupoit, et l’on y ouvrit les rues Guisarde et Princesse.

hôtel cassel (rue Cassette).


Cet ancien hôtel occupoit la plus grande partie de la rue Cassette, dont le nom n’est qu’une altération de celui de Cassel. Il existoit dans le seizième siècle ; nous ignorons l’époque de sa destruction.


hôtel mézière (même rue).


Cet hôtel appartenoit à une ancienne famille que l’on disoit issue de la maison d’Anjou ; et ses jardins s’étendoient le long de la rue qui conserve encore aujourd’hui le nom de Mézière. Il fut vendu le 3 avril 1610, au prix de 24,000 liv., et changé, comme nous l’avons déjà dit, en une maison de noviciat pour les Jésuites.


hôtel saint-Thomas (rue Saint-Thomas).


Cet hôtel assez remarquable avoit été bâti par les Jacobins. Il en est fait mention dans un titre nouveau du 17 avril 1636[2].


hôtel du grand moyse (rue Princesse).


On ne sait rien autre chose de cet hôtel, sinon qu’il existoit au dix-septième siècle dans cette rue, au coin de laquelle on avoit placé une statue de Moyse, tenant les tables de la loi. L’opinion commune étoit que cette maison avoit appartenu à un Juif ; mais on n’en a aucune preuve.


HOTELS EXISTANTS EN 1789.


hôtel de sourdéac (rue Garancière).


Cet hôtel bâti par René de Rieux, évêque de Léon, étoit dans le principe appelé Hôtel de Léon ; il passa en 1651 à Gui de Rieux, seigneur de Sourdéac, dont il a conservé le nom, quoique ce ne soit plus qu’une maison particulière.


hôtel de nivernois (rue de Tournon).


Cet hôtel est célèbre pour avoir été habité par le fameux maréchal d’Ancre, Concino-Concini. On sait qu’après la mort de ce favori il fut pillé et confisqué au profit du roi. Louis XIII y demeura quelque temps. Il fut affecté depuis au logement des ambassadeurs extraordinaires ; enfin on l’échangea avec M. le duc de Nivernois contre l’hôtel de Pontchartrain, et ce seigneur en fut le dernier propriétaire jusqu’au moment de la révolution. Cet hôtel avoit été restauré par M. Peyre aîné, architecte, et passoit alors pour une des plus agréables habitations de Paris.


hôtel de vendôme (rue d’Enfer).

Cet hôtel, que les Chartreux avoient fait construire en 1706, en même temps que toutes les maisons contiguës jusqu’à la première porte d’entrée de leur monastère, avoit été fort augmenté et embelli par madame la duchesse de Vendôme qui l’avoit acheté à vie. Il fut depuis occupé par le duc de Chaulnes. La princesse d’Anhalt y ayant ensuite établi sa demeure, obtint du roi la permission de faire abattre une partie du mur, d’établir ainsi une communication avec le jardin du Luxembourg, et de fermer cette ouverture par une grille de fer qui subsiste encore aujourd’hui. Cet hôtel est bien bâti, et accompagné d’un vaste jardin[3].


AUTRES HOTELS LES PLUS REMARQUABLES.


Hôtel de Brancas, rue de Tournon.

— de Châlons, rue du Regard.

— de Charost, rue Pot-de-Fer.

— de Cayla, rue de Sèvre.

— de Clermont-Tonnerre, rue du Petit-Vaugirard.

— de Croy, rue du Regard.

— de Guerhoënt, rue de Sèvre.

— de Laval, rue de Tournon.

— de Laval, rue Notre-Dame-des-Champs.

— de Mailli, même rue.

— de Monteclerc, rue du Chasse-Midi.

— de Montréal, rue du Regard.

— de Peruse-Escars, même rue.

— de Rochambeau, même rue.

— de l’abbé Terrai, rue Notre-Dame-des-Champs.

Hôtel de Toulouse, rue du Regard.

— de Ventadour, rue de Tournon[4].


château d’eau.


Ce réservoir, situé à l’angle de la rue Maillet, et vis-à-vis la maison de l’Oratoire, avoit été bâti en 1615 en même temps que le palais du Luxembourg, pour recevoir quatre-vingt-quatre pouces d’eau, qui venoient du village de Rongis, en passant par le bel aqueduc d’Accueil. Cette eau étoit ensuite distribuée dans divers quartiers de la ville[5].


caserne des gardes françoises.


Cette caserne, construite pour une compagnie de ce régiment, étoit située dans la rue de Sèvre, au coin de celle de Saint-Romain.




BARRIÈRES.


Ce quartier est borné au midi par cinq barrières.

1o Barrière d’Enfer. 4o Barrière des Fourneaux.
2o — du Mont-Parnasse. 5o — de Sèvre.
3o — du Maine.

  1. Arch. de Saint-Germain.
  2. Jaillot, Quartier du Luxembourg.
  3. Il sert maintenant de dépôt au cabinet de minéralogie.
  4. C’est dans cet hôtel que se tiennent les séances du conseil de guerre de la première Division militaire.
  5. Cet édifice existe encore, et n’a point changé de destination.